#ChallengeAZ : E comme Eaux et forets

Si la famille PIERD’HOUY ne descend à priori d’aucune lignée noble, elle a cependant appartenue à un rang social élevé de la société champenoise. Parmi ses membres, il y a mon ancêtre à la 11ème génération Charles PIERD’HOUY, sosa n.1928.

Charles PIERD’HOUY est né le 5 janvier 1676 à Charleville et a été baptisé dans cette même ville paroisse Saint-Rémi. Il n’est pas le premier enfant du couple formé par Jean – qualifié de bourgeois au moment de son décès – et Marie LOUY, puisque il a une soeur aînée, Jeanne, née quatre ans avant lui en 1672 – probablement que d’autres enfants sont nés entre temps et après Charles, mais je n’en ai pas trouvé la trace.

On retrouve Charles à l’âge de 34 ans en 1710 lors de son mariage avec Marie Catherine DELAMOTTE une jeune femme de Charleville, de 11 ans sa cadette. L’acte de mariage ne nous permet pas de connaitre la fonction qu’occupait Charles en 1710, en revanche, il est qualifié d’avocat au parlement à la naissance de sa fille Jeanne 3 mois plus tard – le mariage avant donc été consommé avant même qu’il ait lieu ! On retrouve cette même qualification pour la naissance de son second enfant en 1711, Jean Nicolas, mon ancêtre.

Acte de mariage de Charles PIERDHOUY et Marie Catherine DELAMOTTE du 18 janvier 1710 à Charleville (source: AD08)

En 1717, la famille PIERD’HOUY se trouve à Château-Regnault. Charles y est qualifié de « Maitre Conseiller du Roi prévôt royal de Château-Regnault et dépendance ». C’est probablement pour cette fonction qu’il occupe dès 1716 qu’il a été amené à quitter Charleville et à s’installer dans ce petit village situé à une quinzaine de kilomètres au nord de sa ville natale.

En 1719, il est qualifié de lieutenant de la maîtrise particulière des eaux et forêts de Château-Regnault. Finalement, la famille PIERDHOUY va retourner sur Charleville: Charles occupe toujours la même fonction, ce qui va l’amener à se déplacer en Champagne et par la suite devenir président des juridictions des juges d’appels des terres franches de Revin et de Fumay.

Extrait de la Carte particulière des environs de Philippeville, Charlemont, Marienbourg, Rocroy, Charleville, Mezières, Sedan etc, 1712 (source: Gallica)

« Lieutenant de la maîtrise particulière des eaux et des forêts de Château-Regnault »: késako? Sous l’ancien régime, la maîtrise des eaux et des forêts est le nom donné à la juridiction (à l’administration) chargée de la gestion, de la surveillance, de la justice et de l’exploitation (comprenant notamment les activités de la pêche et la chasse) des eaux et des forêts du royaume. Cette administration prend forme au début du XIIIe siècle et s’organise sous le règne de Philippe Le Bel à la fin du siècle. Son fonctionnement va connaitre de nombreuses évolutions au fil des siècles, et en particulier sous Colbert au XVIIe siècle. Le territoire est divisé en plusieurs grandes maîtrises et en maîtrises particulières, qui s’organisent autour de plusieurs officiers: un maître particulier, un lieutenant, un procureur du roi, un garde marteau (chargé de marquer les arbres qui sont à abattre) et un arpenteur. Jean De La Fontaine, illustre poète français, était par ailleurs maître des Eaux et Forêts de Château Thierry au milieu du XVIIe siècle.

Carte des maîtrises des Eaux et Forêts en 1689 (source: Gallica)

En 1720, le royaume compte 17 grandes maîtrises et plus d’une centaine de maîtrises particulières. C’est à cette période que l’on retrouve Charles PIERD’HOUY, occupant la charge de lieutenant de la maîtrise particulière de Chateau-Regnault, qui se rattache alors à la grande maîtrise de Metz – elle appartenait auparavant à celle de Champagne – et qui compte d’importantes forêts. Au moment où il prend ses fonctions, le maître est Nicolas DUBOIS DE MIRET, un noble, que Charles assiste dans ses tournées, audiences et décisions.

Les reformes menées par Colbert et l’ordonnance de 1669 qui en découle précisent que tout officier doit être âgé de plus de 25 ans, et que les lieutenants peuvent cumuler une autre charge – ce qui est le cas de notre Charles qui sera également président des juridictions des juges d’appels de Fumay et de Revin. Aussi, après 1669, les charges ne peuvent plus se transmettre de façon héréditaire ou par alliance – ce qui se faisait couramment avant cette date.

Signature de Charles PIERDHOUY en 1711

Charles PIERD’HOUY occupera la fonction de lieutenant de la maîtrise particulière de Château-Regnault jusqu’en 1742. Bien que cela ne soit pas mentionné comme tel sur les actes des registres paroissiaux où Charles PIERDHOUY apparait, la monographie de Château-Regnault indique qu’il était Maître particulier. Il quittera la ville pour retourner à Charleville à la fin des années 1720 et être auprès du Prince de Condé en tant que conseiller.

Château-Regnault, 1640 (source: Gallica)

Il décède à Charleville à l’âge de 71 ans, le 12 décembre 1747. Son fils Jean Nicolas sera quant à lui secrétaire d’Edmond Coulon, Grand Maître des Eaux et Forêts de France au département de la généralité de Metz et frontière de Champagne. La Maîtrise des Eaux et des Forêts prendra fin sous la forme que l’on a vu précédemment à la suite de la révolution et sera remplacée par plusieurs administrations tout au long du XIXe siècle. Aujourd’hui en France, c’est l’Office Nationale des Forêts (ONF) qui est chargée de la gestion et de la protection des forêts.

Sources:
- La vie quotidienne d’un Grand-Maître des Eaux et Forêts au XVIIIe siècle, Raymond Viney 
- La table de marbre du Parlement de Metz, 1679-1790
- Dictionnaire raisonné des eaux et forêts, tome premier, par M. Chailland, ancien procureur du Roi en la maîtrise de Rennes, 1769
- Conférence de l'ordonnance de Louis XIV du mois d'août 1669, sur le fait des eaux et forêts.
- Grande maîtrise des eaux et forêts sur BNF DATA

4 réflexions sur “#ChallengeAZ : E comme Eaux et forets

  1. fannynesida 6 novembre 2023 / 21 h 05 min

    Au sommet de la hiérarchie donc, j’avais potassé ce sujet pour mes modestes garde-ventes en forêt de Coucy

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