#ChallengeAZ : P comme Pour la Révolution

Dans la famille LAIGNIER, Nicolas Jean Baptiste n’est pas le seul a avoir eu un rôle dans la Révolution: il y a également son frère plus jeune, Jean Philippe, révolutionnaire sous la Terreur, dont nous allons dresser le portrait aujourd’hui.

Signature de Jean Philippe LAIGNIER en 1780

Jean Philippe est le onzième enfant de la famille. Il est né juste après son frère Marie Valentin que nous avons vu hier pour la lettre O. La date de naissance de Jean Philippe n’est pas certaine: en effet, la date connue et partagée par plusieurs arbres en ligne est celle du 15 juin 1750, or elle pose problème puisque cela signifierai que Jean Philippe est né seulement six mois après son frère Marie Valentin ! Il est donc plus probable qu’il soit né à la fin de l’année 1750.

Tout comme ses frères plus âgés que lui, il bénéficie d’une certaine instruction et grandi dans un environnement plutôt favorable. En 1780, Jean Philippe a 29 ans et il reprend l’étude de son père à Château-Porcien en tant que notaire royal. Il épouse la même année Jeanne Jacqueline BOUCHER de SORBON, une jeune femme de 20 ans originaire de Neufchâtel-sur-Aisne (02), non loin de Château-Porcien. Celle-ci est comme lui issue d’une famille de notaires.

Le couple va avoir trois enfants en 1782, 1783 et 1785. Une dernière naissance aura lieu en mars 1796, mais Jean Philippe n’aura pas le temps de connaitre sa dernière fille comme nous le verrons un peu plus tard.

Portrait de Jean Philippe LAIGNIER (source: collection Chambon)

Assez rapidement, Jean Philippe va manifester un certain attrait pour la politique. Les troubles pré-révolutionnaire vont définitivement acter son engagement. Dès la fin des années 1780, il occupe des fonctions d’avocat à Herpy et Justine, deux petits villages des Ardennes. Il s’installe par ailleurs à Herpy après avoir quitté Château-Porcien.

Herpy sur les cartes de Cassini (source: Gallica)

Dans les années 1780, alors que la France compte près de 27 millions d’habitants, la colère gronde dans les campagnes. Les caisses de l’Etat sont vides et le Tiers-Etats est de plus en plus écrasé par les taxes et d’autres impôts, tandis que le clergé et la noblesse en restent exemptés. Face à la crise économique et sociale qui se profile, le Roi donne la parole au peuple à l’occasion de la tenue des Etats-Généraux. Des cahiers de doléances sont remplis dans chaque bourgade de France de février à avril 1789. Les élections pour les Etats-Généraux se déroulent à la même période: les hommes de plus de 25 ans sont appelés à élire deux députés par bailliage pour les représenter aux Etats-Généraux. C’est de cette façon qu’a été élu Nicolas Jean Baptiste LAIGNIER, le frère de Jean Philippe, comme nous l’avons vu dans un précédent article.

Ouverture des États généraux à Versailles, 5 mai 1789, Auguste Couder, 1839

Probablement que Jean Philippe va suivre de près et prendre part à toute cette agitation qui marque le début de l’année 1789.

Le 21 janvier 1793, le roi Louis XVI est guillotiné à Paris. La Révolution agite les monarchies européennes qui entrent en guerre contre la France. La Révolution agite également certains français qui y sont opposés. Face à cela, les révolutionnaires se radicalisent et ils créent un comité de salut public pour prendre les décisions politiques, militaires et économiques. Ils instituent également un tribunal révolutionnaire à Paris – qui s’étendra par la suite en province – ainsi que des comités de surveillance révolutionnaires, chargés de surveiller les étrangers et les suspects qui seraient hostiles à la Révolution. C’est la période dite de la Terreur. C’est dans ce cadre là que Jean Philippe, alors âgé de 43 ans, devient membre du comité révolutionnaire de Château-Porcien, renommé à cette période Château-sur-Aisne puis Marat-sur-Aisne. Chaque comité comporte 12 membres – parmi les révolutionnaires les plus engagés – qui agissent au sein d’une communes ou d’une section. Il existera plus de 20 000 comités révolutionnaires. Environ 17 000 personnes seront guillotinés, jugés en moins de 24h par les tribunaux révolutionnaires. Les suspects sont dénoncés, recherchés et arrêtés avant d’être emprisonnés en attendant leur procès. Les membres des comités révolutionnaires font également appliquer les lois révolutionnaires. Ils disparaitront sous le Directoire en 1795.

Intérieur d’un comité Révolutionnaire sous le régime de la Terreur, Pierre-Gabriel Berthault, 1802 (source: Gallica)

En tant que membre du comité révolutionnaire de Château-Porcien, Jean Philippe témoigne en faveur du terroriste Mogue lors de son procès en 1795. Nicolas Memmie MOGUE est un jacobin, vice président de la société populaire de Sedan et il oeuvre pour le comité de révolutionnaire de la ville. Malgré un idéal social fondé sur l’égalité, Mogue va se servir et abuser du pouvoir que lui octroie son action au sein du comité. Il est arrêté le 3 août 1794 et emprisonné au cachot de Sedan pour les motifs suivants:

  • usurpateur du titre de propagateur des droits de l’Homme
  • dénonciateur banal de tous les bons citoyens
  • ami et protégé de Carrier, Vadier, Robespierre
  • homme sans moralité
  • « le plus méchant, le plus scélérat, le plus fougueux des terroristes, et le plus grand recruteur de la guillotine« 

Entendu lors d’un procès qui va durer 34 jours, Jean Philippe LAIGNIER va témoigner en faveur de Mogue. Ces deux là se sont connus du temps où Mogue gravitait autour de Château-Porcien. Mogue sera jugé coupable de 14 chefs d’accusations. Condamné à la peine capitale, il est guillotiné le 14 juillet 1795 place de la Révolution à Mézières.

Fouquier-Thinville, jugé par le tribunal révolutionnaire, Pierre-Gabriel Berthault, 1795 (source: Paris musées collections)

Jean Philippe décèdera peu de temps près toute cette affaire. Il meurt dans des conditions que j’ignore le 1er avril 1796 à Neufchâtel-sur-Aisne, à l’âge de 45 ans, laissant trois jeunes enfants et un nourrisson de quelques semaines.

Pour aller plus loin:
- Correspondance de Nicolas-Memmie Mogue, terroriste ardennais, auteur des noyades et des fusillades en Vendée, 1901
- Dénoncer les conventionnels pendant la Terreur et la Réaction thermidorienne : des logiques et pratiques entre local et national, Jean-Baptiste Legoff, Dans Annales historiques de la Révolution française 2013/2

#ChallengeAZ : O comme On a un médecin

Parmi les fils de Jean Baptiste LAIGNIER qui ont laissé leur trace dans l’histoire locale, il y a Marie Valentin dont nous allons dresser le portrait aujourd’hui.

Signature de Marie Valentin LAIGNIER en 1780

Marie Valentin est né un 17 décembre 1749 à Château-Porcien. Il est le dixième enfant que met au monde sa mère Catherine MITTEAU, âgée de 39 ans au moment de sa naissance. La mortalité infantile a cependant frappé durement la famille LAIGNIER, et lorsque Marie Valentin nait, ils ne sont plus que cinq enfants encore en vie au sein du foyer.

Reims au XVIIIe siècle. L’université a été surlignée en jaune (source: Gallica)

Marie Valentin, comme ses frères, montre des facilités pour les apprentissages. Il intègre la faculté de médecine de Reims à la fin des années 1760. Cette faculté, fondée au milieu du XVIIe siècle, va avoir un certain rayonnement dans le royaume de France. Au XVIIIe siècle, la faculté de médecine a un fonctionnement bien différent de celle que l’on connait aujourd’hui. On y écoute des lectures et on commente les grands maîtres tel qu’Hippocrate. Des démonstrations anatomiques ont également lieu: celles-ci auront davantage d’importance dès 1785 puisque les futurs docteurs se verront passer un examen d’anatomie. Tous les cours se font en latin et une quinzaine de docteurs sont reçus chaque année.

Sceau de la faculté de médecine de Reims (source: BIU Descartes)

Marie Valentin apprend la médecine à un moment où elle connait un véritable tournant. Alors que jusqu’à la fin du XVIIe siècle la médecine repose essentiellement sur les théories élaborées durant la Grèce Antique, elle tend à rompre avec cette tradition grâce à l’avancée des découvertes en anatomie. En effet, on s’éloigne peu à peu de la théorie humorale, qui consiste à penser que la santé repose sur l’équilibre de quatre humeurs liquides (sang, lymphe, bile noire et bile jaune). Avec ces théories, les médecins de la fin du XVIIe siècle pratiquent lavements et saignées de façon à purger le corps de mauvais liquides. Avec de meilleures connaissances de l’anatomie humaine, les docteurs parviennent peu à peu à localiser les affections dans le corps humain. La médecine progresse et s’ouvre à de nouvelles connaissances.

Notre jeune futur médecin soutient sa thèse le 17 juin 1774 à l’âge de 24 ans. Celle ci s’intitule An a concursu molecularum organicarum utriusque sexus semini innatantium, conceptio? et est présidée par Robert FILLION, alors docteur régent de la faculté. Il soutient une seconde thèse, intitulée An recens natis necnon sanitati puerpearum venustatique conferat lactatio?, au sujet de l’hygiène de l’enfant: il y affirme que l’allaitement, en plus de donner la bonne santé au nourrisson, contribue également à la bonne santé de sa mère et à sa beauté. Son diplôme de docteur en médecine lui est remis le 4 décembre 1775 et Marie Valentin est reçu au Grand Ordinaire. Ce diplôme, qui requiert quatre années d’études et qui est l’un des trois diplômes délivrés par la faculté de médecine de Reims est le plus difficile. Il lui offre le privilège d’exercer à Reims. Enfin, ce diplôme va lui donner la qualité de Docteur-Régent et de faire de lui un professeur de la faculté.

L’homme à la seringue, Rizi, milieu du XVIIe (source: Musée du Louvre)

Marie Valentin va définitivement quitter sa famille et s’installer à Reims rue de la Hure. Sa soeur cadette de trois ans mois que lui, Louise Marie Françoise, va le rejoindre et vivre à ses côtés. Marie Valentin va se consacrer à sa vie de docteur: il ne va avoir ni femme ni enfant. En effet, en plus de son exercice de la médecine, sa qualité de Docteur-Régent et les fonctions qu’il va occuper à la faculté de médecine vont lui prendre une grande partie de son temps. Il va par exemple présider plusieurs thèses entre 1778 et 1783.

Par ailleurs, en tant que docteur régent de l’Université, Marie Valentin va être exempté de la taille ainsi que du logement des gens de guerre. De plus, avec ses confrères docteurs régents, il va être sollicité par la ville de Reims et conseiller sur les questions d’hygiène de la ville.

Louis Jérôme RAUSSIN, docteur régent et ami de Marie Valentin LAIGNIER (source: BNF)

La vie de Marie Valentin LAIGNIER sera riche mais courte: il décède précocement, à l’âge de 32 ans, le 20 novembre 1782. Son confrère et ami, le docteur régent Louis Raussin, dira au sujet de sa mort: « Ce pauvre garçon, malade depuis longtemps, avait des abcès fistuleux à la marge de l’anus. Mr Museux l’a opéré. Depuis la guérison du derrière, la poitrine a été de plus en plus mal, il est mort phtisique par je crois métastase. Il est au cimetière de St Hilaire contre les maisons au pied d »une croix vis-à-vis le rempart. Ma mère est à l’opposé. »

Sans postérité, il fera de sa soeur Louise Marie Françoise sa légataire universelle par son testament déposé 14 jours avant sa mort.

Quant à la faculté de médecine, elle compte huit docteurs-régents à la veille de la Révolution. En 1789, l’université est supprimée par décret de la Convention et les privilèges de ses docteurs sont abolis. La faculté survivra à nouveau quelques temps avec l’ouverture d’une école de médecine en 1808: sa fermeture se annoncée sept ans plus tard. L’université ouvrira ses portes à nouveau près d’un demi siècle plus tard, en 1957.

Pour aller plus loin:
- La fin de la Faculté de médecine de Reims, Octave Guelliot
- Les thèses de l'ancienne Faculté de médecine de Reims, Octave Guelliot

#ChallengeAZ : N comme Nouvelle contrée

Dans la famille LAIGNIER, je demande aujourd’hui le frère de mon ancêtre à la dixième génération, Nicolas Jean Baptiste LAIGNIER (1714-1793): j’ai nommé Jean Philippe LAIGNIER (c 1711-1783). Pourquoi évoquer spécifiquement ce membre de cette famille? Car Jean Philippe va être le seul de sa fratrie et de sa génération à quitter sa ville natale pour Caen, à plus de 400 kilomètres de Château-Porcien.

Plan de la ville de Caen à la fin du XVIIIe siècle par Etienne (source: Gallica)

Jean Philippe nait vers 1711 à Château-Porcien. Sa date de naissance n’est pas exactement connue, cependant son acte de décès et l’âge indiqué laisse penser qu’il est né vers 1711. Il est donc à priori le troisième enfant de Jean Baptiste et d’Antoinette MAILLART. Receveur des aides de Theniers, Bayeux et Caen, il vit dans la ville de Caen et plus précisément du côté de la paroisse Saint-Nicolas. Le 28 novembre 1767, il épouse à Ducy-Sainte-Marguerite – un bourg situé entre Bayeux et Caen – Anne Marie BATAILLE, de 26 ans sa cadette. A peine quatre mois plus tard nait le premier enfant du couple, Jean Auguste – très probablement mort peu de temps après en nourrice. En septembre 1772, Anne Marie BATAILLE donne naissance à une fille, Marie Adélaïde. La jeune femme n’y survivra pas puisqu’elle décède cinq jours plus tard à l’âge de 35 ans. Quant à Marie Adélaïde, elle décède également peu de temps après sa mère, âgée de seulement 8 jours. Jean Philippe, 62 ans, ne reste pas seul bien longtemps. Quatre mois plus tard, il épouse Marie Louis FOSSARD, 35 ans. Le couple n’aura pas d’enfants.

Signature de Jean Philippe LAIGNIER en 1773

Jean Philippe sera le seul de sa génération à avoir quitté ses Ardennes natales. Etait-il toujours en lien avec sa famille? L’histoire ne nous le dit pas. Il décède le 4 février 1783 à Caen, à l’âge de 72 ans, sans postérité. Malgré ce déplacement géographique, la famille LAIGNIER n’aura pas fait souche dans l’ouest de la France.

#ChallengeAZ : M comme Monsieur le Député

Nous l’avons vu hier, Nicolas Jean Baptiste est le septième fils du couple formé par Jean Baptiste LAIGNIER et Catherine MITTEAU. Celui ci va rejoindre la Grande Histoire en étant député du Tiers-Etats lors de la Révolution Française.

Nicolas Jean Baptiste nait le 30 novembre 1745 à Château-Porcien. Catherine, sa mère, met ce jour là au monde son septième garçon: il faudra attendre la huitième grossesse pour qu’elle donne naissance à une fille !

Signature de Nicolas Jean Baptiste LAIGNIER en 1801

Nicolas Jean Baptiste va prendre le même chemin que son père. Après avoir étudié le droit à Paris grâce au Chevalier de Salse, un ami de son père qui va l’héberger en son hôtel particulier, il devient notaire royal à Château-Porcien dès 1764. Dix ans plus tard, il suit son frère Jacques François à Montfort-l’Amaury, à une cinquante de kilomètre à l’ouest de la capitale, et s’installe plus précisément dans la ville actuelle du Tremblay sur Mauldre et devient avocat au parlement. Le 9 mai 1775, il épouse Marie Reine Madeleine GILBERT. Nicolas Jean Baptiste a 29 ans et sa jeune épouse 18.

Montfort-l’Amaury et Le Tremblay sur la carte de Cassini (source: Gallica)

Montfort L’Amaury par Mérian, XVIIe siècle

Dans le contrat de mariage passé à Paris un mois avant le mariage, le père de Nicolas, Jean Baptiste LAIGNIER, est indiqué comme étant Seigneur de Son, Avon et Givron.

Le couple va s’installer à Montfort et va avoir trois enfants:

  • Jean Baptiste, né en 1776 et décédé en 1781.
  • Reine, née en 1778.
  • Charles, né en 1780.

Parallèlement à sa vie de famille, Nicolas Jean Baptiste va occuper des fonctions de plus en plus importantes. En 1776, il est lieutenant particulier du bailliage de Montfort-l’Amaury. En mars 1778, il est nommé conseiller procureur du Roi en l’élection de Montfort-l’Amaury. Alors que la révolte gronde aux quatre coins du pays, Louis XVI convoque les Etats-Généraux. Le 28 mars 1789, Nicolas Jean Baptiste est élu député du Tiers-Etats au bailliage n°131 de l’élection de Montfort-l’Amaury au côté de quatre autres hommes.

Gravure de Nicolas Jean Baptiste LAIGNIER

Ces Etats-Généraux sont à nouveau très inégalitaires, puisque le clergé et la noblesse, qui représentent une toute petite part de la population française, ont à eux deux autant de députés que le Tiers-Etats. Finalement, des dissidences vont se créer lors des Etats-Généraux, et l’Assemblée Nationale dite Constituante voit le jour en juin 1789.

Estampe de la séance du 4 août 1789 par Charles Monnet (source: Gallica)

Nicolas Jean Baptiste va représenter le Tiers-Etats à l’Assemblée Nationale lors des Etats-Généraux jusqu’au 30 septembre 1791. Comme lui, les autres députés du Tiers-Etats sont issus de la bourgeoisie et, pour la grande majorité, ils sont avocats. Si Nicolas Jean Baptiste ne va pas marquer les esprits durant cette période, il va tout de même jouer son rôle de député et voter des réformes avec ses partisans. A cette même période, il vit entre Versailles et Paris, où il loge rue de Chartres-Saint-Honoré, chez M. d’Hérigny, agent général des fermes.

Alors que l’Assemblée Nationale Constituante prend fin le 30 septembre 1791 et qu’elle devient l’Assemblée Nationale Législative, des élections ont à nouveau lieu et Nicolas Jean Baptiste LAGNIER n’est pas réélu. Il retourne auprès des siens à Montfort-l’Amaury, exerce à nouveau son métier d’avocat puis occupe la fonction de maire de la ville en 1795.

Difficile de savoir ce qu’il s’est passé dans la vie de notre ancien député entre 1795 et la date de son décès en 1801 (et non pas en 1808 comme l’indique de nombreux sites et arbres en ligne !) à Montfort-l’Amaury. Lorsqu’il meurt à l’âge de 55 ans, il est qualifié comme étant assesseur du juge de paix. La famille LAIGNIER continuera à vivre à Montfort-L’Amaury durant plusieurs générations grâce aux enfants de son frère Jacques François, décédé à Montfort-L’Amaury en 1826. Encore aujourd’hui, les tombes avec le nom des enfants LAIGNIER sont visibles.

Sources:
- Le temps de l'invention (1789-1799) sur le site de l'Assemblée Nationale
- Fiche de Nicolas Jean Baptiste LAIGNIER sur le site de l'Assemblée Nationale

#ChallengeAZ : L comme Le troisième du nom

Pour ce premier article concernant les membres de la famille LAIGNIER, nous allons par l’un des plus connus: Jean Baptiste LAGNIER (1706-1780). Il s’agit du frère aîné de mon ancêtre Nicolas Jean Baptiste, né huit ans après lui.

Signature de Jean Baptiste LAIGNIER en 1773

Né le 11 novembre 1708 à Château-Porcien, Jean Baptiste est le premier enfant de Jean Baptiste LAIGNIER, né en 1682 et âgé de 24 ans au moment de sa naissance, et d’Antoinette MAILLART, 21 ans. Tout deux son issus de familles bourgeoises, implantées dans la région depuis plusieurs générations et dont les membres occupent des fonctions de notaire royal. Certains possèdent également des seigneuries.

Notre Jean Baptiste LAIGNIER de ce jour est le troisième du prénom. Avant lui il y a eu son père et son grand-père.

Jean Baptiste va avoir pas moins de 10 frères et soeur – on s’attardera sur certains d’entres eux au cours de ce challenge. Comme son père, Jean Baptiste se destine à prendre des fonctions notariales au sein de sa ville. En 1728, on le retrouve notaire royal à Château-Porcien après avoir repris l’étude de Maitre Mangin. Il va faire rapidement fortune et acheter des terres: c’est par ce moyen qu’il va devenir Seigneur en partie de Son, Adon et Givron. Au sein de la ville, il occupe la fonction de lieutenant au maire et il sera à la fin de sa vie nommé procureur au baillage de Château-Porcien.

Situation géographique de Château-Porcien, Son, Adon et Givron sur la carte de Cassini. (source: Gallica)

En 1754, Catherine MITTEAU décède à l’âge de seulement 44 ans, après avoir mis au monde douze enfants – la dernière étant née deux ans auparavant. Jean Baptiste se remarie cinq ans plus tard: il épouse une jeune paysanne de 19 ans, Marie Simonne MEZY, originaire de Nanteuil, où Jean Baptiste est possède quelques terres. Ce mariage va susciter l’opposition de ses fils, qui y voient là une spoliation de l’héritage familial. Aucun ne sera présent au mariage. Seul son fils François Christophe, curé de Nanteuil, ne manifestera pas d’hostilité envers son père. C’est probablement pour cette raison qu’il sera favorisé et doté en terres au moment de la succession.

De ce mariage naitra trois filles.

Jean Baptiste décède le 26 mai 1780, probablement à Château-Porcien, après y avoir occupé durant deux ans les fonctions de syndic et de procureur de la ville et y avoir placé différents membres de sa famille pour occuper différentes charges.

Parmi les douze enfants du couple formé par Jean Baptiste et Catherine MITTEAU, six atteindrons l’âge adulte:

  • François Christophe (1737-1802), l’abbé Laignier, curé de Nanteuil dont il était question un peu plus haut et que nous avons rencontré lors d’un article du ChallengeAZ 2019.
  • Jacques François (1742-1826), avocat au parlement et conseiller du roi. Il sera le premier à quitter l’Est natal pour le bassin parisien et plus précisément pour Montfort l’Amaury. Il y épousera Marie Louise Ursule DE PICTRES, avec laquelle il aura quatre filles.
  • Nicolas Jean Baptiste (1745-1801) dont nous allons évoquer le parcours plus en détail demain pour la lettre M.
  • Marie Jeanne (1747-?), qui va épouser André DESLEGLAND, notaire de Château-Porcien.
  • Marie Valentin (1749-1782), docteur et régent de la faculté de médecine de Reims. Il consacrera sa courte vie à la médecine et à son enseignement et fera lui aussi l’objet d’un article ce mois-ci.
  • Louise Marie Françoise (1752-1836). Célibataire, elle vivra avec son frère Marie Valentin à Reims, rue de la Hure, jusqu’au décès prématuré de ce dernier.
  • Marie Jeanne Antoinette (1760-?), épouse de Pierre Louis DE MANVIEU, ayant probablement vécu à Château-Porcien.

Demain, nous évoquerons le parcours de Nicolas Jean Baptiste, député du Tiers-Etats.

#ChallengeAZ : K comme Kyrielle d’articles

Nouvelle semaine, nouvelle famille! Et parmi les familles notables qui offrent de la matière à mes recherches et qui prennent leur racines dans le Grand Est, il y a la famille LAIGNIER.

Je m’accroche à cette branche grâce à Marie Magdelaine LAIGNIER (1758-1826), mon ancêtre à la neuvième génération, épouse de Marie Barthélémy PIERD’HOUY DUSAUSSY. C’est grâce à son acte de décès du 12 février 1826 à Beaurieux (02) que je mets un nom sur ses parents: Nicolas LAIGNIER, notaire royal, et Catherine DESTABLES.

Extrait de l’acte de décès de Marie Magdelaine LAIGNIER, où les parents sont mentionnés. (source: AD02)

La famille LAIGNIER est originaire de Château-Porcien et à nouveau, je me confronte à l’absence de sources… mais c’était sans compter sur les descendants de cette famille, dont une femme qui au début du XXe siècle – soit avant la guerre et la destruction des archives – s’était mise à la recherche de ses ancêtres dans les registres aujourd’hui disparus ! C’est de cette façon que les informations concernant cette famille sont nombreuses malgré la région où celle-ci a évolué et c’est surtout grâce à la mise à disposition des archives familiales par ses descendants encore en vie qu’elles sont accessibles.

Pour couronner le tout, Dominique de la Barre de Raillicourt, historien de la région, à fait une monographie de cette famille de notables ardennaise. C’est parti pour une série d’articles concernant ses membres les plus connus. Je vous donne rendez-vous demain !

Marie Magdelaine LAIGNIER
2. Marie Sophie PIERD'HOUY DUSAUSSY
3. Marie Barthélémy Victor COUTIER
4. Ludovic COUTIER
5. Louis COUTIER
6. Anne Marie COUTIER
7. Ma grand-mère maternelle
8. maman
9. moi

#ChallengeAZ : J comme Jadis seigneurs de Taizy

Nouvelle branche au dessus Marie Barthélémy PIERD’HOUY DU SAUSSY: la branche de la famille DELAPIERRE. Cette lignée est celle de sa mère, Marie Claude DELAPIERRE. Au moment de son mariage avec Jean Nicolas PIERD’HOUY le 8 avril 1739 à Charleville, Marie Claude DELAPIERRE est dite « dame de Taizy en partie ». Mais alors qui sont les DELAPIERRE?

Acte de mariage de Jean Nicolas PIERD’HOUY et Marie Claude DELAPIERRE du 8 avril 1739, qui précise le nom des parents de cette dernière ainsi que « dame de Thaizy » (source: AD08)

De Marie Claude, je ne sais pas grand-chose. Si elle s’est mariée à Charleville et y a vécu durant plusieurs années – elle y donne naissance à ses sept enfants identifiés – elle est probablement décédée à Château-Porcien, tout comme son époux. Pourquoi Château-Porcien? C’est là bas que va s’installer son fils après son mariage avec une jeune femme originaire de ce bourg, Marie Magdelaine LAIGNIER – famille que nous évoquerons au cours d’une série d’article dès lundi.

Signature de Marie Claude DELAPIERRE au moment de son mariage.

J’ignore en revanche où est née Marie Claude. Son acte de mariage me renseigne sur le nom de ses parents: Nicolas DELAPIERRE (décédé au moment du mariage de 1739 et dit « en son vivant seigneur en partie de Taizy ») et Marguerite MANTEAU. En faisant des recherches à partir de ces deux noms, je mets la main sur leur propre mariage le 12 juin 1691 à Blanzy-la-Salonnaise et je vais pouvoir identifier plusieurs enfants du couple – un certain nombre était déjà présents en tant que témoins au mariage de 1739.

Situation géographique de Blanzy, Château-Porcien, Taizy et Rethel sur la carte de Cassini, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Charleville (source: Gallica)

Les informations que je vais trouver et recouper vont me laisser penser que la famille DELAPIERRE est originaire de Château-Porcien: cela expliquerait pourquoi j’ai du mal à retrouver les actes relatifs à cette famille. Pour rappel, les archives de Château-Porcien ont en grande partie disparu lors de la guerre de 14-18 et il y est très difficile de faire des recherches avant 1845.

Et Taizy dans tout ça?

Taizy est un minuscule village au Sud de Château Porcien dont il est séparé par l’Aisne. Longtemps sous l’égide de la famille PAISANT, les terres de Taizy sont dominées par la famille ROBIN puis par la famille DE LAPIERRE au XVIIIe siècle, à la veille de la révolution. Ainsi on y retrouve Nicolas DELAPIERRE, père de Marie Claude, seigneur de Taizy en 1724. C’est de cette façon qu’elle et son père Nicolas ont été « dame » et « seigneur de Taizy ». La seigneurie passera un temps dans la famille PIERD’HOUY et elle appartiendra en particulier à Marie Barthélémi PIERD’HOUY, fils survivant de notre couple de ce jour, Jean Nicolas PIERD’HOUY et Marie Claude DELAPIERRE.

La seigneurie disparaitra avec toutes les autres lors de la révolution française, et Taizy deviendra un petit village du département des Ardennes dès 1790.

Taizy aujourd’hui (source: Streetview)

Sources:
- Notes sur les familles Robin et de Lapierre : seigneurs de Taizy au XVIIIme siècle, Baudon, 1899, Revue d'Ardenne et d'Argonne
- Les transformations de la seigneurie en France entre 1600 et 1789, Jean Gallet, 1999
Marie Claude DELAPIERRE
2. Marie Barthélémy PIERD'HOUY DU SAUSSY
3. Marie Sophie PIERD'HOUY DUSAUSSY
4. Marie Barthélémy Victor COUTIER
5. Ludovic COUTIER
6. Louis COUTIER
7. Anne Marie COUTIER
8. Ma grand-mère maternelle
9. maman
10. moi



#ChallengeAZ : I comme Important pour la ville

Parmi l’arborescence de branches qui partent de Marie Barthélémy PIERD’HOUY DU SAUSSY (1751-1820), j’ai la branche DELAMOTTE. Cette branche n’est à priori pas noble non; en revanche, c’est au détour d’un acte que j’ai découvert que l’un de ses membres, mon ancêtre à la douzième génération, Nicolas (DE)LAMOTTE, avait occupé des fonctions notables en la ville de Charleville.

En effet, Nicolas a été directeur de la ville de Charleville au début du XVIIIe siècle. A cette époque, Charleville est une ville autonome et dissociée de Mézières, et se situe au Nord de la Meuse. Ville nouvelle, Charles III, duc de Nevers et de Rethel, également nommé Charles de Gonzagues, créé la cité de Charleville, capitale de la principauté d’Arches. C’est tout naturellement que le nom de Charleville a été choisi par son créateur. Son emplacement est choisi dans la boucle de la Meuse, au nord de la citadelle de Mézières, ville de garnison. La création de cette ville pourrait permettre de développer le commerce plus au Nord: aucune grande ville ne se démarque vraiment en Champagne à ce moment là.

Charleville et Mézières au début du XVIIIe siècle (source: AD08)

Les constructions sortent de terre dès 1608, organisées en quatre quartiers, et arrivent les premiers habitants à cette même période. Un règlement de 1624 défini le fonctionnement de l’administration de Charleville, qui compte un consul et quatre directeurs élus par les habitants tous les deux ans. Les fortifications de la ville seront dressées jusqu’en 1686 et Charleville sera intégrée au royaume de France en 1700.

La ville se peuple rapidement, et pour cause, Charles III offre tout un tas de privilèges et de droits à qui viendra s’installer dans sa ville, qui d’atteint les 4000 habitants au début du XVIIIe siècle. C’est probablement dans ce contexte là que s’installe à Charleville la famille DELAMOTTE.

Signature de Nicolas DELAMOTTE en 1685

Nicolas DELAMOTTE s’est marié avant 1668 avec Louise MARTINET, probablement à Rethel (pour rappel les archives de Rethel ont été détruites). Le couple va avoir au moins 4 enfants, jusqu’au décès de Louise, entre 1679 et 1685. Le 20 février 1685, Nicolas épouse Marie Beaurin, mon ancêtre, en la paroisse Saint-Rémi de Charleville. Il lui donnera au moins 2 enfants, dont Marie Catherine DELAMOTTE, future épouse de Charles PIERD’HOUY.

A ce stade de mes recherches, je ne connais rien de la famille DELAMOTTE et j’ignore d’où ils sont originaires. Nicolas a donc été élu directeur de la ville de Charlville à la fin du XVIIe siècle, puis il occupera la fonction de syndic. Il y décède le 14 mars 1701.

Ressources:
- Notice historique sur le canton de Charleville
- « Les ménages de Charleville aux xviiie-xixe siècles », Stéphane Minvielle, 2013 
Nicolas DELAMOTTE
2. Marie Catherine DELAMOTTE
3. Jean Nicolas PIERD'HOUY
4. Marie Barthélémi PIERD'HOUY DUSAUSSY et Maire Magdelaine LAIGNIER
5. Marie Sophie PIERD'HOUY DUSAUSSY
6. Marie Barthélémy Victor COUTIER
7. Ludovic COUTIER
8. Louis COUTIER
9. Anne Marie COUTIER
10. Ma grand-mère maternelle
11. maman
12. moi

#ChallengeAZ : H comme l’Histoire à une fin

Le patronyme PIERD’HOUY semble avoir complètement disparu aujourd’hui. En effet, au XVIIIe siècle, malgré le nombre important d’enfants à la suite de chaque mariage, nombreux sont les descendants PIERD’HOUY – hommes – qui sont morts sans postérité. Cependant, à part la branche partie vivre en Italie, il y en a une autre qui va traverser le XIXe siècle et s’éteindre à la fin de celui-ci. Il s’agit de la branche PIERD’HOUY de Paris. Faisons le point.

Reprenons avec mon ancêtre Charles PIERD’HOUY (1676-1747), qui est, comme nous l’avons vu, à ce jour le seul garçon connu du couple formé par Jean PERD’HOUY (v. 1643-1686) et de Marie LOUIS (v 1646->1710).

Signature de Jean PIERD’HOUY en 1666

Charles a eu pas moins de 11 enfants avec sa femme Marie Catherine DELAMOTTE. Cependant, nombreux sont, semble-t-il, décédés avant d’avoir atteint l’âge adulte, et d’autres n’ont pas eu de postérité malgré quelques mariages. Seuls deux des enfants de Charles et Marie Catherine vont avoir une descendance: mon ancêtre Jean Nicolas et son frère David Rémy.

Parmi les 8 enfants identifiés que va avoir mon ancêtre Jean Nicolas, aucun d’eux ne va donner naissance à des garçons et donc transmettre et faire perdurer le nom PIERD’HOUY. En revanche, cela va être le cas du côté de David Rémy, son frère cadet.

Signature de David Rémy PIERD’HOUY en 1776

David Rémy est né en 1727 à Charleville-Mézière. Contrairement à ses frères, il ne va pas occuper de charges pour la ville ou pour le Roi: il est marchand quand il épouse Marie Jeanne MOIGNON en 1754. Le couple bat a un joli record puisqu’il va avoir pas moins de 16 enfants que j’ai identifié.

David Rémy et sa femme vont vivre à Châlons-sur-Marne, à une cinquantaine de kilomètres au Sud de Charleville. Ils vont marier trois de leurs enfants, et c’est là que le jeu de piste commence: aucun ne va se marier à Châlons !

Châlons-sur-Marne au XVIIIe siècle (source: CMBV)

Si on étudie les choses chronologiquement, le premier mariage est celui du fils aîné de la famille, Charles Artus (1755-1788), à Orvault près de Nantes, en 1783, avec Françoise BESSON DE BEAULIEU. Viennent ensuite la même année en 1793, les mariages de Victor Memmie (1758-1828), troisième enfant et fils du couple, avec Marguerite WILLESME, à Épernay, puis d’Euphrasie (1763-1854) qui épouse François RENARD à Paris. Enfin, un dernier mariage a lieu mais nous ne nous attarderons pas dessus: il a s’agit de celui de Ferdinand Léopold (1767-1845) en 1817, qui a fait souche à Milan et que l’on a déjà vu au début de ce Challenge.

Concernant Victor Memmie et Charles Artus, ce sont très probablement leurs fonctions qui les ont emmenés à vivre loin du domicile familiale et à se marier dans d’autres contrées (bien qu’Epernay ne soit pas si éloigné de Châlons-sur-Marne). En effet, Victor Memmie est au moment de son mariage employé des aides au bureau des aides, tandis que Charles Artus est contrôleur général du domaine du bois du Roi dans la province de Bretagne.

Gravure d’Epernay du XVIIe siècle (source: Médiathèque d’Epernay)

Rue de Caumartin par Charles Marville vers 1866

Si la plupart des membres de la famille PIERDHOUY se retrouve éparpillée, ils semblent cependant se retrouver sur la capitale. En effet, après le mariage d’Euphrasie, on va retrouver plusieurs enfants et petits enfants PIERD’HOUY à Paris. Tout d’abord, et avant même le mariage, on retrouve Euphrasie en 1789, habitant au 17 rue de Caumartin, où elle tient un magasin. Elle est marchande lingère et sa boutique s’appelle « A la Providence »: elle y vend des toiles, des mousselines, de la dentelle, des étoffes etc. Après son mariage du 29 novembre 1793 (mariage qui a lieu en présence de ses frères Ferdinand Léopold et Alexandre Cerbonnet, ainsi que son père, tous vivants en dehors de Paris mais ayant fait le déplacement pour l’occasion, seule sa sœur Eléonore Sophie également présente vit déjà dans la capitale), on la retrouve vivant au début des années 1810 rue de Caumartin, au numéro 12. Son mari, François RENARD, est libraire. Il décède à cette adresse le 22 août 1818 à l’âge de 63 ans. Le couple n’a pas eu d’enfants. Cependant, ils ne vivaient pas seuls: en effet, on retrouve David Rémy, père d’Euphrasie, vivant au domicile des époux RENARD en 1813, ainsi que Marie Rosalie PIERDHOUY (1796-1883), fille de Victor Memmie. Cette dernière est née à Metz en 1796, et a rejoins sa tante à Paris rue Caumartin à une date que j’ignore. Elle épouse en 1813 Charles Marie RIDAN, un papetier qu’elle a très probablement rencontré par l’intermédiaire de son oncle François RENARD, notre libraire. Son père Victor Memmie vivra également un temps sur Paris.

Auguste Léopold PIERD’HOUY (1776-1804), frère cadet d’Euphrasie, militaire – sans que je n’ai plus de renseignements sur sa carrière – décède en 1804 à Châlons-sur-Marne. Sur son acte de naissance, il est indiqué qu’il vivait à Paris. Je ne l’ai pas retrouvé dans les tables de successions et absences parisienne et n’ai donc pas identifié son domicile, mais peut-être vivait-il lui aussi chez sa soeur?

Enfin, on retrouve également à cette même adresse Jérôme Maurice PIERD’HOUY (1787-1872), fils de Charles Artus – notre PIERDHOUY parti vivre à Nantes – et neveu d’Euphrasie. Jérôme Maurice va lui aussi vivre quelques temps chez sa tante avant de se marier en 1828. Débitant de tabac, il ira s’installer au 8 Quai de l’Ecole, quai aujourd’hui disparu qui se trouvait dans le prolongement ouest du Quai de la Mégisserie.

Quai de l’Ecole et de la Mégisserie par Charles Marville, milieu du XIXe siècle

Résumons donc où en sont nos PIERD’HOUY dans cette première partie du XIXe siècle:

Enfants et petits enfants de David Rémy PIERD’HOUY. Les individus surlignés en jaune sont ceux étant partis un temps – ou toute leur vie – sur Paris

Au total, sur l’ensemble du XIXe siècle, nous avons huit membres de la famille PIERD’HOUY, appartenant à deux générations différentes, vivants sur la capitale:

Descendants de David Rémy ayant vécu à Paris

Signature d’Euphrasie PIERD’HOUY en 1793

Euphrasie, probablement la première arrivée sur la capitale, est marchande lingère à Paris dès 1789 où elle vit rue de Caumartin. Sa sœur cadette Eléonore Sophie vit à cette même adresse en 1793 – l’a t-elle rejoint entre 1789 et 1793 ou sont-elles venues ensemble? Elle épouse de François Silvain RENARD, libraire et parisien, en 1793: tous deux s’unissent selon les règles de la coutume de Paris. On la retrouve veuve à l’âge de 55 ans en 1818. Elle va par la suite poursuivre l’activité de son mari, libraire, et éditer plusieurs ouvrages.

Les enfans du vieux château, ouvrage destiné à l’instruction et à l’amusement de la jeunesse, 1826, édité chez Mme Veuve Renard, libraire, rue Caumartin n°12 (source: eBay)

Elle décède à Châlons sur Marne le 13 mai 1854, cette ville dans laquelle elle est née et où elle vit au moment de son décès rue Saint-Antoine chez sa nièce Emilie (1793-1858), à l’âge de 90 ans.

Victor Memmie PIERD’HOUY va vivre quant à lui un temps sur la capitale au 16 rue de l’Université. Receveur des contributions indirectes, il va se déplacer dans de nombreuses villes et finir la fin de sa vie dans la Marne.

Signature de Victor Memmie PIERD’HOUY en 1793

Signature d’Eleonore Sophie PIERD’HOUY en 1793

Eléonore Sophie PIERD’HOUY, sœur cadette d’Euphrasie. Je n’ai aucun élément sur sa vie, je sais seulement qu’elle est décédée célibataire rue Bertin Poirée – à deux pas du Quai des Ecoles – en 1836 à l’âge de 64 ans et qu’elle est enterrée au cimetière de Montmartre. Elle vivait dès 1793 à Paris et était présente au mariage de sa sœur Euphrasie avec laquelle elle semble vivre à cette période.

– De la même façon que son frère Victor Memmie, Ferdinand Léopold, notre PIERD’HOUY parti faire souche en Italie, va dans un premier temps faire un passage par Paris où il va vivre en 1817 rue Neuve des Mathurins.

Signature de Ferdinand Léopold PIERD’HOUY en 1793

Auguste PIERD’HOUY est le dernier de la fratrie que j’ai identifié grâce à son acte de décès à Châlons en 1804. Celui-ci mentionne qu’Auguste, ancien militaire, est domicilié à Paris – sans plus d’informations. Je suis toujours à la recherche d’éléments sur son parcours.

Acte de décès d’Auguste PIERD’HOUY du 7 novembre 1804 à Châlons-sur-Marne (source: AD51)

Jérome Maurice est le neveu d’Euphrasie, fils de Charles Artus. Né à Nantes le 13 novembre 1787, on le retrouve à Paris où il se marie en 1828 – il vit à ce moment là chez sa tante -, paroisse Saint-Roch, avec Marie Claudine LEFEBVRE DE SAINT-MARTIN. Comme nous l’avons vu un peu plus haut, Jérôme va vivre un temps au n°8 Quai de l’Ecole au dessus de son débit de tabac et de boissons où il vend des liqueurs. Après le décès de sa femme dans les années 1860, il va partir pour le 13ème arrondissement avec sa fille et s’installer Avenue de Choisy, au 161, où il décède en 1872. La photo de Charles Marville du Quai de l’Ecole met en évidence un débit de tabac situé au n°8. La photo a été prise au milieu du XIXe siècle, et il est possible que ce soit au moment où Jérôme Maurice y travaillait encore.

Zoom sur le débit de tabac du 8 Quai de l’Ecole photographié par Marville au milieu du XIXe siècle

Marie Rosalie est la deuxième fille de Victor Memmie. Née en 1796 à Metz, elle épouse Charles Marie RIDAN, papetier, à Paris en 1813 alors qu’elle vit chez sa tante Euphrasie rue de Caumartin. Le couple aura un fils, Silvain Joseph RIDAN, libraire, sans postérité. Marie Rosalie décède en 1883 au 42 rue de Bruxelles dans le 9ème arrondissement.

Signature de Marie Rosalie PIERD’HOUY en 1836

Euphrasie PIERDHOUY, fille unique de Jérôme Maurice, est née en 1829 à Paris. Mariée deux fois, elle décède dans le 13e arrondissement de la capitale en 1898, sans postérité. C’est probablement la dernière des PIERDHOUY connue à vivre sur Paris.

Les PIERD’HOUY partis vivre à Paris sont très certainement les derniers porteurs du nom. Celui-ci va s’éteindre à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, il semble que ce nom ait complètement disparu et que plus personne ne le porte en France.

#ChallengeAZ : G comme Grande alliance

Si les PIERD’HOUY n’appartiennent pas à la noblesse, certains membres de cette famille n’ont pas manqué de s’en rapprocher au plus près par le jeu des alliances. Pour cela, ils leur restaient donc une possibilité: le mariage.

C’est ce qu’a fait Jeanne Elisabeth Aure PIERD’HOUY (1755-1782), l’une des filles de mon ancêtre Jean Nicolas dont nous avons évoqué la maison située à Charleville hier. Pour rappel, Jean Nicolas, avocat au parlement, a occupé la fonction de secrétaire du Grand Maître des Eaux et des Forêts du département de Metz et des frontières de Champagne, Edmond COULON. Avec sa femme Marie Claude DELAPIERRE, Jean Nicolas va avoir au moins 8 enfants.

La mortalité infantile va frapper la famille de Jean Nicolas puisque comme nous pouvons le voir ci-dessus, sur les 8 enfants identifiés, 3 vont décéder en bas-âge. Je perds également la trace de deux autres enfants, Jean Baptiste Elizabeth (qui est encore en vie en 1755) et Jean Marie Anne, ce qui me laisse penser qu’ils sont décédés sans postérité et probablement jeunes. Enfin, il reste d’une part mon ancêtre Marie Barthélémi, qui, après avoir vécu un temps à Château-Porcien, partira pour l’Aisne, et d’autre part une certaine Catherine sur laquelle je ne possède aucune information (si ce n’est qu’elle apparait au détour d’un acte et qu’elle a épousé un M. COCQUERELLE). Il reste enfin Jeanne Elisabeth Aure, qui est l’objet de notre article aujourd’hui et dont je possède un magnifique portrait.

Jeanne Elisabeth Aure PIERD’HOUY par le peintre ardennais Jacques WILBAULT

Jeanne Elisabeth Aure a 24 ans lorsqu’elle épouse à Ambonnay, situé dans le diocèse de Reims, Aubin VIDAL DE LA FOREST, Garde du corps du Roi, de 18 ans son aîné.

La famille VIDAL est originaire du Périgord, et plus précisément du côté de Périgueux. Le père, Claude, est avocat et consul de la ville de Périgueux. Avec sa femme Marguerite LAMY, il va avoir 9 enfants – dont 8 garçons! Trois d’entre eux vont intégrer la Garde du Roi sous Louis XV.

Vue sur un quartier de Périgueux par Eugène Argenvas, XVIIIe siècle

Signature d’Aubin VIDAL en 1779

Le premier à intégrer la Garde du Roi est donc notre Aubin VIDAL qui va se faire appeler VIDAL DE LA FOREST. Né en 1737, il est recruté comme Garde du corps du Roi Louis XV à l’âge de 25 ans grâce à un officier, le 29 août 1762. A la période où Aubin intègre ce corps si spécifique, on compte environ 1500 Gardes du corps du Roi, répartis dans plusieurs compagnies. La noblesse n’est pas tellement représentée en ses rangs puisque la grande majorité de ces hommes sont des roturiers. Seuls les officiers doivent appartenir à la noblesse. A partir de 1775, tous devront être nobles.

Garde du Corps du Roi sous Louis XV (source: RMN)

Aubin va coopter son frère Jean Jacques Alexis VIDAL DU MAINE (1745-1831) qui cooptera à son tour le petit dernier de la famille, Pierre Marie Joachim VIDAL DUCLAUD (1746-1821). Les gardes du corps interviennent au plus près du Roi et de sa famille et veillent sur sa sécurité en son palais de façon quotidienne. Bien que la plupart sont roturiers comme nous l’avons vu plus haut, ils bénéficient cependant des privilèges de la noblesse tout le temps qu’ils occupent cette charge. Enfin, ils sont logés à Versailles, et ont des garnisons à Saint-Germain, Chartres et Beauvais.

Si le rang de noblesse (les VIDAL sont qualifiés « d’écuyer » sur les actes) est « confirmé » par l’Armorial de Noblesse du Périgord d’Alfred de Froidefond de Boulazac en 1891, je n’ai pour le moment pas réussi à faire le lien avec les membres illustres de la famille VIDAL. Cependant, je retrouve bien les descendants de la famille VIDAL mentionnés dans l’Armorial au détour des actes concernants « mes » VIDAL. Peut-être ces familles sont liées, où alors les qualifications qu’employaient les VIDAL étaient dues aux privilèges de la noblesse qui leur étaient échus de part leur fonction auprès du Roi.

Blason de la famille VIDAL

Le mariage entre Aubin VIDAL et Jeanne Elisabeth Aure PIERDHOUY est célébré le 31 août 1779 à Ambonnay, non loin de Châlons-sur-Marne. Aubin VIDAL y est en garnison dans au sein de la Compagnie de Villeroy, unité appartenant à la 3ème compagnie des Gardes du corps du Roi. Ensemble, Aubin et Jeanne Elisabeth Aure vont avoir deux filles. Malheureusement, Jeanne Elisabeth Aure ne va pas survivre au deuxième accouchement: elle décède quelques jours après, en janvier 1782, à l’âge de 26 ans.

Si je perds la trace d’Aubin et sa fille durant les années 1780, je les retrouve lors de la Révolution. Aubin, voyant le vent tourner – constat partagé par la plupart des membres de la famille VIDAL -, va quitter rapidement le pays. En effet, il part pour l’Allemagne en mars 1792. Il y décède deux mois plus tard, le 4 juin 1792, à Wiesbaden. Seulement voilà, Aubin a quitté le pays et en tant qu’émigré, ses biens ont été mis sous séquestre: passé les années de la Révolution, ses filles demandent la levée des séquestres en 1801. Elles justifient alors que leur père n’a pas fuit à cause des évènements révolutionnaires, non: il est parti très malade afin de se faire soigner en Allemagne et profiter des eaux thermales de Wiesbaden. Pour argumenter cela, elles fournissent des justificatifs attestant d’une maladie chronique dont leur père souffrait, le tout appuyé par le chirurgien de la compagnie de Villeroy – dans laquelle, pour rappel Aubin exerçait ses fonctions – et demandent à ce que leur père soit rayé de la liste des émigrés de la Révolution.

Extrait des pièces du dossier concernant la levé des séquestres d’Aubin VIDAL, F/7/53000 (source: CARAN)

Les pièces du dossier sont un véritable plaidoyer pour laver l’honneur d’Aubin et le blanchir de toutes intentions contre-révolutionnaire. Les termes sont forts (« injustice évidente »), et le choix des eaux thermales allemandes plutôt que française est justifié par la proximité d’une paroisse et de la présence d’une belle soeur dans cette ville…

Concernant cet épisode de la Révolution, ils seront environ 150 000 français à fuir la France. Opposés aux idées révolutionnaires et partisans de la monarchie, ils s’installent en Allemagne, aux Pays-Bas (à cette époque les Provinces Unies), en Grande Bretagne ou encore en Sardaigne. Certains vont s’engager et servir dans l’armée des émigrés pour combattre leur propre pays. Des mesures sont prises contre ceux qui sont qualifiés de traitres à la patrie: radiation des rentes et des pensions, confiscation des biens de tout ceux absents au 1er avril 1792 (mesure qui va également s’étendre aux familles des émigrés), bannissement du territoire de la République et condamnation à la peine de mort en cas de retour.. L’arrivée de Napoléon au pouvoir va favoriser le retour des émigrés. Les décrets des mesures contre les émigrés sont supprimés et en 1800, un décret permet aux émigrés qui avaient été radiés de revenir en France sans être inquietés.

La fête de l’Unité sur la place de la Concorde, 23 Thermidor, an I (10 août 1793), Pierre-Antoine Demachy (source: Paris Musées Collections)

Enfin, l’histoire ne nous dit pas si la demande des soeurs VIDAL a été acceptée ou non – ou du moins le dossier que j’ai en ma possession ne le dit pas. Quoiqu’il en soit, les trois frères VIDAL gardes du corps du Roi quitteront la France durant la Révolution. L’histoire ne nous dira pas non plus qu’elles étaient les réelles intentions d’Aubin !

Sources:
- La Compagnie écossaise des gardes du corps du roi au XVIIIème siècle : recrutement et carrières, J-F. Labourdette, dans Histoire, économie & société, 1984