Parmi les familles qui gravitent autour de la famille PLET, j’ai rapidement trouvé un lien avec l’illustre famille de peintres, les JOUVENET. En effet, de part le mariage entre Charlotte PLET, soeur de mon ancêtre Marie Mathurine, et Jean LE VIEIL, la famille PLET devient alliée à celle des JOUVENET: Jean LE VIEIL cousine avec le peintre renommé Jean JOUVENET dit Le Grand.
Si vous n’avez jamais entendu le nom de Jean JOUVENET, vous avez en revanche surement déjà vu une de ses décorations et autres peintures, que ce soit dans un grand musée, un château, ou lors de vos recherches sur internet…
Jean Baptiste – de son vrai prénom – JOUVENET est né à Rouen en 1644 où il a été baptisé Paroisse Saint-Lô (paroisse d’où sont originaires les Jouvenet). Il va être l’un des plus grands peintres de son temps et de l’Ecole Française. Fils du peintre Laurent JOUVENET, lui même formé par Nicolas Poussin, il apprend la peinture auprès de son père. Après avoir été reconnu comme peintre de Rouen en 1658, il gagne la capitale en 1661, à l’âge de 17 ans, et fait ses études à l’Académie Royale. Il rejoint l’atelier des décorateurs des Bâtiments Royaux de Charles Le Brun, décorateur et premier peintre du roi Louis XIV. Avec lui, il va faire ses premiers pas pour la cour en réalisant la décoration d’intérieur de résidences royales commandées par le roi: les Tuileries, le château de Saint-Germain-en-Laye ou encore Versailles.
Plafonds, galeries, peintures murales: Jean JOUVENET, qui habille les intérieurs et voit la peinture en grand, fait très rapidement preuve d’un certain talent, et devient le favori de Charles Le Brun. En ce qui concerne le château de Versailles, il décore entre autre les plafonds du Salon de Mars en 1672, le Grand Trianon en 1688 ainsi que la voute de la Chapelle Royale presque 20 ans plus tard. En 1675, il devient membre de l’Académie de peinture. Après la mort de son maître Charles Le Brun en 1690, il devient peintre officiel de la cour et s’oriente davantage vers la peinture religieuse. En 1694, il est chargé de peindre le plafond de la Grande Chambre du parlement de Bretagne à Rennes. Malgré l’incendie qui ravagera le toit du parlement 200 ans plus tard, ses peintures vont être sauvées et restaurées.
Plafond de la Grand’Chambre du Parlement de Bretagne à Rennes, photographié par Julien Mignot (source: La Croix)
Les commandes s’enchaînent, et JOUVENET, très sollicité par le Roi, peint pour les églises, fait les portraits du Dauphin, de Mazarin, produit des tableaux pour des particuliers… En 1704, il est en charge à nouveau d’un chantier important puisque Louis XIV lui commande des peintures représentant les douze apôtres pour la coupole intérieure du dôme des Invalides, située à 105 mètres de hauteur. En 1705, il est nommé directeur de l’Académie de peinture puis Recteur deux ans plus tard.
Les 12 apôtres de la coupole des Invalides (source: paris promeneur)
Signature de Jean Jouvenet au moment du contrat de mariage de Charlotte PLET et Jean LE VIEIL en 1709 (source: CARAN)
Dans sa vie d’homme, Jean JOUVENET va épouser Marie BARONNEAU en 1675 en la Paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois. Le couple aura pas moins de quatorze enfants – mais peu parviendront jusqu’à l’âge adulte. Marie BARONNEAU décède quant à elle en 1701 à l’âge de seulement 47 ans.
On retrouve Jean JOUVENET lors du contrat de mariage de Charlotte PLET et Jean LE VIEIL en 1709. Quatre ans plus tard, en 1711, le peintre fait une attaque d’apoplexie, 20 ans après la première: cette fois ci, sa main droite reste totalement paralysée. Cela ne va pas arrêter notre artiste qui va se mettre à peindre de la main gauche et qui va continuer à être très productif.
Jean JOUVENET s’éteint à l’âge de 73 ans le 5 avril 1717 dans ses appartements situés dans le collège des Quatre Nations, quai Malaquais à Paris. On estime que le peintre a réalisé plus de trois cents tableaux tout au long de sa vie. Aujourd’hui, nombreux sont encore visibles au Louvre, au musée des Beaux Arts de Rouen, de Caen, de Rennes, de Dijon, de Lyon ainsi qu’à Notre Dame, Versailles ou encore ailleurs en Europe.
Collège des Quatre Nations par Adam Perelle, 1703 (source: Gallica)
Parmi les membres de la famille JOUVENET contemporains au couple LE VIEIL/PLET et probablement proches d’eux, il y a François JOUVENET, frère de notre peintre Jean.
Neuvième fils de la famille, François nait à Rouen en 1664 soit 20 ans après son frère Jean auprès de qui il va apprendre la peinture en le rejoignant dans la capitale. A l’inverse de son frère, il va s’essayer au portrait. Il est reçu l’Académie Royale le 25 juin 1701 en présentant le portrait d’Antoine Coysevox, sculpteur français contemporain des Jouvenet.
Antoine Coysevox par François Jouvenet
François JOUVENET épouse en 1687 Marie ELLAIN. Le couple va avoir deux enfants, François Dagobert et Marie Elizabeth. François sera proche de la famille LE VIEIL et sera présent lors de la rédaction de plusieurs actes notariés la concernant. Il décède le 8 avril 1749 à l’âge de 84 ans. Son fils François Dagobert prendra la suite en tant qu’artiste peintre, mais aucune oeuvre de sa part nous est aujourd’hui parvenue.
François ne sera pas aussi célèbre que son frère aîné. Il m’est cependant arrivé de croiser ses peintures lors de visites de château. Peut-être y penserez vous quand vous croiserez le nom de JOUVENET !
Le plus passionnant dans mes recherches au sujet de la famille PLET a été la découverte au fil des actes notariés des différentes familles alliées – et j’avoue n’avoir pu m’empêcher d’aller au delà de simples noms récoltés.
Parmi elles, la famille LE VIEIL, originaire de Rouen, alors épicentre de la peinture sur verre, et dont certains membres ont laissé une trace dans de nombreux ouvrages.
La famille PLET est alliée aux LE VIEIL grâce au mariage de Charlotte, soeur de mon ancêtre Marie, et de Jean LE VIEIL, le 16 avril 1709 à Paris, Paroisse Saint-Sulpice. L’alliance avec cette famille va également se faire par le biais d’un remariage sur lequel nous reviendrons au cours de cet article.
Jean LE VIEIL est le fils de Guillaume et de Catherine JOUVENET, elle même issue d’une famille d’artistes que nous auront l’occasion de découvrir lors du prochain article de cette série.
Signature de Guillaume LE VIEIL en 1664
Guillaume LE VIEIL (1640-1708) fait parti d’une famille de vitriers originaire de Rouen. Lui même a fait les vitraux de l’Hôtel Dieu de Rouen ainsi que ceux de la Cathédrale d’Orléans, ce qui le conduira à quitter sa famille un temps à partir de 1685. Le 13 janvier 1664, il épouse Catherine JOUVENET en la paroisse Saint-Lô de Rouen d’où ils sont tout deux originaires. Ainsi, il rentre dans cette famille d’artistes peintres et il sera proche de ces membres tout au long de sa vie. Le couple va avoir plusieurs enfants, tous nés à Rouen et baptisés Paroisse Saint-Lô.Il y a parmi eux:
Jean LE VIEIL, l’époux de Charlotte. Maître vitrier. Il s’installera à Paris avant son mariage.
René Le VIEIL, maître vitrier resté à Rouen.
Françoise Catherine LE VIEIL, épouse d’un marchand de Rouen, dont je perds complètement la trace.
Guillaume LE VIEIL, maître vitrier. C’est lui qui va avoir la descendance la plus connue et sur laquelle nous allons nous pencher à présent.
Cathédrale d’Orléans
Guillaume LE VIEIL dit le Jeune, est né en 1675 à Rouen. Après avoir appris les rudiments de la peinture et du dessin auprès de Jean JOUVENET son aïeul, il quitte la capitale de la Normandie pour Paris, en 1695, à l’âge de 19 ans. Il entame ses quatre années d’apprentissage en janvier 1696 auprès du maitre vitrier François GAILLARD, et va réaliser les frises des vitres de l’Eglise des Blancs-Manteaux dans l’actuel quartier du Marais. Son frère Jean, futur époux de Charlotte PLET, le rejoindra quelque temps plus tard. On retrouve Guillaume en 1707 en tant que maître vitrier et peintre sur verre dans sa boutique rue de la Montagne Sainte-Geneviève.
Quartier dans lequel la famille LE VIEIL va évoluer à Paris sur les plans de Turgot (source: Gallica)
En mars 1707, il épouse Henriette Anne FAVIER, fille du maitre vitrier et juré Pierre FAVIER auprès de qui Guillaume a été compagnon après son apprentissage au début des années 1700. En 1709, il est présent au mariage de son frère Jean avec Charlotte PLET qui se tient à Saint-Sulpice.
Avec Henriette, Guillaume va avoir onze enfants, dont le célèbre peintre vitrier Pierre LE VIEL dont nous allons évoquer le parcours un peu plus tard.
Revenons d’abord sur la vie de Guillaume. Après son apprentissage, il est présenté au premier architecte et surintendant du Roi, le célèbre Jean Hardouin-Mansart, par le biais de Jean JOUVENET (1644-1717), peintre du Roi, son petit cousin. Hardouin-Mansart va lui donner la charge, entre autre, de la réalisation des frises des vitraux de la Chapelle Royale de Versailles – ces mêmes vitraux qui ont été restaurés il y a peu, comme on peut le voir sur la vidéo passionnante ci-dessus.
A la différence des membres de la famille PLET, Guillaume LE VIEIL – ainsi que ses fils plus tard- vont être en plus peintres sur verre (ou encore verriers): ils vont donner de la couleur au verre afin d’orner les vitraux d’églises ainsi que ceux des édifices importants, en le colorant dans la masse ou directement en apposant la couleur dessus – comme nous le voyons avec les vitraux de la Chapelle Royale du Château de Versailles donc. Cet art, qui existe depuis le XIIIe siècle dans les églises et qui s’est étendu aux habitations au XIVe siècle, est sur le déclin en ce début de XVIIIe. En effet, les vitraux gothiques des églises, jugés trop sombres et trop éloignés du courant classique qui traverse l’Europe, sont retirés au profit de vitraux blancs ou de grisailles: la peinture sur verre est alors davantage employée pour les armoiries peintes, qui ornent les vitreries des habitats particuliers.
Des vitraux comme on pouvait en trouver au XVIIIe siècle: la couleur y est bannie (source: irisations.com)
Guillaume LE VIEL va également réaliser la frise du dôme des Invalides, peindra le Christ en Croix du sanctuaire de l’Eglise des Blancs-Manteaux, les armoiries du Dauphin au château de Meudon, ainsi que les vitraux de la frise de l‘Eglise Saint-Roch et de l’Eglise de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
L’éducation de la Vierge par Guillaume le Vieil, panneau peint vers 1712 pour l’église Saint-Roch, aujourd’hui en l’Eglise Saint-Etienne-du-Mont (source: Patrimoine-histoire)
Après une belle et riche carrière, notre peintre vitrier décède le 21 octobre 1731 en son domicile Collège de La Marche, rue de la Montagne Sainte-Geneviève. Après sa mort, ce sont ses fils qui vont reprendre le flambeau de cet art transmis dans la famille depuis plus de deux siècles. Parmi eux, Pierre LE VIEIL.
Pierre LE VIEIL est l’un des peintres vitriers les plus reconnus et extraordinaire de son temps, à un moment où l’art du vitrail et de la peinture sur verre est en désuétude. Né le 8 février 1708 à Paris, il est le premier enfant du couple LE VIEIL/FAVIER – ils auront au total 11 enfants. A 17 ans, alors qu’il se destine à consacrer sa vie à l’ordre de Saint-Benoit à l’Abbaye de Saint-Wandrille, il se retrouve à devoir assumer et prendre en charge sa famille. En effet, son père est tombé gravement malade et il ne peut plus exercer son art de vitrier. C’est de cette façon, pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses frères et soeurs plus jeunes, que Pierre revient à Paris pour assurer le bon fonctionnement de l’atelier de son père où les ouvriers se retrouvent sans maître. Il ne fut pas très difficile pour Pierre d’apprendre la peinture sur verre et ses techniques: il a vu son père travailler depuis son plus jeune âge, et son frère Jean est alors en plein apprentissage du métier. C’est après la mort de son père en 1731, que Pierre, 23 ans, va reprendre l’atelier avec son autre frère Nicolas Guillaume. En tant que fils de maître, il obtient la maîtrise en 1732, et il se voit confier en 1734 la restauration des vitraux de la galerie du cloitre du charnier de la paroisse Saint-Etienne-Dumont, située à deux pas de la boutique familiale. Cette église est épargnée par la destruction des vitraux anciens engagée dès la fin du XVIIe siècle. Pierre et son frère Jean entretiendront les vitraux de la paroisse toute au long de leur vie et le nom LE VIEIL sera associé à cette église dans la postérité.
C’est ce premier projet d’entretien qui va faire connaitre Pierre LE VIEIL. La boutique va prospérer et Pierre va jouir de sa renommée. A partir de 1741, il va travailler durant 20 ans sur un autre projet qui marquera sa carrière et lui permettra de laisser à nouveau un trace dans la grande histoire : les 12 vitraux de la nef que compte Notre Dame de Paris – sur un total de 120 verrières. Avec son frère, il va démonter les anciens vitraux médiévaux jugés trop sombres de la partie haute de la nef et les remplacer en partie par des vitraux blancs entourés de frises de couleur.
Vitraux de la nef de Notre Dame de Paris par Pierre LE VIEIL, extrait de son traité sur l’art de la peinture sur verre (source: Gallica)
Plus tard, au milieu du XIXe siècle, Viollet-le-Duc, chargé de la restauration de Notre-Dame, et malgré la réalisation d’importantes transformations, ne va pas toucher aux vitraux des frères Le Vieil. Il restaurera en revanches les trois rosaces pour qu’elles retrouvent leur éclat d’origine. Dans les années 1960, les vitraux haut de la nef seront cette fois ci changés, avec un aspect davantage contemporain et avec des couleurs que l’on pouvait trouver au Moyen-Âge (rouge, bleu et jaune), dans un style non figuratif.
Vitraux de Jacques Le Chevallier posés en 1965, avant l’incendie de la Cathédrale en 2018. Cliquer ici pour voir la vidéo de l’INA concernant ce changement.
Bien que la société du XVIIIe siècle se détourne de la peinture sur verre, les commandes vont se multiplier pour Pierre LE VIEIL qui est désormais l’un des seuls à exercer cet art dans la capital. Il va entretenir tout au long de sa vie les vitrages de nombreux autres édifices religieux, en donnant un dernier souffle à cet art. Pierre va travailler pour l’Abbaye de Saint-Victor de Paris, l’Abbaye de Carme de la place Maubert, ou encore des collèges du Quartier Latin. Son frère cadet Nicolas Guillaume et lui seront tous deux nourris et logés par leur mère au Collège de la Marche rue Montagne Sainte-Geneviève, jusqu’à la mort de cette dernière en 1745. Après cette date, Pierre va reprendre la boutique et le logement, tandis que son plus jeune frère Nicolas Guillaume va se marier et quitter le collège de la Marche. Jean, quant à lui, épousera Marie Anne ALLEAUME, veuve de Jean Louis PLET – petit fils de mes ancêtres Pierre PLET et Marie PROTA – et ouvrira sa boutique de peintre verrier rue du Bac. Contrairement à ses deux frères et à son père, Pierre LE VIEIL ne peindra jamais sur le verre: il s’emploiera à la préparation des couleurs et à la recherche d’émaux nouveaux.
Outils du peintre sur verre, planche extraite de l’ouvrage de Pierre LE VIEIL (source: Gallica)
Passionné de lettres et d’antiquité, Pierre LE VIEIL va consacrer le reste de son temps à sa passion: théologie, antiquité, traduction de textes anciens… Pierre LE VIEIL, à la différence de nombreux ouvriers dans le milieu de la vitrerie à cette époque est un intellectuel. Il a fait des études au Collège Sainte-Barbe puis au Collège de La Marche où il a été remarqué par ses professeurs. Dans les années 1760, il entreprend l’écriture d’un texte sur l’art de la peinture sur verre, pour réhabiliter cet artet retracer son histoire. Pierre sera le premier à le faire: il va rédiger son traité auquel il va se consacrer durant plus de dix ans. Il s’attèlera également à la rédaction d’autres essais: tous seront publiés de façon posthume sous le nom de « L’art de la peinture sur verreet de la vitrerie« . Durant toutes ces années, Pierre LE VIEIL aura collecté les mémoires des familles de verriers et vitriers qui ont marqué cet art, ainsi que l’ensemble des techniques qui lui sont propres. Il dira par ailleurs qu’il a écrit sur son art de prédilection, tant mis à mal au XVIIIe siècle, pour « répandre quelques fleurs sur son tombeau« .
Pierre LE VIEIL décède le 23 février 1772 à l’âge de 64 ans. Célibataire, il ne laisse aucune postérité. Il lèguera tout à son neveu, Louis LE VIEIL, fils de son frère Jean, qui sera l’un des derniers peintres verriers du XVIIIe siècle.
Signature de Pierre LE VIEIL en 1733
Aujourd’hui encore, Pierre LE VIEIL est un incontournable pour quiconque s’intéresse à la peinture sur verre durant l’Ancien Régime. Notre vitrier n’assistera pas à la renaissance de son art de prédilection qu’il chérissait tant: la peinture sur verre sera réhabilitée dès la deuxième moitié du XIXe siècle avec le courant néo-gothique et les nouvelles techniques permises par les découvertes dans le domaine de la chimie. La peinture sur verre sera considérée à nouveau comme un art à part entière grâce à l’impulsion de l’Art Nouveau à la fin du XIXe siècle.
Parce qu’on ne s’en lasse pas: le métier de vitrailliste aujourd’hui. Vidéo réalisée pour le département d’Indre et Loire.
Parmi les enfants de mes ancêtres Pierre PLET et Marie PROTA, Pierre Olive Dominique, probablement l’aîné de la fratrie, est celui sur lequel je dispose du plus grand nombre de renseignements. J’ai pu retrouver tous ses enfants ainsi qu’une partie de sa descendance.
En bleu, les vitriers de la descendance de Pierre Olive Dominique PLET.
J’ignore quand Pierre Olive Dominique est né (probablement aux alentours des années 1670 à Paris?). Il se marie en 1693 à Madeleine Thérèse DESTOQUOY à qui il va donner quatre enfants. Celle-ci décède en 1731. Cette période est difficile pour Pierre Olive Dominique qui avait enterré sa fille Madeleine Thérèse deux ans plus tôt, et qui va perdre son fils en 1734. Il se remarie cependant en 1732 à Marie Anne HUET. Le couple aura trois enfants.
Pierre Olive Dominique va vivre presque toute sa vie rue Saint-Dominique, dans une maison appartenant en 1747 à Eustache Maillard de Chanteloup, officier militaire dont le fils sera garde du corps de Louis XV.
Maître vitrier comme son père, il va être très actif pour la communauté. On retrouve donc plusieurs informations en lien avec sa profession. De plus, son inventaire après décès de 1747 ainsi que l’inventaire après décès de sa première femme vont nous donner une idée plus précise de ses travaux. Exerçant principalement dans le faubourg Saint-Germain, il va fournir de nombreux notables, à une époque où les hôtels particuliers fleurissent. Pour rappel, le bourg Saint-Germain va connaitre un fort développement au cours du XVIIe siècle avant d’être intégré à Paris.
Plan du Faubourg Saint-Germain et ses environs, XVIIIe siècle (source: Paris Musées Collection)
Voici donc un aperçu des ouvrages de Pierre Dominique Olive PLET :
Entretien des vitres croisées de l’Hôtel d’Avaray, 85 rue de Grenelle, pour le Marquis d’Avaray.
L’hôtel, construit entre 1718 et 1723, va être habité par le Marquis d’Avaray dès 1727 et jusqu’à sa mort en 1745. Aujourd’hui, cet hôtel particulier abrite la résidence de l’ambassadeur des Pays-Bas et son intérieur est visible dans le cinéma, notamment dans le film Tais-toi ! (2022) ou encore Intouchables (2011).
L’intérieur de l’Hôtel d’Avaray dans le film Intouchables avec Omar Sy
« Entretien de toutes les vitres glaces d’une maison rue du Bacq attenant à la grille des jacobins d’Angelique Claude Demarest comtesse de Villayer«
Claude Angélique de Marescot, devenue Comtesse de Villayer suite à son remariage avec François de Renouard, Comte de Villayer et d’Auteuil, en 1734, va vivre un temps dans une maison située rue du Bac, attenant au couvent des Jacobins. Probablement disparue aujourd’hui, je n’ai pu déterminer à qui appartenait cette maison.
En jaune, situation hypothétique de la maison en question sur la carte du Faubourg Saint-Germain de Starckman (source: Paris Musée Collection)
Hôtel Valentinois, 57 rue de Varenne, appartenant au Duc de Valentinois
Cette hôtel, nommé Hôtel Valentinois dans l’inventaire après décès de 1747, n’est pas à confondre avec l’Hôtel Valentinois détruit en 1905 situé à Passy. Il s’agit ici de l’Hôtel de Matignon, connu aujourd’hui pour être la résidence du Premier Ministre. Au moment où Pierre Olive Dominique PLET entretien les vitres de l’Hôtel (entre 1734 et 1745), la demeure appartient à Jacques Ier, Prince de Monaco et Duc de Valentinois du fait de son mariage avec la Princesse de Monaco (le duché de Valentinois, qui couvrait une partie de l’actuel département de la Drôme, appartenant à Monaco depuis 1642).
L’hôtel sur les plans de Turgot de 1737, tel que l’a connu notre vitrier (source: wikipédia)
L’Hôtel de Matignon aujourd’hui
Ouvrage et entretien de tous les vitrages de l’Hôtel du duc de Mortemart, 27 rue Saint-Guillaume (dès 1718)
L’Hôtel, construit pour le duc de Mortemart en 1663, abrite aujourd’hui l’Institut d’Etudes Politique de Paris. Cependant, les informations historiques à son sujet sont peu nombreuses, et il est difficile de savoir si l’hôtel désigné dans l’inventaire après décès est bien celui situé au 27 rue Saint-Guillaume ou si il s’agit de celui situé au 14, que nous allons voir ensuite. Quoiqu’il en soit, l’hôtel sera fourni puis entretenu dès 1718.
Entretien de l’Hôtel de la duchesse de Mortemart, 14 rue Saint-Guillaume (1740-1742)
La duchesse de Mortemart avait également son hôtel, dont les ouvrages de vitreries ont été réalisés en 1730 et l’entretien effectué par Pierre Olive Dominique PLET entre 1740 et 1742. L’hôtel comportait avec un vaste jardin aujourd’hui disparu suite au prolongement de la rue Saint-Guillaume en 1865.
Hôtel de la duchesse de Mortemart sur le plan de Starckman et de Turgot
Nettoyage annuel des vitres de l’hôtel de Michel Bouvard de Fourqueux, procureur général de la chambre des comptes, dit Hôtel de Ligny, 47 rue des francs bourgeois (dès 1733)
Pierre PLET va s’éloigner de son quartier habituel et travailler à l’entretien des vitres de l’Hôtel de Ligny, occupé par de Fourqueux, qui est lui même un proche du Comte de Villayer. l’Hotel de Ligny sera démoli en 1939.
Hôtel de Ligny d’après un dessin d’Henri Chapelle vers 1900
Ouvrages et réparation pour la Marquise de Blanchefort, en date du 12 janvier 1728
Marie de Nègre Dablas, autrement appelée Marquise de Blanchefort, va vivre un temps dans l’hôtel particulier construit par son oncle, François Roger de Gagnières, au 95 rue de Sèvres. De Gagnières, antiquaire et passionné d’histoire, va accumuler une importante collection de dessins, cartes et écrits du XVII siècle.
Vue de l’hôtel de François-Roger de Gaignières en 1701 (source: Gallica)
L’hôtel particulier, construit en 1701 sur un terrain appartenant aux Incurables, a été détruit sous la Restauration: à cette adresse se trouve aujourd’hui la congrégation de la Mission Lazariste.
Ouvrage de vitreries pour l’Hôtel du Duc de la Force, rue Taranne
Au XVIIIe siècle, l’Hôtel de la Force, où vit Henri Jacques Nompar de Caumont dès 1715, se trouve rue Taranne, disparue – avec l’hôtel – suite au percement du Boulevard Saint-Germain. Pierre Dominique Olive PLET va fournir 22 pièces d’ouvrages de vitrerie.
Le plan de Roussel de 1730 situe plutôt l’Hôtel de la Force rue des Saints-Pères, en face de la rue Taranne (source: wikipedia)
Ouvrages de vitreries pour Madame La Princesse de Courtenay, rue Taranne
Pierre Dominique Olive PLET va réaliser les vitrerie de l’hôtel particulier où réside la Princesse de Courtenay (titre qui ne sera en réalité jamais reconnu comme tel par le Royaume), appartenant à son époux Louis Bénigne, Marquis de Bauffremont (qui lui aussi se fera passer pour prince). La rue et une grande partie de ses hôtels se verront disparaitre suite au percement du boulevard Saint-Germain dans les années 1870.
Ouvrages de vitreries, Hôtel Gouffier de Thoix, 56 rue de Varenne
En 1730, notre vitrier va réaliser les ouvrages en vitrerie quelques années après la fin de la construction de l‘Hôtel Gouffier de Thoix, destiné à Henriette de Penacoêt de Keroualle, épouse de Thimoléon Gouffier, marquis de Thoix. Celle-ci n’aura pas le temps de profiter de son hôtel puisqu’elle décède un an après en 1728. Pierre PLET fera probablement affaire directement avec sa bru Armande Louise GOUFFIER, épouse de son fils François Louis.
Aujourd’hui, le bâtiment abrite l’annexe et les services du premier ministre.
Ouvrages de vitreries pour le Duc de Chaulnes, probablement rue du Bac
En 1728, Pierre PLET va faire les ouvrages de vitrerie pour le Duc de Chaulnes, qui est derrière ce titre très probablement Louis Auguste Albert d’Ailly. Le plan de Starckmann indique un hôtel particulier rue du Bac, l’Hôtel D’Allye, voisin de l’Hôtel de Villayer. C’est donc très certainement ici que Pierre PLET va oeuvrer.
Il y a bien évidemment eu de nombreux autres noms cités dans les inventaires, pas toujours lisibles et reconnaissables, et dont les hôtels ne sont pas toujours facilement identifiables. Quoiqu’il en soit, il faut retenir que Pierre Dominique Olive PLET devait avoir une certaine réputation dans le milieu et ne devait pas manquer de travail. Par ailleurs, je trouve toujours cela émouvant de se dire que des ouvrages effectués par des individus, des artisans que l’on a exhumé des registres et des actes soient encore visibles plusieurs siècles plus tard. Peut-être penserez vous à Pierre PLET si vous vous promenez dans le 7ème arrondissement de la capitale !
Dans mes recherches concernant la famille PLET, j’ai pu avancer sur le couple formé par Pierre PLET et Marie PROTA, mes ancêtres à la 13ème génération, sosa 6938 et 6939. Ils sont les parents de Marie Mathurine PLET, épouse de Guy Félix VERDEAUX/VERDOT, mes ancêtres à la 12ème génération. Au fil des actes notariés, j’ai pu retrouver leurs quatre enfants ainsi qu’une partie de leur descendance.
Voici ce que cela donne dans l’état actuel de mes recherches avec la carte mentale sur laquelle je travaille:
Le couple a donc eu 4 enfants. J’ignore pour chacun la date de naissance, mais les dates de leurs mariages respectifs me donnent une idée de leur place dans la fratrie.
Pierre Dominique PLET
Marié une première fois en 1693 puis une seconde fois en 1732, j’ai pu reconstituer une partie de sa descendance et retracer son parcours de maitre vitrier. C’est pourquoi nous le découvrirons davantage lors du prochain article !
Marie Mathurine, mon ancêtre
Elle est l’épouse de Guy Félix VERDEAUX, maître vitrier décédé avant 1734. Leur contrat de mariage a été passé le 18 février 1694 devant Mtre COUVREUR, en l’étude VIII. Marie va vivre avec son époux rue du Bac, tout près de la paroisse Saint-Sulpice. Je ne connais au couple que trois enfants: – Guy Louis, mon ancêtre également maitre vitrier, qui épouse Marie HUDDE à Luzarches (95) en 1734 et va vivre rue du Bac. – Pierre – Louis Je n’ai absolument aucun renseignement sur ces deux derniers, présents au mariage de leur frère Guy Louis.
Elisabeth PLET
Je ne dispose d’aucune information sur Elisabeth, si ce n’est qu’elle a épousé avant 1709Claude Holandais DUPRE, maître de danse, décédé avant 1721. On la retrouve à cette même époque, vivant rue du Bac.
Charlotte PLET, indiqué comme étant la cadette dans l’inventaire après décès de sa belle soeur Marie Madeleine DESTOQUOY en 1731
Charlotte épouse en 1709Jean LE VIEIL: c’est par elle que les familles LE VIEIL, qui compte des vitriers reconnus, et JOUVENET, famille de célèbres peintres, vont être alliées aux PLET – nous auront l’occasion de leur consacrer un article pour chacune d’elle ! Je n’ai pas beaucoup de renseignements sur le couple LE VIEIL/PLET. En revanche, il apparait qu’à la suite de leur mariage, le couple a loué la boutique rue du Bac qui appartient alors à la veuve Marie PROTA, mère de Charlotte. Je n’ai pas encore saisi toutes les subtilités des actes notariés que j’ai en ma possession, mais il semblerait qu’il y ait eu des griefs entre le couple LEVIEIL/PLET et le reste de la fratrie PLET et leur mère, pour des sommes d’argent non versées (loyers et rentes viagères en particulier). Enfin, j’ignore si ils ont eut des enfants ainsi qu’où et quand ils sont morts.
La Seine avant le Pont Neuf, dit aussi La Seine en aval du Pont-Neuf, à Paris, avec à gauche le Louvre et à droite le Collège des Quatre Nations, Raguenet, 1754 (source: Musée du Louvre)
En réalité, c’est aujourd’hui sur mes deux ancêtres que je cherche des informations: même si j’ai pu retrouver les parents de Pierre PLET – grâce à l’analyse des signatures – , il me manque encore de nombreux éléments sur le couple: leur date de décès (et de naissance) ainsi que leur contrat de mariage… Je continue à fouiller les répertoires des notaires de la famille, mais en vain. Je sais seulement que Pierre PLET est décédé avant 1707 et que sa femme Marie va lui survivre plusieurs années. Par ailleurs, j’ai trouvé d’autres enfants au couple PLET/CROSNIER, les parents de Pierre PLET et ce grâce au fond Laborde. Je dispose de la retranscription d’un acte de baptême d’un certain Pierre PELET le 10 mars 1647: il s’agit peut-être là de mon ancêtre ! J’ai également un acte notarié concernant le couple PLET/CROSNIER datant de 1639, mais il va falloir que je me mette à la paléographie si je veux y comprendre quelque chose.
Késako?
Je m’efforce cependant à ne pas trop m’épuiser dans mes recherches. Je pense qu’un jour, grâce à l’avancée des indexations et des numérisations d’actes notamment sur geneanet (et ce grâce au projet Familles Parisiennes), le contrat de mariage tant recherché ou un inventaire après décès concernant Pierre PLET fera surface.
Avant de clore cet article et passer aux suivants, essayons de revenir sur le métier de vitrier au XVIIIe: de quoi parle t-on?
Aujourd’hui, lorsqu’on évoque le métier de vitrier, il est assez facile d’en avoir une représentation assez claire. En effet, le vitrier nous renvoie à celui qui pose les vitres, ce verre travaillé et spécifique à nos fenêtres qui permet de protéger nos intérieurs du froid et du vent. Mais vous êtes vous déjà questionné sur quand sont apparus ces éléments de notre quotidien?
Fenêtre… à priori on pense tous à la même chose !
Il va falloir attendre le XIXe siècle pour voir des verres à vitres sur toutes les fenêtres que comptent les bâtiments des villes et villages! Remontons un peu le temps: les fenêtres sont arrivées en même temps que l’homme a ajouté le toit à sa maison: en effet, ces petites ouvertures dans le mur permettaient d’éclairer les intérieurs (le terme fenêtre vient du grec « éclairer ») et surtout d’y faire passer l’air. Au fil du temps, les fenêtres s’agrandissent, et arrivent avec ces agrandissement des panneaux de bois, placés à l’intérieur, qui protègent de la lumière mais qui laissent toujours passer l’air. Les fenêtres vont quant à elles se parer de toiles cirées ou de peaux de bêtes pour protéger les habitats du froid et des intempéries.
Le verre à vitres pare les fenêtres des églises d’Europe à partir du IVe siècle. La couleur quant à elle apparait sur ces mêmes édifices dès le XIIIe siècle. Le procédé de fabrication de verre à vitre par coulage mis au point par Lucas de Nehou, maitre verrier, de nombreux siècles plus tard, en 1691, facilite la pose du verre à vitre sur les fenêtres et la démocratise. Cependant, le verre à vitre n’est pas destiné à tous les habitats et ni à tous les habitants. Seuls les plus aisés vont en pourvoir leurs châteaux et hôtels particuliers (phénomène qui s’observe déjà depuis le Moyen-Âge). C’est pourquoi, nous le verrons, mes ancêtres vitriers ainsi que Pierre Olive Dominique PLET, frère de mon ancêtre Marie Mathurine PLET, fourniront et travailleront pour du beau monde.
Au XVIIIe siècle à Paris, les vitriers et les peintres sur verre font partis de la même corporation. Ils ont un blason « d’argent à une face en devise alaisée de sable, accompagnée de trois losanges d’azur deux en chef et un en pointe » et comptent 300 membres en 1750. C’est le 24 juin 1467, sous Louis XI, que la profession est réglementée par des statuts (les règles du métier) et des ordonnances: ainsi la corporation est créée. Les statuts précisent les attentes en terme de qualité de production:
Il est également requis quatre années d’apprentissage – avec la réalisation d’un chef d’œuvre – et huit livres payées à la confrérie de Saint-Marc pour accéder à la maîtrise. La corporation compte alors trois jurés qui veillent au respect des règles de la communauté du métier. La peinture sur verre reste quant à elle un privilège et ne peut être pratiquée par tous.
Les statuts de la corporation des vitriers et des peintres sur verre sont modifiés en 1666 et l’apprentissage doit être complété d’un compagnonnage de six années. De plus, les aspirants doivent être catholiques. Deux maîtres peuvent être formés par an et il n’est pas possible de posséder plus d’une boutique.
Atelier de vitrier à Paris au XVIIIe siècle (source: « L’art de la peinture sur verre et de la vitrerie », Pierre LEVIEIL)
Au milieu du XVIIe siècle, le verre est directement acheminé depuis les alentours de Lyons en Normandie où il est produit par plusieurs fabriques. La Normandie est alors à cette époque et depuis le XIVe siècle le bassin d’où est fabriqué le verre. C’est par ailleurs dans cette zone, la Vallée de Bresle (également nommée « Vallée du Verre ») qu’est encore aujourd’hui produit le verre et en particulier le flaconnage.
Le métier de vitrier à Paris à cette époque est très bien décrit par Jacques Louis Ménétra, compagnon vitrier à Paris au XVIIIe, qui retracera ses mémoires dans son ouvrage « Journal de ma vie » à partir de 1764. Il reste aujourd’hui une référence pour saisir ce métier d’art dans la capitale d’avant la Révolution. Nous en apprendrons plus sur les ouvrages des maitres vitriers lors de notre prochain article dédié aux travaux de Pierre Dominique Olive PLET !
Je vais enfin pouvoir vous présenter une série d’articles au sujet de recherches qui me tenaient à coeur: je suis parvenue à « débloquer » l’une de mes branches parisiennes – une « vraie », pas des collatéraux venus s’installer à Paris le temps de quelques années comme j’ai pu l’évoquer lors de mon ChallengeAZ 2021 !
En effet, à l’heure actuelle, j’ai à ma connaissance trois branches parisiennes : les branches PLET, VERDEAU et LEROUX. Il s’agit d’ancêtres dont l’ascendance est installée à Paris depuis plusieurs générations, et ce sans que j’ai pu identifier une autre région d’origine depuis laquelle ils auraient migré vers la capitale.
Les généalogistes redoutent les ancêtres passés par Paris car les recherches sont fastidieuses et très frustrantes sur la capitale. En effet, c’est tout l’état civil d’avant 1860 qui a disparu avec l’incendie de l’Hôtel de Ville sous la commune en 1871. Il y a eu une campagne de reconstitution certes, mais celle-ci reste parcellaire, et plus on remonte dans le temps, moins on trouve d’actes reconstitués. La solution reste à trouver du côté des actes notariés, mais Paris compte 122 études, et vaut mieux avoir une porte d’entrée pour retrouver des actes relatifs à une famille, autrement c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin !
Mais revenons à ce qui nous intéresse ici, à savoir mes ancêtres vitriers parisiens, de la branche PLET. En 2020, il y a maintenant trois ans, alors que je travaillais sur la famille GALLOIS, je suis parvenue à remonter jusqu’au mariage de Guy Louis VERDEAUX et de Marie Magdelaine HUDDE à Luzarches (95) le 7 mars 1734. L’acte de mariage nomme les parents de Guy Louis VERDEAUX, Guy Félix et Marie PLET, maître vitrier demeurant Rue du Bacq, Paroisse St Sulpice. Assez rapidement, je suis partie à la recherche de ce Guy Félix VERDEAUX (ou VERDOT): ce n’est pas tant le côté parisien qui m’a intriguée mais plutôt sa profession d’artisan et de maître vitrier – qui pourrait alors, je l’espérais, me permettre de trouver quelque chose.
L’acte du mariage du 7 mars 1734 (source: AD95)
A partir de cette profession que je considère alors comme un indice, je vais effectuer de nombreuses recherches depuis chez moi. Malheureusement, celles-ci ne vont mener à rien, et je ne vais pas réussir à trouver des éléments sur des VERDEAUX parisiens qui auraient pu être intéressants pour moi. J’ai donc mis ces recherches de côté, jusqu’à ce que je les reprennent au mois d’août 2021 en vue de la rédaction du ChallengeAZ de la même année.
En généalogie, les numérisations et les indexations se développent très rapidement, et tous les jours sont mis en ligne de nouvelles ressources. J’ai donc à nouveau fait des recherches sur le patronyme VERDEAUX mais à nouveau j’ai fais chou blanc. En revanche, en cherchant sur le patronyme de sa femme, Marie PLET, j’ai trouvé des choses extrêmement intéressantes.
Parce que c’est toujours chouette de se rendre au CARAN !
Les différentes indexations mises en ligne par le site Projet Familles Parisiennes ainsi que les indexations que l’on peut trouver sur la salle des inventaires virtuels des Archives Nationale m’ont conduit à identifier des individus au nom de PLET, vitriers, et de surcroit demeurant autour de la rue du Bac au début du XVIIIe siècle. Sans avoir pu faire le lien de façon immédiate avec mon ancêtre Marie PLET, je sentais bien que je tenais là quelque chose d’intéressant pour ma généalogie. J’ai donc constitué un arbre à partir de ce que je trouvais, et les archives numérisées sur geneanet m’ont grandement aidé et permis de trouver ma « porte d’entrée » pour aller chercher des actes aux Archives Nationales, là où se trouve les minutes des notaires parisiens. Une grande campagne de numérisation et d’indexation a eu lieu, visant les inventaires après décès de 1731 – tous sont à priori sur geneanet- : de là, j’ai identifié un notaire chez lequel se rendait la famille PLET, j’ai récolté des informations et des dates pour aller chercher les actes non numérisés au CARAN. Je vous le donne en mille: après avoir écumé quelques actes, j’ai pu relier Marie PLET aux PLET des actes en questions, et c’est tout une famille très intéressante que j’ai pu découvrir. Bien évidement, il me reste encore de nombreux actes notariés à chercher pour étoffer et en savoir davantage sur cette famille.
Je vous propose donc une série de plusieurs articles, où je vous relaterais davantage mes découvertes et mes recherches.
Venez donc avec moi découvrir une famille de vitriers parisiens au XVIIIe siècle !
Pierre PLET et Marie PROTA
2. Marie Mathurine PLET
3. Guy Louis VERDEAUX
4. Anne Louise VERDEAUX
5. Anne Elizabeth ORSEE
6. Jean Baptiste Narcisse GALLOIS
7. Jean Baptiste GALLOIS
8. Jules René GALLOIS
9. Andréa Maria GALLOIS
10. Léone Octavie SONNIEZ
11. Mon grand père maternel
12. maman
13. moi
Alphonse Amédée CORDONNIER dans Nos peintres, sculpteurs, graveurs, dessinateurs de Jules Martin, 1887 (source: bibliothèque geneanet)
Pour finir ce ChallengeAZ en beauté, je souhaiterais aujourd’hui vous parler de l’histoire d’un homme, simplement mentionné lors d’un article de ce challenge, qui fait partie des personnages insolites de mon arbre, et dont j’ai découvert l’existence récemment.
Il s’agit d’Alphonse Amédée CORDONNIER, artiste statuaire, frère deJuliette CORDONNIER. Pour rappel, Juliette CORDONNIER est l’épouse de Jules LEGRAND, frère de Zulma LEGRAND, mon arrière-arrière-arrière grand-mère maternelle. La famille LEGRAND-CORDONNIER fréquentait très souvent mon arrière-arrière grand-mère Isabelle PAUX.
Alphonse Amédée CORDONNIER est né le 1er février 1848 à La Madeleine (59). Il est l’avant-dernier des enfants CORDONNIER. Il ne va pas tout à fait prendre le même chemin que les hommes de sa famille (tous boulangers). En effet, étudiant à l’Ecole académique des Beaux-Arts de Lille, il intègre les Beaux-Arts de Paris en 1869 et devient élève d’Auguste DUMONT (1801-1884), sculpteur célèbre pour sa statuette surplombant la colonne de la place de la Bastille et ainsi que pour la statuette de la colonne de la place Vendôme à Paris. Alphonse a 21 ans et son avenir d’artiste semble déjà tout tracé.
En 1872, il devient pensionnaire de l’oeuvre Pie-Wicar. Cette fondation, créée par les dispositions testamentaires du peintre lillois Jean Baptiste WICAR (1762-1834), a permis entre 1862 et 1894 à de jeunes artistes lillois âgés de moins de 31 ans de bénéficier d’une bourse et de pouvoir partir pour Rome, là où le peintre WICAR a fait une grande partie de sa carrière. C’est donc le cas d’Alphonse, qui après concours décroche la fameuse bourse. Cette bourse va lui permettre de partir pour la capitale italienne, où il va vivre entre 1873 et 1877. C’est durant cette période qu’il va faire la rencontre d’artistes prometteurs avec lesquels il va se lier d’amitié – et avec lesquels il travaillera plus tard autour d’oeuvres importantes.
Le Réveil, 1875 Médée, 1876 La lyre et la tête d’Orphée trouvée par des pêcheurs, 1877 (Grand Prix de Rome 1877)
A Rome, il travaille le plâtre, le marbre mais aussi le bronze, pour ses envois réglementaires de fin d’année. Il expose dès 1875 au Salon des artistes français où il obtient la médaille de 3ème classe – d’une valeur de 500 francs. Il remporte ensuite puis la médaille de 2ème classe en 1876, puis il est mis en lumière en obtenant le Grand Prix de Rome de l’école de Beaux-Arts en 1877, avec son oeuvre La lyre et la tête d’Orphée trouvée par des pêcheurs. Revenu à Paris un petit temps, il retourne à nouveau à Rome jusqu’en 1881, cette fois ci sous l’égide de la Villa Médicis où il va séjourner: il intègre alors l’Académie de France à Rome. De là-bas, il se perfectionne, travaille quotidiennement sur de nouveaux sujets en vue du salon des artistes français qui se tient chaque année à Paris. Chaque année, il travaille également sur de nombreux sujets pour répondre aux Envois de Rome, travaux annuels des élèves de l’Académie de France à Rome. Il s’inspire de ce que l’Italie a à lui offrir: Alphonse va se rendre dans plusieurs villes de la côte, mais également à Pompéi. Il s’essaye à la peinture et à l’aquarelle.
« Vue Borghèse », avec bancs, aquarelle non datée Femme assise tenant un accordéon, vue de profil gauche, aquarelle sur traits de crayon, non daté Intérieur d’atelier à Rome, aquarelle, 1874 Pompéi, atrium avec tables ou vasques, aquarelle non datée Capri vue sur le port, aquarelle non datée
Alphonse CORDONNIER en 1882
En 1881, il rentre sur Paris et s’installe au 77 rue Denfert-Rochereau, pied à terre qu’il a depuis son départ pour Rome. Son succès le conduit à être nommé Chevalier d’Honneur en 1888. Il obtient en 1889 une médaille d’argent à l’occasion de l’Exposition Universelle qui se tient à Paris. Il sera récompensé à nouveau lors de l’Exposition Universelle de 1900 en recevant cette fois-ci une médaille d’or pour son oeuvre l’Inoculation (1899), qui sera par la suite achetée par l’Etat et offerte à la ville de Nantes pour être placée dans le square de l’Hôtel Dieu en 1937.
Inoculation, 1899. Médaille d’Or à l’Exposition Universelle de 1900
Après avoir débuté sa carrière en adoptant le style néo-baroque et inspiré de l’Antiquité et de la Renaissance suite à ces deux séjours à Rome, Alphonse-Amédée se dirige dans les années 1890 vers un style plus naturaliste et réaliste. Ses oeuvres sont davantage à caractère social, plus proches du peuple, et ses sujets sont plus graves. C’est aussi à la même période qu’il va répondre à des commandes de l’Etat ou de communes, en sculptant différents bustes de personnages publics, mais aussi en travaillant sur des projets bien plus monumentaux et sur des édifices publiques. C’est ainsi qu’il va contribuer à la décoration de l’Hôtel de Ville de Paris en 1883, puis aux frontons de l’Hôtel de ville de Tours (1900), de l’Hôtel de Ville et de la Bourse de commerce de Roubaix (1907) puis de l’Opéra de Lille (1909).
L’Education et la Vigilance, aile est de l’Hôtel de Ville de Tours, 1900 Trois tableaux sur la façade gauche de l’Hôtel de Ville de Roubaix, 1907 Allégorie de l’industrie, du commerce et de l’abondance, fronton de la Bourse de Commerce de Roubaix (aujourd’hui mairie de Roubaix), 1907 Statue gauche, Opéra de Lille, 1909
Alphonse va également habiller les villes de statues à destination des parcs et des espaces verts ou de colonnes sur les places des villes. Il va particulièrement décorer les villes du Nord, sa région natale.
Sur le plan personnel, Alphonse épouse en 1891Marie Sophie Elisabeth ADAM, une parisienne âgée de 10 ans de moins que lui. Alphonse a alors 43 ans. Le couple s’installe très vite Villa Spontini dans le 16ème arrondissement de la capitale, où Alphonse installe son atelier. Un an après le mariage, Marie donne naissance à Albert puis, en 1894, à Yvonne. Cette nouvelle vie familiale ne va pas ralentir la créativité d’Alphonse qui va continuer à exposer presque chaque année au Salon des Artistes Français – salon pour lequel il fait également partie du jury – mais aussi dans d’autres salons comme au Salon des indépendants. Malgré tout, lorsqu’il sort de son atelier ou qu’il retrouve ses proches après les avoir quitté à l’occasion d’un salon ou d’un déplacement dans le Nord, il immortalise les instants de la vie de famille en faisant de nombreux croquis d’Albert et d’Yvonne.
Portrait d’Albert, vue de trois quarts gauche, aquarelle non datée Portrait d’Yvonne, vue de profil gauche, aquarelle non datée Madame Cordonnier, aquarelle non datée Albert lisant, crayon, non daté Portrait d’Albert, la tête reposant sur sa main droite, aquarelle non datée Portrait d’Yvonne, aquarelle non datée
En 1911, Marie, la femme d’Alphonse, décède à l’âge de 52 ans. Puis un nouveau malheur arrive lorsqu’en 1917, Albert, mobilisé par la Grande Guerre, décède accidentellement lors d’essais d’avions à Botosani en Roumanie.
Alphonse consacrera la fin de sa vie davantage à la peinture. Au fil de ses voyages qu’il effectue avec sa fille, il peindra des paysages bretons ou bordelais. Il travaillera malgré tout sur encore quelques grands projets – des monuments aux morts dans plusieurs villes – et en particulier sur le Monument aux Morts de sa ville natale, La Madeleine, inauguré en 1924.
Monument aux morts de la Madeleine, 1924
Sa fille veillera et restera auprès de lui jusqu’au moment de sa mort, le 27 octobre 1930, survenue à la Villa Spontini. Alphonse a alors 82 ans, et derrière lui une belle carrière avec la réalisation de plus d’une centaine d’oeuvres et de très nombreux prix et récompenses obtenues.
C’est Yvonne CORDONNIER qui fera don à l’Etat d’une grande partie de la collection familiale. Aujourd’hui, on peut voir encore de nombreuses sculptures d’Alphonse CORDONNIER dans les musées mais aussi dans les squares, et surtout sur les divers édifices qu’il a décoré.
Alphonse Amédée CORDONNIER dans son atelier (source: wikipédia)
Alphonse Amédée CORDONNIER, frère de Juliette CORDONNIER, belle-soeur de Zulma LEGRAND
2. Isabelle PAUX
3. Annie COUTIER
4. Ma grand mère maternelle
5. maman
6. moi
Il y a des photos comme ça, qui vous saisissent, sans trop savoir pourquoi. La beauté d’un visage, une émotion, un trait, et vous êtes comme subjugué.
Aujourd’hui, je n’ai pas d’histoire à vous raconter, ni de recherche à détailler. Non, aujourd’hui, je vous partage seulement une photo: la photo d’une femme que j’ai retrouvé dans un dossier envoyé par une petite cousine qui a fait un album photo et une reconstitution familiale pour l’anniversaire de sa grand-mère. Cette petite cousine est issue de ma branche paternelle, et plus précisément du côté arménien de mon arbre: sa grand-mère est une cousine germaine de mon grand-père paternel. Ils ont les mêmes arrières-grand-parents, à savoir Ohannès SARAFIAN et Mariam HASSAPIAN – qui, je pense, sont morts en Turquie et ne sont jamais venus en France.
La femme qui a attiré mon attention est la tante par alliance de la cousine de mon grand-père. Il s’agit de Marie PILAVIAN. Je retrouve plusieurs fois ce nom de famille dans mon arbre, et des enfants PILAVIAN cousinent avec mon grand-père. En effet, le frère de Marie a épousé une petite fille de mes ancêtres Ohannès SARAFIAN et Mariam HASSAPIAN. Marie a quant à elle épousé un homme également petit fils du couple SARAFIAN/HASSAPIAN.
Je ne sais pas grand chose de Marie si ce n’est sa date de naissance, de mariage – et de divorce – et son décès. Juste des dates qui se suivent, mais qui ne me permettent pas vraiment de saisir quelle a été sa vie.
(source: archives familiales)
Tout ce que je sais aujourd’hui c’est que je me suis arrêtée un bon moment sur sa photo et son visage qui semble dire tant de chose.
Marie PILAVIAN, cousine par alliance de Marie SARAFIAN, mon arrière grand-mère paternelle
2. Mon grand-mère paternel
3. papa
4. moi
Aujourd’hui, je vais vous parler d’une photo de mariage sur laquelle figure deux jeunes mariés, non identifiés au moment où je l’ai consultée – il y a maintenant 3 ans. Cette photo, je l’ai retrouvé dans le fond d’archives de la famille PAUX/COUTIER. J’ai essayé de la comparer à tout un tas d’autres photos: j’avais réussi à retrouver les deux jeunes mariés sur des autres clichés avec d’autres membres de la famille et des personnes tout à fait inconnues. J’ai fait des hypothèses pour identifier ces deux personnes, et j’étais sur piste, au final farfelue puisque j’ai eu une identification de ces deux personnes par un contact sur geneanet qui a reconnu les mariés et m’a donné leur identité.
Ces deux jeunes mariés sont Louis DAL et Marguerite LEHOUCQ. Ils ne sont ni des ancêtres, ni des collatéraux ou des alliés de mon arbre. Mais alors quels liens ont-ils avec ma famille?
Marguerite LEHOUCQ est née le 4 septembre 1897 à Marcq-en-Baroeul (59). Elle est la fille unique d’Auguste et d’Angeline CREPEL. Je connais déjà ces noms puisque c’est eux qu’Isabelle PAUX et ses filles vont rejoindre au Pontet en 1917. On retrouve donc le nom de ce couple ainsi que plusieurs photos où ils apparaissent dans les archives familiales. C’est également chez eux que vont vivre les deux filles aînées d’Isabelle en 1925-1926 lors de leur retour en France (la famille vit alors en Tunisie depuis 1920). Et c’est par ailleurs sur les photos prises à cette période de 1925-1926 que j’avais retrouvé nos jeunes mariés !
Louis DAL est quant à lui né le 12 juillet 1894, également à Marcq-en-Baroeul. C’est à son retour de la guerre qu’il épouse Marguerite. La photo a donc été prise le 30 septembre 1919.
La famille LEHOUCQ et la famille COUTIER vont donc rester en relation après le départ de ces derniers pour la Tunisie. Nous retrouvons encore le couple DAL sur des photos prises en 1931 à Roubaix, lors d’un voyage de la famille COUTIER dans le Nord.
1931 devant la maison de Georges PAUX à Tourcoing. Louis DAL se trouve à droite, deuxième rangée, tandis que Marguerite LEHOUCQ est à droite, première rangée, à côté de son fils Michel (source: archives familiales)
Ensemble, le couple va avoir un fils, Michel. Né en 1922, il a pratiquement l’âge de mon arrière-grand-mère. Sur les photos, on les retrouve proche ou mains dans la mains. Probablement qu’il était un compagnon de jeux pour elle.
Au centre, mon arrière-grand-mère Annie, tenant la main de Michel DAL. Les parents de ce derniers sont à gauche, côte à côte. (source: archives familiales)
A partir de quand les deux familles n’ont plus eu de liens? Est-ce suite à la mort de Louis COUTIER en 1934? Ou dès la guerre en 1939? Mystère. Michel DAL décèdera le 28 janvier 2002 à Liévin (60), soit quelques mois avant mon arrière grand-mère, son amie d’enfance, décédée en juillet 2002.
Tunis, 7 mai 1943. L’armée britannique entre dans Tunis pour la libérer de l’occupation allemande. Contrairement à l’indication ajouté sur ordinateur de nombreuses années après, la photo n’a pas été prise le 7 mars 1943 à Tunis. Isabelle PAUX, mon arrière grand-mère présente sur la photo, à la gauche du militaire, avec sa robe colorisée en bleue, se plait à rédiger son quotidien: souvenez vous, c’est grâce à elle que nous sont parvenu des carnets qu’elle rédigeait quotidiennement sous la première guerre mondiale. Elle a fait de même durant la seconde guerre mondiale et notamment en 1943 en Tunisie, où elle vit depuis plus de 20 ans.
Isabelle PAUX en 1941 (source: archives familiales)
Isabelle a 67 ans sur la photo et elle est veuve depuis neuf ans. Elle vit au Sers, près du Kef, avec sa fille Isabelle, son gendre Philippe et leurs quatre enfants. Louise et Annie, les deux autres filles d’Isabelle PAUX, sont quand à elles domiciliées à Tunis. Quant a Claire, elle est décédée depuis neuf ans déjà.
Comme je l’indiquais en introduction de cet article, cette photo a donc été prise non pas à Tunis mais au Sers, le 12 mai 1943, quelques jours après la libération de la grande ville. Isabelle le consigne dans ses carnets: un tank est arrivé avec 14 américains, l’occasion d’immortaliser cet instant:
« Les enfants ont grimpé, les grands se sont assis sur les sièges, les 14 américains ont posé devant. J’ai pris 2 photos, la seconde avec la famille seulement.«
Si ce moment, qui marque la fin de la campagne tunisienne et la libération des villes, est un grand soulagement, Isabelle n’est pas pour autant rassurée puisqu’elle n’a pas de nouvelles de ses filles restées à Tunis. Et pour cause : elle est particulièrement inquiète pour les enfants de sa fille Louise, car dans le journal La Tunisie, elle pu lire qu’il avait été fait mention de la famille d’Annie, mon arrière grand-mère, avec « Annie et ses enfants » mais concernant Louise, seul sont prénom a été cité.
Il lui faudra attendre encore dix jours pour avoir des nouvelles de ses filles, et quelles nouvelles ! Toutes deux et leur famille vont bien: elles attendent par ailleurs chacune un enfant ! A ce moment là de mai 1943, l’enfant qu’attend Annie n’est autre que ma grand-mère maternelle, qui viendra au monde quelques mois plus tard.
Isabelle PAUX
2. Annie COUTIER
3. Ma grand-mère maternelle
4. maman
5. moi
Embarquement à Bordeaux à bord de l’Atlantique (source: visaenbordelais.fr)
5 novembre 1873, sur le quai du port de Bordeaux (33). Jean, 11 ans, serre fort la main de sa grande soeur Catherine Désirée, tout juste âgée de13 ans. Ils ont déjà quitté depuis quelques temps déjà leur père, Pierre LAVIGNE et leur mère Marie LATREYTE, ainsi que leur frère et leurs trois soeurs – la plus jeune, Marie, n’a seulement que quelques mois. Ils ont dit adieu à leur vallée béarnaise qui ne leur offrait que peu de perspectives d’avenir. Comme beaucoup d’autres dans la région, ils sont partis tenter leur chance en Amérique du Sud. C’est pour cela qu’ils embarquent aujourd’hui à bord du Niger, un paquebot des Messageries Maritimes, en direction de Buenos Aires, en Argentine.
Cette histoire là, je l’ai déjà raconté dans les grandes lignes, quand, il y a près de 4 ans, j’ai découvert que j’avais des cousins en Argentine, suite au départ de plusieurs enfants de la branche LAVIGNE de mon arbre qui se sont implantés de l’autre côté de l’Atlantique – parmi eux mon arrière-arrière-arrière-grand-mère Catherine, qui restera quelques temps en Argentine avant de revenir en France. En effet, c’est une cousine descendante des LAVIGNE d’Argentine qui a réussi à me retrouver grâce à mon arbre en ligne sur geneanet, en quête de ses ancêtres français. De mon côté, mes recherches se poursuivent, et je tente peu à peu de reconstituer la famille LAVIGNE et de retracer son parcours dans ce pays d’Amérique du Sud où tout semblait alors possible.
Port de Buenos Aires (source: delcampe)
Jean et Catherine débarquent un mois plus tard à Buenos Aires. La température est douce, nous sommes bien loin des hivers rudes du Béarn, et pour cause: ici en décembre c’est l’été ! Qu’ont pu ressentir ces deux enfants arrivés dans un tout nouveau pays? Qu’ont ils fait dès leur arrivée? Mystère, mais il est cependant probable qu’ils aient suivi des compatriotes arrivés comme eux sur ces terres inconnues.
C’est 10 ans après leur arrivée que Jean et Catherine Désirée sont rejoins par Céléstin, 17 ans et Catherine, 16 ans, leur frère et soeur – mon AAAGM donc. Tous deux embarquent sur l’Orenoque à Bordeaux le 5 décembre 1883. La suite concernant Catherine vous la connaissez: elle ne restera pas en Argentine et repartira pour la France avant 1888.
25 de Mayo (source: delcampe)
Situation de 25 de Mayo (source: wikipedia)
La famille LAVIGNE va s’installer pour la ville de 25 de Mayo, à 220km de Buenos Aires. Là bas, Jean et Celestin sont cochers: ils relient les villes de San Carlos, Carhué et Chivilcoy. Ces liaisons, ils les font à bord de la Constante, dont ma cousine m’a envoyé une illustration.
(source: archives personnelles)
C’est probablement de part son métier que Celestin va rencontrer à Chivilcoy et épouser Honoria CAMPAGNOLA, une jeune femme née à Capilla del Senor dont les parents sont également français. C’est dans cette ville distante de 75km de 25 de Mayo et de 170km de Buenos Aires que le couple va s’installer. Ils auront au moins huit enfants. Concernant Jean, je perds sa trace à Buenos Aires où il vit en 1904. Je ne retrouve plus Catherine Désirée en Argentine. Quant à Marie, elle se marie avec un français et s’installe avec lui à Buenos Aires: ils y vivent au 947 calle Esmeralda en 1904. Enfin, Claire vit en 1902 à Chivilcoy. Si j’ai pu retrouver toutes ces informations sur cette fratrie, c’est parce qu’ils semblent être restés proches, même lorsque la distance les séparaient. En effet, on les retrouve témoins aux naissances des enfants de chacun d’entre eux, et c’est à travers les actes de baptêmes que j’ai pu les suivre.
Chivilcoy (source: delcampe)
Cependant, beaucoup de questions demeurent sur cette famille. Qu’est ce qu’est devenu Jean? Pourquoi Catherine, mon ancêtre, est-elle retournée en France? Où sont passées CatherineDésirée, Claire et Marie après 1904? Et surtout: est-il toujours en lien avec leur famille, restée en France?
Ce mois-ci, j’ai eu la chance de rencontrer à Paris ma cousine venue d’Argentine, dont l’arrière-grand-père est Celestin, arrivé en Argentine en 1883. Elle m’a montré de nombreuses photos de cette famille des Pyrénées, venue s’installer définitivement dans ce grand-pays qu’est l’Argentine. Aujourd’hui, nous recherchons ensemble les origines des LAVIGNE, et essayons de remonter les branches tant bien que mal. Les recherches dans les pyrénées sont loin très loin d’être faciles et nombreux sont les registres manquants. Mais ça, c’est une autre histoire.
Catherine LAVIGNE
2. Marie Thérèse LAIRE
3. Léo FONTAINE
4. Ma grand-mère maternelle
5. maman
6. moi