#ChallengeAZ : Z comme Ze Last

Dernier article du ChallengeAZ 2023 !Mes racines ardennaises et les rameaux que nous avons pu voir tout au long de ce challenge m’ont amené à un cousinage avec une personnalité du XVIIe siècle: Colbert, le célèbre ministre des finances de Louis XIV. Voyons aujourd’hui comment je suis arrivée à ce cousinage. Petit indice: pour cette filiation j’ai remonté le lignage maternel !

Colbert par Lefebvre Claude en 1662 (source: histoire-image)

Jean Baptiste Colbert est né le 29 août 1619 à Reims. Il est le fils de Nicolas COLBERT (1590-1661), marchand et banquier de Reims, et de Marie PUSSORT (1590-1614). C’est la famille de cette dernière dont les origines prennent racines dans les Ardennes, et plus précisement à Rethel.

Acte de baptême de Colbert à Reims, paroisse Saint-Hilaire (source: AD51)

Rethel… vous me voyez venir? C’est là où vivaient une grande partie de mes ancêtres ardennais. Marie PUSSORT est donc née en 1598 à Rethel. Son père, Henry de PUSSORT (1566-1643) y est marchand de vins. C’est à Rethel qu’il va faire fructifier ses affaires, et cela va lui permettre d’acquérir de nombreuses seigneuries dans les localités alentours, comme par exemple la Seigneurie de Cernay en 1612. Vers 1617, on retrouve la famille PUSSORT à Reims, ville natale d’Henry. Là bas, il va participer activement aux affaires publiques et commerciales de la ville. Il décède en 1643 et sa femme, Nicole MARTIN (v 1578-1662), va reprendre les affaires de son mari mais également celles de l’un des ses fils parti vivre à Paris.

Henry de PUSSORT (1566-1643)

Nicole MARTIN décède près de 20 ans après son époux, en 1662 à Reims. L’acte de décès nous apprend qu’elle est née vers 1578 – le curé qui procède à son inhumation indique que la défunte est âgée de 84 ans. C’est grâce à un acte notarié de 1629 passé à Reims que la filiation de Nicole MARTIN est connue: elle est la fille d’Antoine CAMART, maire de Rethel décédé en 1621 et de Claire CAMART, toujours en vie au moment de l’acte.

Acte d’inhumation de Nicole MARTIN (source: AD51)

C’est Pierre et Charles HOZIER, avec l’aide de leurs tableaux généalogiques que l’on trouve dans les Carrés d’Hozier, qui vont me faire connaitre les parents de Claire CAMART – de nombreux arbres en ligne m’avaient déjà indiqué des noms, mais je n’avais jusque là pas trouvé de sources fiables.

Michel CAMART et Barbe WYRIOT sont les parents de Claire, et, surprise, ce sont mes ancêtres à la seizième génération ! En effet, j’étais parvenue jusqu’à ce couple lors des recherches sur mes mes ancêtres issus de la lignée des BOUCHER DE CREVECOEUR.

Maintenant que nous savons de quelle manière je cousine avec Colbert, revenons à Michel CAMART. Né vers 1520, Michel CAMART va être procureur en l’élection de Rethel puis procureur général du Duché du duc de Nevers. En 1588, il est nommé trésorier du duc Louis de Gonzagues. Marié à Barbe WYRIOT, il va avoir au moins cinq enfants:

  • Pierre (v 1551-1636), époux de Nicole BOUCHER (1571-1634), fille de Jean BOUCHER DE CREVECOEUR, mon ancêtre, et Anne WATELET.
  • Gilles (1571-1624), général des Minimes de Rethel.
  • Claire, épouse d’Antoine MARTIN, arrières grands parents de Jean Baptiste COLBERT.
  • Marie Anne, épouse de Nicolas OUGNON, mes ancêtres.
  • Charlotte, épouse d’un certain Monsieur ROBILLIART.

Michel et sa famille vont vivre à Rethel durant des temps troublés par les guerres de religions qui va opposer catholiques et huguenots. La famille CAMART, bien que ses membres aient occupés de très hautes fonctions, ne semble pas avoir appartenu à la noblesse. D’aucun d’eux ne se désigne écuyer, et leurs armoiries restent inconnues. Cette branche sera par ailleurs remplacée par d’autres familles, pour attribuer une noble ascendance à Colbert.

#ChallengeAZ : Y comme Y’a usurpation !

Si, comme nous l’avons vu hier, les parents de mon ancêtre Marguerite SIMONNET sont connus, rien n’est moins sur lorsqu’on remonte les générations de cette famille.

Les historiens qui se sont penchés sur les origines de la famille SIMONNET s’accordent à dire avec certitude que ses membres les plus anciens sont Jean SIMONNET, né vers 1500 et décédé entre 1548 et 1555 et sa femme Marguerite PEUCHET, née vers 1500 et décédée vers 1575. Tous deux sont mes ancêtres à la 17ème génération et sont les grands-parents de Marguerite SIMONNET dont nous avons pu découvrir le portrait dans l’article d’hier.

Jean SIMONNET était de son vivant maire de Rethel. A cette époque, le maire est celui qui administre la ville pour le compte d’un seigneur et fait l’intermédiaire entre ce dernier et les habitants. Cette charge pouvait être héréditaire, et elle était très souvent portée par l’élite de la ville. Enfin, le maire n’avait pas la même fonction d’une ville à l’autre. En ce qui concerne notre sujet du jour, les SIMONNET seront à la tête de la mairie de Rethel jusqu’en 1591.

Jean Boucher de Crèvecoeur, historien du XIXe siècle que nous avons déjà mentionné lors des précédents articles, apporte des précisions concernant les mairies (ou fiefs) héréditaires. Il nous dit la chose suivante dans son article Un fief-office: la Mairie héréditaire de Rethel:

« De nos jours en France, le maire est un élu de la population désigné par les autres conseillers municipaux pour administrer sa commune et c’est en même temps un officier public investi sur place d’une autorité de l’Etat. Sous nos rois, au nord du royaume, dans les villes, parfois fort petites, qui avaient obtenu une charte de bourgeoisie, ces deux sortes de pouvoir, bien précisés dans la charte, étaient séparés et attribués à deux instances différentes: un corps d’échevins, généralement élus, administrait la ville et avait les prérogatives inhérentes aux franchises des bourgeois; d’autre part le seigneur du lieu nommait un officier appelé maire ou mayeur, pour y exercer la puissance féodale qu’il s’était réservée. […] Dans Rethel, son chef-lieu, le comte, en raison de l’importance de la ville, avait même établis plusieurs maires qui se partageaient la gérance des affaires seigneuriales. La plupart n’étaient que des fonctionnaires précaires tenant leur office à ferme: le maire forain par exemple. Un seul avait le sien en fief, le maire héréditaire; investi de responsabilités publiques essentielles, il avaient la prééminence sur tous les autres. »

Rethel, XVIIe siècle (source: AD08)

L’ascendance de Jean SIMONNET est moins certaines, et plusieurs « versions » lui sont prêtées. En effet, lorsque j’ai commencé mes recherches sur la famille SIMONNET, j’ai tout de suite trouvé des sources indiquant son appartenance à la noblesse. C’est en réalité plus complexe. Voyons cela de plus près.

Dans un premier temps, revenons à notre couple: Jean SIMONNET et sa femme. C’est par ce couple et leur descendance que je cousine avec les grands noms de champagne (Ruinart, Moët, Veuve Clicquot…). Ensemble, ils vont avoir quatre enfants:

  • Marie, née vers 1522 et décédée vers 1581. Des arbres en ligne indiquent une naissance en 1517 à Bar-le-Duc, mais je n’ai pu vérifier cette information. Elle épouse vers 1536 Nicolas GODINOT, marchand à Reims, avec qui elle va avoir au moins quatre enfants. Nicolas GODINOT décède un peu moins de vingt ans après leur mariage, et Marie va épouser en seconde noces Ménault DE LA SALLE en 1555.
  • Nicole, née vers 1523. Elle épouse Christophe CACHETTE, marchand bourgeois et échevin de Reims avec lequel elle va avoir trois enfants.
  • Nicolas, mon ancêtre, le père de Marguerite, né vers 1525 et décédé avant 1585. Nous y reviendrons après.
  • Jeanne, née vers 1528 et décédée avant 1559. Elle se marie en 1554 avec Jacques BOUCHER DE RICHEBOURG, père de la branche DE RICHEBOURG dont nous avons déjà évoqué la famille au cours de ce challenge : Jeanne est sa première femme et le couple n’a à priori pas eu d’enfants.

Continuons avec mon ancêtre Nicolas. Il va posséder des charges à la mairie de Rethel ainsi que les seigneuries de Soreau (aujourd’hui hameau de Sorel à Damouzy), de Singly et de la Granville, ainsi qu’une partie de la seigneurie d’Inaumont. Avec sa femme Marguerite TAMISON, il a eu pas moins de neuf enfants. Parmi eux il y a Jean, leur fils aîné, qui va perpétrer le nom des SIMONNET au fil des siècles grâce à sa descendance.

Ludovic, duc de Gonzague (1539-1595)

Jean l’aîné est né vers 1550 et est décédé en 1614 à Rethel. Seigneur de La Granville, de la Lobbe, de Singly et de Moussy, il va posséder de nombreuses charges dans le Rethelois et être commissaire général de l’armée du Duc de Gonzague. Jean va étudier le droit, probablement en la ville de Reims, avant de rejoindre l’armée de Ludovic de Gonzague, où il va occuper la fonction de commissaire.

Il va également, semble-t-il, occuper des fonctions à la mairie de Rethel dès 1571 et jusqu’en 1591, date à laquelle cette charge n’appartient plus à la famille SIMONNET. Il va posséder la seigneurie de Granville échue par son père ainsi qu’une partie de celle de Singly. Concernant la seigneurie de La Lobbe, il l’obtiendra de la succession de son beau père Jean ROLLAND avec le rachat des parts de se belle soeur Marguerite ROLLAND. Au fil des années, Jean va assoir la puissance et la fortune de la famille SIMONNET.

Il épouse par contrat le 3 septembre 1581 la jeune Gillette ROLLAND de quatorze ans sa cadette. La couple va avoir six enfants, dont deux fils, Jacques et Charles, qui vont poursuivre sur la même lancée que leur père et faire un peu plus rayonner et élever le nom de la famille SIMONNET dans le Rethélois. Concernant ce contrat de mariage, aucun acte original ni copie ne sera fourni par les descendants du couple pour la grande enquête sur les preuves de noblesse: l’acte – avec la filiation de Jean – s’est comme évaporé ! Cependant, du temps où il était vivant, rien ne qualifiait Jean SIMONNET d’écuyer, marque d’appartenance à la noblesse. Il était désigné dans les actes comme étant noble homme, c’est à dire une dénomination montrant un rang social appartenant davantage à la bourgeoisie, grâce à la possession de quelques seigneuries et de charges au sein de la ville. Ce sont ses petits enfants qui vont lui attribuer le terme d’écuyer.

Fidèle au Duc de Gonzagues, dont il est l’avocat général et le bailli, et à Henri IV, Jean prend position lors de la guerre civile qui opposent les catholiques et les protestants et qui va faire rage partout dans le royaume et dans le Rethélois à la fin du XVIe siècle. Dès 1589 les tensions s’accentuent. En effet, les habitants sont sommés de se positionner en adhérant à la Ligue (l’union des catholiques). Jean ne signera pas l’acte d’adhésion. Les villages sont pillés, les églises dégradées et les habitants s’enferment chez eux et se protègent avec des armes. Jean SIMONNET va fuir Rethel avec plusieurs de ses concitoyens: trois de ses maisons seront incendiées. Cinq ans plus tard, il sera de retour dans la ville. Il y décède le 28 mars 1614, quatre ans après l’assassinat d’Henri IV.

Procession de la Ligue sur la place de Grève, Anonyme, vers 1590 (source: Paris Musées Collections)

Son fils Charles, né vers 1596 et décédé en 1635, va posséder à partir de 1619 la seigneurie de Singly et de La Lobbe grâce un transport de la part de son frère Jacques, l’aîné, seigneur de Granville et de Bellair, effectué à son profit. Parmi les quatre enfants que Charles va avoir avec sa femme Jeanne MERCIER, il y a deux garçons, Jacques Maximilien (1622-1699) et Nicolas (1628-1694). Tous deux vont partager les seigneuries de leur père: le premier va être à la tête de la branche des SIMONNET DE SINGLY tandis que le second va être à la tête de celle des SIMONNET DE LA LOBBE. Ceux deux là, bien qu’ils n’aient pas connu leur grand-père Jean décédé en 1614, vont tenter de lui donner ses lettres de noblesse et dorer le blason de la famille SIMONNET.

Valentine VISCONTI, duchesse de Milan (1368-1408)

Alors qu’ils jouissent tous deux du titre d’écuyer (titre que portait déjà leur père avant sa mort), ils sont condamnés par jugement le 24 mai 1668 comme usurpateurs de noblesse – ce qui ne signifient pas qu’ils n’appartiennent pas à la noblesse: ils peuvent tout simplement ne pas avoir produit les titres demandés lors de la grande enquête sur la noblesse lancée par Caumartin! Ils se voient infliger 500 de livres d’amende chacun ainsi qu’une taxe de 3 livres de tailles. Face à cette condamnation, ils vont saisir le conseil d’état et produire les titres requis. L’ascendance des SIMONNET est toute trouvée: le premier du nom est Guiot, arrivé d’Italie, un gentilhomme milanais, premier écuyer de la duchesse de Milan qu’il a suivi en France lors de son mariage avec le duc d’Orléans en 1389.

La descendance de Guiot ne va compter que d’écuyers et de gentilshommes jusqu’à Jean SIMONNET, qui serait son arrière petit-fils, notre maire de Rethel et mon ancêtre, point de départ de cette article.

Parmi les titres que les deux frères vont produire, plusieurs vont concerner leur grand-père Jean, avec la qualification d’écuyer. Cependant, ils ne fourniront rien concernant les générations plus éloignées. Comme énoncé plus haut, ils ne fourniront pas non plus le fameux contrat de mariage qui aurait du faire paraitre une partie de l’ascendance de Jean.

Généalogie de Jean SIMONNET établie par ses descendants Jacques Maximilien et Nicolas

C’est également à ce moment là que les armoiries sont enregistrées par Jacques Maximilien SIMONNET:

Armoiries des SIMONNET

Finalement, et malgré la production de pièces n’allant pas au delà de la génération de Jean SIMONNET, la famille est admise dans la noblesse en 1671 par arrêté du Roi et elle y est maintenue en 1679, faisant de Jacques Maximilien et Nicolas et leur descendance des nobles. Cependant pour les historiens qui se sont penchés sur cette famille, le doute subsiste concernant l’ascendance de Jean SIMONNET et la filiation supposée avec le milanais Guiot SIMONNET. En effet, si il existait bien des SIMONNET en Champagne au XVe siècle et même avant, rien n’indique qu’ils soient les ancêtres de nos SIMONNET – qui eux même n’ont pas réussi à en fournir les preuves.

Jean Boucher de Crèvecoeur, qui a étudié cette famille, pense qu’il est plus probable que celle ci descende d’une famille plus modeste, et dont ses membres ont pris de l’importance dans le Réthélois dès le XVIe siècle.

Sources:
- Maires, prévôts, doyens, les intermédiaires entre seigneurs et exploitants, Nathalie Verpaux
- Un fief-office: la mairie héréditaire de Rethel, Revue Historique Ardennaise, Jean Boucher de Crèvecoeur, n°9, 1974, p.69-80
- Famille de RETHEL: les SIMMONET, Revue Historique Ardennaise, Jean Boucher de Crèvecoeur, juillet-décembre 1971, n°6, p.1-49
- Revue de Champagne et de Brie, volume 2, 1890
- Histoire de la ville de Rethel, depuis son origine jusqu'à la révolution, Emile Jolibois, 1847

#ChallengeAZ : X comme XVIe siècle

Nouvelle semaine, nouvelle famille ! Et pour commencer nous allons voir aujourd’hui et demain la famille SIMONNET, qui est une famille alliée des BOUCHER. Ces deux familles se croisent et s’entremêlent à l’occasion de plusieurs mariages, et c’est de cette façon là que mon arbre se prolonge sur une des branches de la famille SIMONNET, appartenant à priori à la noblesse Champenoise.

En effet, c’est grâce au mariage de mon ancêtre Jean BOUCHER DE CREVECOEUR (1533-1598), Seigneur de Crèvecoeur et de Sorbon, et de Marguerite SIMONNET (1552-1635), que l’alliance s’inscrit dans ma généalogie.

Si l’ascendance de Marguerite n’est pas tout à fait certaine – et ce sera l’objet de l’article de demain – je sais qu’elle est née en 1552 à Rethel et qu’elle est l’un des neuf enfants du couple formé par Nicolas SIMONNET (1525-<1585), marchand à Rethel, seigneur de Singly et de Granville, et Marguerite TAMISON (v 1525-?).

Lors de mes recherches sur la famille SIMONNET, j’ai eu le bonheur de découvrir un portrait de mon ancêtre Marguerite SIMONNET dans l’un des articles dédiés à cette famille. Cet article date de 1979 et a été écrit par Jean BOUCHER DE CREVECOEUR, descendant de notre Jacques BOUCHER DE PERTHES, et publié dans la Revue Historique Ardennaise. Pour illustrer son récit sur ses recherches, Jean BOUCHER DE CREVECOEUR y a inséré un portrait de Marguerite datant probablement du XVIe siècle et qui est resté dans sa famille. De cette façon, il est le plus ancien portrait que je possède d’un de mes ancêtres.

Un grand merci au bénévole du FDA qui m’a envoyé l’article et dans lequel j’ai trouvé ce portrait (source: AD08, Famille de RETHEL: les SIMMONET, Revue Historique Ardennaise, juillet-décembre 1971, n°6, p.1-49)

On peut y lire: « Damoiselle Marguerite Symonnet agée de 83 ans décédée le 19 mars 1633 veuve de feu Me Jean Boucher en son vivant receveur pour le roy en l’éléction de retellois aussi agé de 65 ans qui deceda le 22 avril 1598 lad. damoiselle a laissé cent et quinze enfans. »

Demain, je ne vous parlerai pas de cette Marguerite sur laquelle j’ai au final que peu d’informations. Je vous parlerai de la façon dont les SIMONNET se sont rattachés à la noblesse…

Marguerite SIMONNET
2. Jacques BOUCHER
3. Michelle BOUCHER DE CREVECOEUR
4. Marguerite DE VIE DE LA HORGNE
5. Jean Baptiste LAIGNIER
6. Nicolas Jean Baptiste LAIGNIER
7. Marie Magdelaine LAIGNIER
8. Marie Sophie PIERD'HOUY DUSAUSSY
9. Marie Barthélémy Victor COUTIER
10. Ludovic COUTIER
11. Louis COUTIER
12. Anne Marie COUTIER
13. Ma grand-mère maternelle
14. maman
15. moi

#ChallengeAZ : W comme What a story

Amis passionnés d’histoire, vous avez probablement déjà entendu parler du père de la préhistoire: j’ai nommé Jacques BOUCHER DE PERTHES. Peut-être même avez vous pensé à lui lorsque j’ai évoqué ma branche BOUCHER DE CREVECOEUR ! Hommage donc à ce grand personnage de l’histoire avec qui je cousine. Dressons ensemble son portrait et celui de sa famille pour l’article de ce jour.

Avant Jacques BOUCHER DE CREVECOEUR, il y a son père, Jules Amand Guillaume BOUCHER – surnommé J.A.G. par Jean Boucher de Crèvecoeur son descendant, historien local et familial.

Jules Amand Guillaume BOUCHER est né le 28 juillet 1757 en Bourgogne, à Paray-le-Monial. Ses parents, Pierre Joseph et Madgelaine Henriette ROZE (tous deux cousins germains) sont descendus vivre un peu plus au Sud du Grand Est où ils ont grandi. Leur mariage est tout récent: unis très probablement à Château-Porcien en 1756, ce premier enfant est le fruit de la consommation de leur mariage. Pierre Joseph a déjà 43 ans et un premier mariage derrière lui. Son fils unique est décédé en avril 1756 à l’âge de 4 ans tandis que sa jeune épouse est décédée trois ans plus tôt en 1753. Ayant bénéficié d’une riche éducation à Reims puis à Paris, Pierre Joseph s’est destiné à la finance. A l’âge de 25 ans, il est déjà contrôleur général des aides et en 1756, au moment de son second mariage, il est contrôleur général des finances au département de Châlons-sur-Marne. Malheureusement, le malheur frappe cette famille naissante et l’arrivée heureuse de J.A.G.: Pierre Joseph décède subitement des suites de maladie le 24 août 1757.

Orphelin d’un père qu’il n’a donc jamais connu, J.A.G. va vivre les quinze premiers mois de sa vie en nourrice avant de partir pour Rethel avec sa mère, jeune veuve, retournée auprès de sa famille proche. A l’âge de 8 ans, il intègre le collège de Juilly non loin de Meaux. Appartenant à l’Académie Royale sous l’ancien Régime et fonctionnel jusqu’en 2012, ce collège – l’un des plus anciens de France – est aujourd’hui à l’abandon.

Le collège de Juilly en 1824 (source: wikipédia)

En avance dans les études, J.A.G. sort du collège de Juilly et intègre le collège de Reims où ses aïeux ont reçu une instruction de qualité. Il va étudier les mathématiques, le dessin, la peinture et s’initier à la musique. Destiné à la finance depuis tout petit , sa mère le remettra sur cette voie et sur les traces de son père quand à l’âge de 17 ans il rêve davantage d’occuper des fonctions militaires et redorer le blason de sa famille. Sa volonté ne sera pas satisfaite et il a 21 ans seulement lorsqu’il est nommé contrôleur général du département de Châlons-sur-Marne. Muté à différents endroits et à différentes fonctions, c’est à Paris qu’il se fixe. Dans la capitale, lorsqu’il ne travaille pas, il se balade dans les rues et les parcs, arpente les bibliothèques, fréquente ses cousins et cousines qui eux-même fréquentent le beau monde parisiens. Il aiguise son goût pour les arts et découvre les sciences naturelles, passion qui occupera une grande partie de sa vie.

Dessin de JAG du XXe siècle d’après un portrait de 1786 détruit en 1940 (source: Jean Boucher de Crèvecoeur dans « JAG: l’art de vivre à travers douze révolutions », 1964)

Après un passage chez un cousin à Soissons, il s’établi à Sète dès 1785 et pour trois années où il est nommé contrôleur général, tandis que sa mère, demeurant toujours à Rethel, ainsi que ses proches, réfléchissent à le marier. Après plusieurs tentatives échouées pour allier J.A.G. à des jeunes filles de bonne famille et de noble condition, il épouse à Paris en 1787 Marie Stéphanie DE PERTHES de dix ans sa cadette. Le mariage est célébré en grande pompe à l’hôtel de Lusignan où est présente une partie du gratin de la finance de la fin du XVIIIe siècle. Le mariage est très prometteur et rattache J.A.G. à la noblesse dont sa propre famille, faute de reproduction et d’enregistrement de titres, s’était éloignée. Marie Stéphanie DE PERTHES est la petite fille d’Adrien DELAHANTE (1714-1748), maître des eaux et des forêts de duché de Valois de son vivant, et la nièce de Jacques DELAHANTE (1717-1792), fermier général du roi, dont la fortune est considérable. L’avenir s’annonce sous les meilleurs auspices pour notre J.A.G. Cela était sans compter sur les temps troubles qui allaient toucher de plein fouet les plus privilégiés du royaume.

Adrien DELAHANTE (1714-1748) (source: Une famille de finance au XVIIIe siècle, tome 1, Adrien Delahante, 1880)

En attente d’obtenir le poste de directeur des fermes de Soissons qu’il convoite et où sa belle-famille tente de le placer, J.A.G. regagne Rethel avec sa jeune épouse et est nommé à Aubenton: le couple s’installe à Rozoy-sur-Serre, non loin de Rethel. C’est dans la maison qui appartenait à son grand père que sa femme met au monde le 10 septembre 1788 son premier garçon prénommé Jacques, notre futur Jacques BOUCHER DE PERTHES.

Maison où est né Jacques Boucher de Perthes à Rethel (source: delcampe)

Les premières années de la vie de Jacques sont marquées par les évènements révolutionnaires qui secouent la France. Si son père, J.A.G., se pense en être épargné – voyant les finances du royaume s’écrouler, il partage les idées de réformes profondes nécessaires, mais il pense cependant que c’est au Roi de les mener -, la Ferme générale est supprimée, et il perd son poste le 20 mars 1791. Sa fortune est alors menacée par la faillite.

J.A.G. et sa famille vont trouver refuge un temps chez sa mère Madeleine Henriette et ce quelques mois avant d’obtenir un poste – par l’intermédiaire de sa belle-famille – d’inspecteur principal des douanes à Saint-Valéry-sur-Somme et partir définitivement pour Abbeville qu’il ne quittera plus. En réalité et au moment de son départ, J.A.G. voit en cet éloignement des terres familiales une certaine sécurité compte tenu de l’histoire de sa famille, dont ses membres anciens appartenaient à la noblesse champenoise. Il ne lui sera donc pas difficile de cacher ses origines dans une ville où il est inconnu. Il est d’autant plus protégé que, souvenez-vous, le nom qu’il porte a perdu la mention de son fief avec Ponce BOUCHER DE CREVECOEUR qui n’avait pas fait enregistrer ses armes. Cependant, les années 1790 dans la Somme ne seront pas tout à fait tranquilles. La terreur règne et J.A.G. vivra durant ces années sous une menace invisible avec la peur de se faire rattraper pour un passé qu’il n’a pas connu.

Jacques, surnommé Coco par sa famille, va grandir rue Saint-Gilles à Abbeville. Ses parents vont être en difficulté pour donner une instruction et une éducation digne de ce nom à lui et ses frères et soeur, dans une période où la plupart des institutions et des collèges sont fermés. Doté d’un esprit rebelle et peu discipliné, Jacques va causer du soucis à ses parents qui ne voient rien de très prometteur dans l’avenir de leur aîné. Mis en pension, il va passer des années douloureuses où punitions et châtiments corporels seront son quotidien de mauvais élève.

Après sept années d’échecs à la pension, J.A.G. va placer son fils au bureau de la douane en tant que copiste. Sous ordre de Napoléon, Jacques fera ensuite un temps en mer, et se rêvera marin.

Jacques BOUCHER DE PERTHES (source: archeologie.culture.gouv)

En 1803, Jacques a 15 ans et il déménage avec sa famille à l’hôtel de Chépy au 27 rue des Minimes à Abbeville. Nommé commis de son père, il ne s’investira pas du tout dans ses tâches et dans le travail. J.A.G., voyant son fils courir à sa perte à Abbeville, va l’extraire du bureau des douanes et l’envoyer chez le beau-frère de l’un de ses amis directeur des douanes, à Marseille. Loin de sa famille, il va vivre durant trois ans à Gênes et être vérificateur des douanes à Livourne. Cette fois-ci, Jacques s’épanouit. Il se montre sérieux dans son travail et apprécié de ses chefs. Métamorphosé de ce séjour en Italie et de cet éloignement familial, Jacques est nommé en 1812 sous directeur des Douanes à Paris. En 1825, alors que son père se fait vieux et que son successeur à la direction des douanes d’Abbeville doit être nommé, Jacques parvient à obtenir ce poste. Il revient dans sa famille 20 ans après en être parti, et regagne l’hôtel de Chépy où il pose ses valises.

Hôtel de Chépy (source: Bibliothèque municipale d’Abbeville)

Jacques BOUCHER DE PERTHES par Grévedon en 1831

A Abbeville, il fait preuve d’une grande curiosité – curiosité dont il était déjà piqué depuis son départ du foyer familial. Il s’instruit, écrit des poèmes, des contes, des pièces de théâtre, s’investi dans les sociétés savantes et scientifiques de la ville, en particulier dans la société d’Emulation d’Abbeville dont il va être président de 1830 à 1865. Au début des années 1840, il se découvre une nouvelle passion. Lors de balades régulières autour d’Abbeville, il s’éprend à rechercher l’origine de l’Homme: passionné de fouilles archéologique, il s’est mis en tête la quête des traces de ce qu’il appelle et théorise l’Homme antédiluvien – soit l’existence de l’homme avant le déluge. Il collectionne et analyse des pierres ainsi que des ossements: BOUCHER DE PERTHES croit que l’Homme a existé du temps des mammouths. Il est le premier à découvrir dans la vallée de la Somme une hache paléolithique, preuve qui confirme son hypothèse. C’est ainsi que, par le biais de ses recherches transcrites dans la publication de plusieurs ouvrages, il jette les bases et fonde la préhistoire avec d’autres de ses contemporains, malgré le scepticisme d’une partie de la communauté scientifique et le rejet d’autres – religieux mais également savants – d’une théorie qui va à l’encontre des textes sacrés.

En 1862, il participe à la fondation du Musée Gallo-Romain – aujourd’hui Musée National d’archéologie – qu’abritent les murs du château de Saint-Germain-en-Laye. Alors qu’il vit seul dans l’hôtel de Chépy – renommé l’hôtel Boucher de Perthes – depuis la mort de son père en 1844 (sa mère est quant à elle décédée en 1827) et le départ de ses frères suite à leur mariage, il en fait un musée où il y expose ses trouvailles issues du temps passé dans les fouilles de la région.

Collections du Musée Boucher de Perthes au sein de l’hôtel de Chépy (source: les amis du musée Boucher de Perthes

A la mort de Jacques le 5 août 1868, l’hôtel particulier est, telle sa volonté, légué à la ville. Il sera détruit lors de bombardements durant la seconde guerre mondiale, en 1940. Ce qui a pu être sauvé car évacué à temps, est aujourd’hui encore visible au Musée Boucher de Perthes, situé depuis 1954 dans les vestiges de l’ancien hôtel de ville d’Abbeville.

Jacques BOUCHER DE PERTHES, célibataire, ne laissera pas de postérité. Décoré de la Légion d’Honneur en 1863, il connaitra la consécration à la fin de sa vie. Il restera de lui un nom – plusieurs rues françaises portent son nom -, un personnage: « le père de la préhistoire ».

Sources:
- J.A.G.: l'art de vivre à travers douze révolutions, Jean Boucher de Crèvecoeur, 1964
- Une famille de finance au XVIIIe siècle, tome 1, Adrien DELAHANTE, 1880
- Une famille de finance au XVIIIe siècle, tome 2, Adrien DELAHANTE, 1881
- Jacques Boucher de Perthes et la société d'émulation d'Abbeville, INA

#ChallengeAZ : V comme Crè(V)ecoeur

Comme nous l’avons vu ces derniers jours, j’ai dans mon arbre une famille de la vieille noblesse de Champagne. C’est par le biais des parents de Marguerite Paquette DE VIE DE LA HORGNE (1648-1726) que je rejoins la branche des BOUCHER DE CREVECOEUR et plus particulièrement grâce à la mère de Marguerite. En effet, Michelle BOUCHER DE CREVECOEUR, produit de la noblesse du XVIIe siècle, va épouser Jean Baptiste DE VIE DE LA HORGNE, roturier possédant plusieurs seigneuries aux environs de Rethel. Comme nous l’avons évoqué, en remontant les branches, j’ai découvert différents rameaux de la famille BOUCHER. Après avoir vu l’une de ces branches avec les BOUCHER D’AVANCON, nous allons découvrir aujourd’hui la branche qui me concerne et où se trouvent mes ancêtres, avec la branche des BOUCHER DE CREVECOEUR.

Pour rappel, les trois branches des BOUCHER descendants de Guiot BOUCHER

Jean BOUCHER DE CREVECOEUR est le frère de Jacques BOUCHER DE RICHEBOURG dont nous avons évoquer la descendance avec les BOUCHER D’AVANCON. Si de nombreuses pièces justifiant l’ascendance des BOUCHER ont été détruites lors de la guerre franco-espagnole des années 1640 dont la Champagne fut le théâtre, les informations concernant la descendance de ces deux frères sont davantage fournies. Malheureusement, c’est la Grande Guerre qui a fait disparaitre des sources plus contemporaines, comme une partie des actes paroissiaux des villes par lesquelles sont passés les BOUCHER.

A l’inverse des BOUCHER DE RICHEBOURG et D’AVANCON, les BOUCHER DE CREVECOEUR ne seront pas soumis à l’enquête sur la grande noblesse de la fin de XVIIe siècle. Ils n’ont pas été exemptés, non: il est plutôt probable qu’ils n’appartenaient plus à la noblesse à cette période là. C’est pour cette raison qu’on ne trouve rien du côté du cabinet des titres. En revanche, il parait évident que cette famille appartenait à l’aristocratie champenoise de part les fonctions et les charges que ses membres occupaient.

Crèvecoeur sur la carte de Cassini (source: Gallica)

Jean BOUCHER DE CREVECOEUR serait né en 1533 dans le fief de Crèvecoeur à Alland’Huy. Le lieu de sa naissance est avancé par certains nobiliaires et est à prendre avec des pincettes. En effet, il obtient (probablement par acquisition) les terres de Sorbon et de Crèvecoeur, ces dernières n’étant pas en possession de se famille au moment de sa naissance – les BOUCHER vivaient à cette époque à priori sur la ville de Rethel, tout près de Crèvecoeur. Les terres très fertiles de Crèvecoeur sont morcelées et convoitées par de nombreux gentilshommes du Rethélois qui y voient là une certaine rentabilité. Nombreux seront donc ceux à en posséder une partie du XVIe au XVIIIe siècle, mais seuls les BOUCHER en conserveront l’étiquette et le titre au fil des siècles et jusqu’à aujourd’hui.

Ferme fortifiée de Crèvecoeur, le château n’existe plus (source: 300 château et maisons fortes des Ardennes… d’hier et d’aujourd’hui, Alain MEUNIER, 2000)

Marié une première fois à Anne WATELET avec qui il va avoir deux enfants, il se marie en secondes noces en 1570 avec Marguerite SIMONNET (1552-1635) dont nous parlerons pour notre lettre X. Le couple va avoir sept enfants, avec parmi eux mon ancêtre. Jean BOUCHER DE CREVECOEUR a donc eu:

  • Charles (1561-1619), conseiller et élu du Rethélois, sans postérité.
  • Nicole (1563-1634), épouse de Pierre CAMART, famille de mon arbre par laquelle je cousine avec Colbert comme nous le verrons lors du tout dernier article de ce Challenge. Le couple oeuvrera pour la fondation du couvent des Magnieuses à Reims, et qui restera dans la famille jusqu’à la Révolution.
  • Philippe (1571-1640), écuyer, seigneur de Crèvecoeur et de Perthes. Nous l’évoquerons lors de notre article de demain.
  • Jacques (1574-1646), mon ancêtre, marchand à Rethel.
  • Pierre (1578-1647), également marchand à Rethel, à priori sans postérité.
  • Marguerite (1579-?), qui va avoir pas moins de six enfants avec Jacques CANELLE.
  • Jean (1582-1642), dont les descendants seront seigneurs de Landenay et s’établiront à Reims.
  • Marie (1588-1637), épouse de Jean WATELET. Le couple va avoir une descendance assez importante puisque Marie vadonner naissance à treize enfants.
  • Jeanne (?-1648) épouse de Michel HARDY avec lequel elle aura trois enfants.

Tous les enfants de Jean passeront leur vie à Rethel. C’est par ailleurs dans cette ville qu’il décède le 22 avril 1598. Aucun BOUCHER de CREVECOEUR ne vivra sur les terres de Crèvecoeur.

(source: 300 château et maisons fortes des Ardennes… d’hier et d’aujourd’hui, Alain MEUNIER, 2000)

C’est son fils Philippe qui va hériter de la seigneurie de Crèvecoeur et il semble être le dernier à posséder ces terres. Il est également dit Seigneur de Perthes, dont les terres vont être transmises à son fils aîné Innocent (1600-1650). La particule « de Crèvecoeur » sera perdue avec son fils petit fils Ponce (1625) qui ne fera pas enregistrer ses armes en 1668: c’est probablement une des raisons pour laquelle cette famille ne sera pas concernée par l’enquête sur la noblesse de la fin du XVIIe siècle. La particule sera rétablie trois générations plus tard en 1836 au le tribunal civil de Boulogne par Jules Armand Guillaume BOUCHER DE CREVECOEUR (1757-1844). Surnommé JAG, nous aurons l’occasion de découvrir plus en détail ce personnage lundi.

Mon ancêtre Jacques, de par sa position dans la fratrie, ne bénéficiera d’aucune terre. C’est pourquoi on le retrouve marchand à Rethel tout au long de sa vie. Il épouse en première noce Catherine HARDY dont il n’aura pas d’enfant, puis en seconde noce Claire OUGNON, fille de Marie Anne CAMART – la famille CAMART qui fait que je cousine avec Colbert. Le couple aura cinq enfants:

  • Nicolas (1613-1684) dont le nom perdurera jusqu’en 1800 à Golaincourt.
  • Nicole (1619-1692)
  • Michelle (1623-1702)
  • Claire (1625-1625)
  • Michelle, mon ancêtre mariée à Jean Baptiste DE VIE DE LA HORGNE, par laquelle je raccroche à la famille BOUCHER

La semaine prochaine, nous terminerons cette série d’articles sur les BOUCHER avec l’un de ses plus illustre membre: Boucher de Perthes.

Sources:
- 300 château et maisons fortes des Ardennes… d’hier et d’aujourd’hui, Alain MEUNIER, 2000)
- De Rethel à Abbeville. Destin d’une famille : les Boucher de Crevecoeur. René ROBINET, Etudes Ardennaises, avril-juin 1965, n°41, p. 25-28
- Le fief de Crévecoeur à Alland'huy : son origine et ses seigneurs », Jean Boucher de Crevecoeur, RHA, 1973, tome 8, p.161-182

#ChallengeAZ : U comme Une mine d’informations

Nous continuons donc aujourd’hui la deuxième partie de notre récit concernant la branche des BOUCHER D’AVANCON, cousine de ma branche BOUCHER DE CREVECOEUR.

La famille et la descendance de Paul BOUCHER, qui a reçu les terres seigneuriales d’Avançon par son frère Charles, est tout à fait intéressante à étudier puisqu’on dispose d’un témoignage presque direct grâce à son petit fils Alexandre Paul Louis Nicolas BOUCHER qui a rédigé ses mémoires – véritable mine d’informations.

Signature de Paul BOUCHER en 1733

Paul BOUCHER, officier au régiment du Languedoc (tout comme son frère Charles), seigneur d’Avançon, va épouser Marie Thérèse DE VIE DE LA HORGNE – très probablement de la même famille que mes ancêtres du même nom – en 1733 à La Romagne. Le couple va avoir cinq enfants. Presque tous seront concernés par les troubles qui vont sonner la fin de l’ancien régime – rappelons ici que nous parlons d’une famille noble !

A la suite du décès prématuré de sa femme en 1744, Paul BOUCHER va devenir seigneur de Logny et de Cour Avril, terres que celle-ci avait reçue de son père Jean Baptiste DE VIE DE LA HORGNE, décédé en 1739. Paul va pouvoir compter sur ses enfants qui vont eux aussi honorer la famille BOUCHER.

Signature de Pierre Thomas Antoine Alexandre en 1773

Son fils aîné, Pierre Thomas Antoine, né en 1734 à La Romagne, va rapidement rentrer dans les ordres à l’âge adulte. Curé de Cormicy (51), de Poix (08) puis d’Avançon, il s’installe dans cette dernière bourgade, fief de sa famille, dès 1770. C’est chez lui que Paul BOUCHER, son père, finira ses vieux jours jusqu’à son décès en 1774. Notre curé va continuer à officier en cette paroisse jusqu’à la révolution: il s’exile en 1789 chez son frère à Bouillon (épisode que nous verrons un peu plus loin dans notre article) avant de retrouver les autres ecclésiastiques de son diocèse aux Pays-Bas. Les retrouvailles ne vont durer qu’un temps: l’armée française occupe le pays et Pierre Thomas Antoine BOUCHER s’enfuit à Hidelsheim en Allemagne où il va rester jusqu’en 1795. Finalement, il regagnera ses Ardennes natale et sa paroisse d’Avançon alors que tous ses biens auront été mis sous séquestre. Mais heureusement pour lui, grâce au soutient des habitants de la paroisse qui ne lui étaient pas tellement hostiles et grâce à l’appui de ses frères, il va pouvoir récupérer rapidement ses biens. En effet, il obtient d’être rayé des listes des émigrés de la Révolution en se faisant reconsidéré comme prêtre déporté – les prêtres déportés, bien qu’hostiles aux idées révolutionnaires, avaient été déplacés de façon contrainte et non délibérée. Après ces évènements, il ne reprendra jamais ses fonctions à la paroisse. Dernier survivant de sa fratrie, il décède à Avançon en 1810 à l’âge de 76 ans.

Eglise d’Avançon et son cimetière, visite en octobre 2023

Blason de la famille MIROY

Jean Baptiste Antoine BOUCHER est le deuxième fils de Paul, né à La Romagne en 1735. Comme son père, Jean Baptiste Antoine va servir le Roi. D’abord lieutenant puis capitaine au sein du Régiment provincial de Troyes en 1752, il va faire des campagnes avec le Grenadiers de Chantilly en 1757 et 1758. Il fait une dernière campagne en 1761 puis épouse en 1764 Marie Jeanne DEUIL (c 1731-1767). Le couple n’aura semble t-il pas d’enfants. Marie Jeanne décède en 1767 à Avançon et notre jeune veuf se remarie en 1770 avec Jeanne Louise MIROY (1743-1781), une jeune femme issue d’une grande famille d’avocats des Ardennes. Jean Baptiste Antoine va être rappelé sous les drapeaux pour intégrer le bataillon de Rethel du régiment Provincial de Châlons. Finalement, il est promu en 1776 au grade de sous-major du Roi au Château de Bouillon, situé aujourd’hui dans les Ardennes Belges et au XVIIIe siècle (et depuis 1679) appartenant au Royaume de France. Jean Baptiste Antoine s’y installe avec sa femme et l’un de ses fils. En effet, au moment où la famille BOUCHER quitte son fief d’Avançon pour le château de Bouillon, Jeanne Louise a déjà donné naissance à 3 enfants:

  • Notre Alexandre Paul Louis Nicolas, né en 1771. Il ne suit pas ses parents à Bouillon mais reste auprès de son oncle et de sa tante maternels qui le prennent en charge pour soulager sa mère Jeanne Louise MIROY à la santé très fragile. Nous y reviendront à la fin de l’article.
  • Jean Pierre Marie, né en 1773. Il partira avec ses parents pour le château de Bouillon.
  • Pierre Thomas Marie né en 1776 et n’ayant vécu seulement que deux jours.

Vue de la Ville et Château de Bouillon Capitale du Duché de ce nom, Remacle LE LOUP, vers 1735

Un nouveau drame touche notre écuyer puisque sa femme Jeanne Louise MIROY, décède au château de Bouillon en 1781, quelques mois après avoir donné naissance à un quatrième enfant. Jean Baptiste se retrouve à nouveau veuf à l’âge de 46 ans. Voyant sa fortune s’amoindrir à Bouillon, il se retire à Avançon. Il suit les évènements des années 1780 de près: tout comme son frère aîné Pierre Thomas Antoine pour le clergé, il prend part aux assemblées de la noblesse qui se tiennent à Reims au début de l’année 1789. J’ignore ensuite ce qu’il s’est passé pour lui lors de la Révolution. Il décède à l’âge de 63 ans le 2 octobre 1798 à Avançon.

Avançon (source: AD08)

Nicolas Paul Rémy BOUCHER est le troisième enfant et fils de Paul, né en 1737 à Avançon. Devenu boiteux à la suite d’un accident, il ne servira pas pour le Roi et vivra grâce au rendement de ses terres de Logny. Célibataire, il n’aura pas de postérité.

Née un an et demi après son frère, Marie Jeanne voit le jour le 10 juillet 1738 à Avançon. Elle épouse en 1768 Claude GILLET, seigneur de Luzy dans la Meuse et maitre-chirurgien. Le couple va s’établir à Stenay et aura six enfants dont deux seulement parviendront jusqu’à l’âge adulte. Après la mort de son mari, elle ira vivre à Cesse où elle décède en 1808.

Signature de Nicolas Paul Marie BOUCHER en 1788

Enfin, le dernier de la fratrie est Nicolas Paul Marie, né en 1740 à Avançon. Au service du Roi, il est fait capitaine du régiment provincial de Troyes le 1er mars 1773. Réformé trois ans plus tard, il se retire à Avançon où célibataire, il va vivre des terres qu’il possède. Son existence paisible est perturbée par les évènements révolutionnaires: il est enfermé à Château-Porcien. Libéré grâce à ses connaissances, il retourne vivre à Avançon où il décède subitement d’une attaque foudroyante en 1798, à l’âge de 55 ans.

La vie bien remplie des enfants de Paul nous a été relatée en partie par Alexandre Paul Louis Nicolas dans ses mémoires. Il est donc temps de s’intéresser à son parcours.

Signature d’Alexandre Paul Louis Nicolas BOUCHER en 1806

Comme nous l’avons vu un peu plus haut, Alexandre est le fils aîné de Jean Baptiste Antoine BOUCHER et de Jeanne MIROY. Né le 17 octobre 1771 à Avançon, il est mis en nourrice chez une habitante de la paroisse. Alors que son père a obtenu une place d’aide major du Roi au Château de Bouillon et qu’il s’apprête à quitter avec sa mère et son frère Jean Pierre Marie leur fief d’Avançon, Alexandre est pris en charge par son oncle et sa tante – également marraine – Pierre Louis MIROY et Jeanne PRUDHOMME. Sans enfants et vivant avec la soeur de Pierre, Suzanne MIROY, le couple accueille chez lui à Rethel le jeune Alexandre pour qui ils ont une grande affection. Sa jeune soeur Jeanne Marie sera également pris en charge par le couple en 1783. Au moment de son arrivée, Alexandre est déjà loin: il intègre avec l’appui de son oncle et de sa tante, qui visaient le meilleur pour lui, l’Ecole Royale Militaire de Rebais en Brie. C’est par ailleurs à cette occasion qu’il a du transmettre les preuves de noblesse de sa famille, les écoles militaires du royaume n’étant ouvertes qu’aux gentilshommes. Il devient Cadet Gentilhomme en 1786 et obtient son brevet de sous lieutenant en 1787, suite à quoi il intègre directement l’école militaire de Pont-à-Mousson près de Nancy.

La Révolution gronde: il est engagé au Régiment de Viennois en 1789 et s’exile l’année suivante au Pays-Bas avec d’autres hommes du régiment pour fuir l’obligation des révolutionnaires de prêter serment de fidélité à la Nation. Ainsi, il va servir durant plus de dix ans pour l’armée des Princes puis l’armée de Condé – deux armées formées par les émigrés qui vont combattre la Révolution Française en dehors de ses frontières – lors de différentes campagnes entre les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne. De retour à Avançon en 1802, il y reste jusqu’à son mariage à Nancy en 1806 avec Marie Félicité ROXARD. Le couple va avoir trois filles – seule la dernière vivra jusqu’à l’âge de 9 ans.

Combat de Quiberon en 1795, Jean Sorieul, 1850

Très proche de son frère Jean Baptiste et de sa soeur Jeanne, il va faire de nombreux voyages entre Avançon et Reims où vit son frère. Après avoir enterré sa dernière fille en 1821, sa femme décède à peine 7 ans plus tard.

Dernier porteur du nom et de la lignée des BOUCHER D’AVANCON, Alexandre va rétablir le prestige de sa famille et écrire ses mémoires. Ce sont 126 pages dactylographiées qui vont parvenir jusqu’à nous et en particulier aux descendants du couple formé par Marie Jeanne BOUCHER et Claude GILLET: Alexandre était proche de ses cousins germains – les petits enfants du couple – et il a fait d’eux ses légataires universels dans son testament. Ses descendants ont partagé les mémoires d’Alexandre sur geneanet et c’est grâce à eux que j’ai pu avoir autant d’informations pour mes recherches: je les en remercie chaleureusement.

Demain, nous évoquerons mes ancêtres: les BOUCHERS DE CREVECOEUR.

Sources:
- Les compagnies de cadets-gentilshommes et les écoles militaire, Léon Hennet

#ChallengeAZ : T comme Titres de noblesse

La famille BOUCHER D’AVANCON est une branche noble qui descend de mon ancêtre Guiot BOUCHER, seigneur des fiefs de Mont-de-Haye et de l’Eschelle au début du XVIe siècle. C’est de cette branche, qui est l’une des trois branche de la famille BOUCHER, dont nous allons faire l’état des lieux aujourd’hui et demain, avant d’évoquer la branche de mes ancêtres, avec les BOUCHER DE CREVECOEUR.

D’abord branche BOUCHER DE RICHEBOURG, elle devient BOUCHER D’AVANCON avec l’arrière petit fils de Guiot, René BOUCHER D’AVANCON (1609-1658). En effet, René et son frère Jacques vont se partager les terres familiales après la mort de leur père Jean Jacques en 1620, seigneur de Richebourg, de d’Avançon et de Drouilly. Jacques va garder la seigneurie de Richebourg tandis que René va conserver celle d’Avançon que son père avait acquis en 1615.

Avançon sur la carte de Cassini (source: geoportail)

Louis-François Le Fèvre de Caumartin par François de Troy (1685) (source: Wikipedia)

En 1668, suite à l’enquête sur la noblesse exigée par Louis XIV, la famille BOUCHER va fournir les pièces justificatives nécessaires à Louis-François Le Fèvre de Caumartin (1624-1687), intendant de Champagne dès 1667. En effet, Louis XIV lance une grand enquête sur la noblesse française, afin de mettre la main sur des usurpateurs du titre. L’appartenance à la noblesse donnaient des avantages, comme l’exception de la taille, impôt direct sous l’ancien régime, extrêmement impopulaire. Nombreux étaient donc ceux qui se faisaient passer pour nobles sur plusieurs générations: c’est donc dans cette objectif de régulation qu’intervient la grande enquête sur la noblesse qui commence dès 1666 et qui s’achèvera en 1727. Elle ne concernera cependant pas certaines provinces qui échapperont à ce contrôle. De plus, les ducs et pairs, les chevaliers de l’Ordre du Saint-Esprit et les grands officiers de la Couronne ne seront pas concernés par cette enquête.

De nombreux actes datant d’après 1560 (pour l’enquête, la filiation et les qualités nobles devaient remonter à plus de cent ans) sont transmis par les familles: vente, don, contrats ou extraits d’actes paroissiaux. Ces preuves vont leur permettre (ou non) d’être maintenus dans la noblesse et de conserver le privilège concernant l’exemption de la taille. Caumartin va établir la généalogie de la famille BOUCHER, Seigneurs de Richebourg et d’Avançon, à partir de ces actes et va conserver une copie des originaux. Une fois les preuves de noblesse fournies, la famille va être intégrée au Véritable catalogue des Gentilshommes du royaume. Les nombreux Nobiliaires (dont celui de Caumartin) vont retranscrire la généalogie de cette branche des BOUCHER à partir de ce travail.

Généalogie de BOUCHER, Seigneurs de Richebourg et d’Avançon en Champagne, établie par Caumartin en 1668, dans le Nouvau d’Hozier, volume 57 (source: Gallica)

Après 1668, date à laquelle la généalogie des BOUCHER, preuves à l’appui, est établie, c’est un certain Alexandre Paul Louis Nicolas BOUCHER, évoqué dans l’article précédent, qui va reprendre et continuer le travail généalogique. En effet, Alexandre, arrière arrière petit-fils de René BOUCHER D’AVANCON, va avoir besoin de produire des preuves de noblesse pour intégrer l’Ecole royale militaire de Rebais dans les années 1780. Ces preuves, on les retrouve dans le Nouveau d’Hozier, qui comporte les dossiers généalogiques d’Ambroise Louis Marie d’Hozier (1746-1846) qui contiennent les preuves nécessaires d’appartenance à la noblesse pour intégrer les institutions réservées aux porteurs du titre.

Avant d’évoquer la famille d’Alexandre BOUCHER, remontons quelque peu les générations de cette branche.

La généalogie établie par Caumartin à pour point de départ Jacques BOUCHER DE RICHEBOURG (1520-?) – celle-ci portant uniquement, pour rappel, sur les cent dernières années. Jacques, contrôleur des aides et taille en l’élection de Rethel au XVIe siècle, est le frère aîné de mon ancêtre Jean BOUCHER DE CREVECOEUR. Dans la seconde moitié du XVIe siècle, Jacques possède la seigneurie de Richebourg, située entre Rethel et Sorbon. Il épouse en 1559 Marguerite FERET, fille de Jean FERET, écuyer et Seigneur de Wiry, de Drouilly et de la Motte-à-Suissy. Le couple va avoir qu’un seul enfant: Jean Jacques BOUCHER, né autour de 1575. Après son mariage avec Marguerite SIMONNET, fille de Jean SIMONNET, écuyer, président de l’élection de Rethel, conseiller du Roy, possédant plusieurs terres dans le Rethélois, Jean Jacques acquiert en 1615 une partie de la seigneurie d’Avançon, au Sud Ouest de Rethel. Après son décès en 1620, ses deux fils Jacques (1601-1673) et René (1609-1658), mon ancêtre, se partagent les terres que possédait leur père. Jacques va reprendre la seigneurie de Richebourg tandis que René va prendre celle d’Avançon. De cette façon, deux branches distinctes se forment: la branche des BOUCHER DE RICHEBOURG et celle des BOUCHER D’AVANCON. Sur cette dernière, ce sont les preuves de noblesse recensées dans le Nouveau d’Hozier, suite à la demande d’Alexandre Paul Louis Nicolas BOUCHER, qui permettent d’attester la filiation qui sera donnée ci dessous.

Concernant la première branche, Jacques va avoir cinq enfants. Parmi eux, un décédé en bas âge, deux filles et deux garçons. Seul son fils aîné René se mariera. Il n’aura cependant pas de postérité, et avec lui la branche des BOUCHER DE RICHEBOURG s’éteindra.

Armoirie de la famille DE CLEVES

La branche des BOUCHER D’AVANCON va en revanche être plus pérenne. René, suite à son mariage en 1633 avec Jeanne DE CLEVES, sa cousine germaine, va avoir six enfants dont un seul fils qui va faire persister le nom – et le titre – durant plusieurs générations. Seigneur d’Avançon, de Loisy sur Marne et de Drouilly, René a seulement 11 ans lorsqu’il hérite des terres de son père. Mis sous tutelle et pris dans des conflits familiaux en lien avec cet héritage, il possède enfin les seigneuries en 1630 et il vend celle de Drouilly en 1631. Durant la guerre franco-espagnole qui commence dès 1635, Rethel et ses environs vont être envahis par l’armée espagnole dans les années 40-50. René va voir ses terres complètements pillées et se retrouver dans une situation financière très délicate tant les pertes seront importantes. Les temps seront tellement troublés lors de l’année 1649 que René ne pourra baptiser ses filles jumelles – cela sera chose faite 25 ans plus tard ! Le château d’Avançon aurait quant a lui été complètement pillé et dévasté aux mois d’avril et de mai 1649 par les espagnols.

Armoirie de la famille DE MICHELET

René BOUCHER D’AVANCON décède à l’âge de 48 ans en 1658. Son fils Pierre, alors âgé de 19 ans au moment du décès de son père, va être un soutien pour sa mère qui va se retrouver seule à élever cinq enfants. Après avoir servi le roi dans les arrière-bans – obligation de service militaire rendu au Roi – , Pierre épouse en 1681 à Villers-Franqueux (51) Claude DE MICHELET, fille de Jacques, seigneur de Bodonvilliers. Le couple va avoir sept enfants: le fils aîné Charles va hériter de la seigneurie d’Avançon au moment du décès de son père alors qu’il n’a que 12 ans. Officier au régiment du Languedoc, il épouse en 1713 Suzanne Catherine CLOQUET, qui décède prématurément en 1719 sans avoir pu lui donner d’enfant. Les mémoires d’Alexandre Paul Louis Nicolas BOUCHER relatent, sans une quasi certitude mais avec de fortes préemptions, que Charles aurait changé de nom pour se faire appeler CROISART et aurait épousé (ou pas d’ailleurs!) une femme qui n’était pas du même rang que lui. De leur union serait née une fille, dont les descendants rendront visite plus tard à Alexandre BOUCHER. Quoiqu’il en soit, Charles va transmettre les terres de la seigneurie d’Avançon à son frère cadet Paul. C’est de cette façon que le dernier enfant du couple BOUCHER/MICHELET va être seigneur d’Avançon et plus tard de Logny-les-Chaumont et de la Cour-Avril.

Comme nous l’avons vu c’est grâce aux mémoires d’Alexandre BOUCHER que nous pouvons être au plus près du parcours de la famille des BOUCHER D’AVANCON. Cela est d’autant plus vrai que plus nous avançons de générations en générations, plus nous nous rapprochons d’Alexandre et plus les sources (ses mémoires) sont fiables. Nous verrons donc la suite de cette branche demain dans la deuxième partie de cette article !

#ChallengeAZ : S comme Sieur

Dans ma généalogie, il y a une branche qui croise une branche noble de façon certaine (à l’inverse des PIERD’HOUY que l’ont a pu voir au début du challenge !). C’est part celle-ci que de nombreux rameaux de mon ascendance vont rejoidre noms prestigieux et connus. La découverte de cette branche, celle des BOUCHER, m’a permis de révéler tout un nouveau pan dans les recherches généalogiques, celui de nouvelles sources propres aux recherches dans les familles nobles: nobiliaires, cabinet des titres, pièces, armoiries…

(source: Gallica)

Comme cela s’observe souvent en généalogie et en particulier dans le Nord-Est de la France, j’ai accroché une branche noble suite au mariage d’une descendante noble à un roturier, seigneur de terres. En ce qui me concerne, il s’agit d’un roturier propriétaire de seigneuries autour de Château-Porcien dans les Ardennes. ll s’agit de Jean Baptiste DE VIE DE LA HORGNE, que nous avons évoqué hier: il s’est marié à Michelle BOUCHER DE CREVECOEUR, issue d’une lignée de nobles.

Les différents documents fournis par la famille BOUCHER au fil des siècles m’ont permis de mettre un nom sur mon sosa 123 696, ancêtre à la 17ème génération: Colin BOUCHER, né vers 1450. De là, différentes branches prennent racines et ajoutent au nom BOUCHER le nom des terres qu’elles possèdent. Ainsi on retrouve trois branches distinctes: les BOUCHER DE RICHEBOURG, les BOUCHER D’AVANCON et les BOUCHER DE CREVECOEUR, mes ancêtres.

Blason de la famille BOUCHER

Au delà des sources propres à la noblesse, il y a une autre qui concerne cette famille. Il s’agit des mémoires d’Alexandre Paul Louis Nicolas BOUCHER (1771-1846), dont plusieurs utilisateurs de généanet, plus ou moins éloignés de cette famille, ont partagé les extraits. Ces mémoires donnent encore plus consistance à la vie de cette famille et de ces membres. C’est également grâce à ce fameux Alexandre Paul Louis Nicolas BOUCHER qu’un procès verbal des preuves de noblesse a été établi en 1782, retraçant une parti du lignage noble avec une retranscription des actes en lien avec son ascendance.

Nous découvrirons donc lors des prochains articles quelque uns des parcours ainsi que quelques recherches au sujet de cette grande famille.

Colin BOUCHER
2. Guiot BOUCHER
3. Jean BOUCHER DE CREVECOEUR
4. Jacques BOUCHER
5. Michelle BOUCHER DE CREVECOEUR
6. Marguerite DE VIE DE LA HORGNE
7. Jean Baptiste LAIGNIER
8. Nicolas Jean Baptiste LAIGNIER
9. Marie Magdelaine LAIGNIER
10. Marie Sophie PIERD'HOUY DUSAUSSY
11. Marie Barthélémy Victor COUTIER
12. Ludovic COUTIER
13. Louis COUTIER
14. Anne Marie COUTIER
15. Ma grand-mère maternelle
16. maman
17. moi

#ChallengeAZ : R comme Recherches patronymiques

Parmi les rameaux de mon arbre originaires des Ardennes, il y a la mystérieuse famille des DE VIE DE LA HORGNE. Cette famille prend sa source avec la mère de mon ancêtre Jean Baptiste LAIGNIER (1682-1745), dont j’ai évoqué la famille lors d’une série d’articles la semaine dernière.

Les parents de Jean Baptiste sont donc Jean Baptiste LAIGNIER (1649-1714), marchand cordonnier et sergent royal, et Marguerite DE VIE DE LA HORGNE (1648-1726). C’est bien évidemment en ayant croisé ce nom un peu particulier que j’ai de suite entrepris des recherches. Celles-ci n’ont pas été très fructueuses: pour rappel, nous nous situons toujours sur la ville de Château-Porcien, dont les archives ont été détruites durant la Grande Guerre.

A.A. Chasteau portien. B.B. Fortifications sur la Contrescarpe. A.B. Fossé de 100 pieds de large et autant de profond, 1640 (source: Gallica)

J’ai tout de même pu dégoter quelques informations sur cette branche, et en particulier en trouvant les parents de Marguerite. Son père est Jean Baptiste DE VIE DE LA HORGNE, décédé le 17 juillet 1728 à La Romagne. Durant sa vie, Jean Baptiste a été capitaine au régiment de Condé. Il a été fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis. De plus, il est mentionné comme étant seigneur de Logny et Cour d’Avril, deux petits patelins des Ardennes situés non loin de La Romagne. Ces informations parcellaires sur le père de Marguerite, je les ai obtenue dans les nobiliaires concernant la famille BOUCHER que nous étudierons très prochainement. Je n’ai pas pu les retrouver par ailleurs et les vérifier: les registres paroissiaux de La Romagne à cette date n’existent plus et je n’ai pu trouver le parcours militaire de Jean Baptiste DE VIE DE LA HORGNE.

Mais alors à quoi peut bien renvoyer ce patronyme – à part à des images en lien avec la noblesse de l’ancien régime qu’on peut se représenter à la lecture de celui-ci?

Le patronyme DE VIE / DEVIE est très courant dans les Ardennes, et on le rencontre très souvent dans les registres paroissiaux. En revanche, les choses se précisent un peu en ce qui concerne la seconde partie du nom: LA HORGNE. La Horgne est un petit village des Ardennes, au sud de Charleville. Peut-être que cette famille est issue de ce petit village ou qu’elle en a possédé les terres?

La Horgne sur la carte de Cassini (source: Gallica)

Suite à ma visites aux archives départementales à Charleville en octobre 2023, j’ai collecté et parcouru de nombreux ouvrages d’histoire locale, dont la Monographie de La Horgne de Louis Malaizé. Malheureusement, rien ne m’a permis de faire le lien avec ma famille DE VIE DE LA HORGNE. Mes recherches patronymiques n’ont donc pas avancé.

Je ne sais pas si j’aurai un jour la réponse tant je ne trouve rien au sujet de cette famille. A part Marguerite et son père, je n’ai pu identifier aucun autre membre de la famille, probablement disparus avec les registres.

Sources:
- Monographie de la Horgne, Louise Malaize, 1911
-300 château et maisons fortes des Ardennes… d’hier et d’aujourd’hui, André MEUNIER, 2000

#ChallengeAZ : Q comme Que sont-ils devenus?

La semaine dernière, je vous ai présenté plusieurs membres de la famille LAIGNIER, cette famille appartenant à la bourgeoisie ardennaise du XVIIIe siècle. Ce n’est pas la révolution qui va mettre un terme à l’activité de cette grande famille, non, puisqu’ils vont continuer à occuper des fonctions notables au XIXe siècle. Mais alors que sont-ils devenus?

Comme vous l’avez vu à l’occasion de mes articles sur les huit ancêtres de mon arrière grand-mère, lorsque je cherche les descendants d’une famille, je m’attache beaucoup au nom de famille et à sa pérennité dans le temps et au fil des siècles. Cependant, je ferai un pas de côté aujourd’hui dans cet article pour rendre hommage aux descendants de cette famille qui n’en portent plus le nom mais qui ont fait des recherches formidables qu’ils ont partagé librement.

Mais avant ça, attardons nous sur la transmission du nom. Si on part du couple formé par Jean Baptiste LAIGNIER (1682-1745) et Antoinette MAILLART (1685-1742), mes ancêtres à la onzième générations, on peut voir qu’ils ont eu une descendance importante, grâce à leurs quatre fils.

Le premier, Jean Baptiste LAIGNIER (1706-1780), troisième du nom, a eu, à ma connaissance, pas moins de seize petits enfants. En avançant de générations en générations, on retrouve des LAIGNIER descendants de Jean Baptiste au début du XXe siècle. La plupart résident à Reims et à Soissons. Un rameau est quant à lui parti pour l’Argentine à la fin du XIXe siècle et y a fait souche. Il est fort probable que cette branche, partie à des milliers de kilomètres de l’Est de la France soit la dernière représentante des LAIGNIER.

Jacques LAIGNIER (1707-1762), laboureur de Château-Porcien, épouse en 1740 Marthe Marie BESANCON, à laquelle il va donner trois enfants dont un fils qui va perpétrer le nom et qui lui même va avoir six enfants. Cependant, ces six enfants, nés à Château-Porcien à la fin du XVIIIe siècle, semblent s’être complètement évaporés – ou alors ils tous décédés en bas âge dans une commune donc les archives ont été détruites.

Eglise de Château-Porcien, visite en octobre 2023

Nous avons ensuite Jean Philippe LAIGNIER (1711-1783), notre receveur des aides parti vivre en Normandie. Malgré la naissance de deux enfants, il n’aura pas de descendance.

Enfin, il y a Nicolas Jean Baptiste LAIGNIER (1714-1793), mon ancêtre. Si je lui connais deux enfants de sexe masculin, il n’a pas eu de descendants pour perpétrer le nom.

C’est donc du côté de Jean Baptiste LAIGNIER, l’aîné de la fratrie qu’il y a le plus de descendants. C’est aussi de ce côté que l’on retrouve les descendants qui ont permis de faire perdurer la mémoire de cette famille. En effet, c’est en partie à Valentine LAIGNIER (1857-1945), arrière petite fille de notre révolutionnaire Jean Philippe LAIGNIER (1750-1796), que l’on doit toutes les recherches. En effet, celle-ci est partie sur la trace de ses ancêtres en épluchant les registres de Château-Porcien avant la guerre – et donc avant leur destruction ! Par ses recherches, elle a sauvé la mémoire familiale. C’est ensuite des cousins de Valentine, qui se sont associé à ce travail généalogique et qui ont poursuivi les recherches et constitué un fond d’archives familiales.

Aujourd’hui, plusieurs cousins plus ou moins éloignés, tous descendants de Jean Baptiste LAIGNIER (1706-1780) perpétuent la mémoire de cette famille ardennaise et partagent avec plaisir le fruit des recherchent de ceux passés avant eux.

Enfin, je profite de ce message pour remercier les nombreux descendants de la famille LAIGNIER avec lesquels j’ai échangé, et en particulier Jacques qui m’a donné de nombreuses informations très précieuses !

Demain nous aborderons une nouvelle famille !