#ChallengeAZ : H comme l’Histoire à une fin

Le patronyme PIERD’HOUY semble avoir complètement disparu aujourd’hui. En effet, au XVIIIe siècle, malgré le nombre important d’enfants à la suite de chaque mariage, nombreux sont les descendants PIERD’HOUY – hommes – qui sont morts sans postérité. Cependant, à part la branche partie vivre en Italie, il y en a une autre qui va traverser le XIXe siècle et s’éteindre à la fin de celui-ci. Il s’agit de la branche PIERD’HOUY de Paris. Faisons le point.

Reprenons avec mon ancêtre Charles PIERD’HOUY (1676-1747), qui est, comme nous l’avons vu, à ce jour le seul garçon connu du couple formé par Jean PERD’HOUY (v. 1643-1686) et de Marie LOUIS (v 1646->1710).

Signature de Jean PIERD’HOUY en 1666

Charles a eu pas moins de 11 enfants avec sa femme Marie Catherine DELAMOTTE. Cependant, nombreux sont, semble-t-il, décédés avant d’avoir atteint l’âge adulte, et d’autres n’ont pas eu de postérité malgré quelques mariages. Seuls deux des enfants de Charles et Marie Catherine vont avoir une descendance: mon ancêtre Jean Nicolas et son frère David Rémy.

Parmi les 8 enfants identifiés que va avoir mon ancêtre Jean Nicolas, aucun d’eux ne va donner naissance à des garçons et donc transmettre et faire perdurer le nom PIERD’HOUY. En revanche, cela va être le cas du côté de David Rémy, son frère cadet.

Signature de David Rémy PIERD’HOUY en 1776

David Rémy est né en 1727 à Charleville-Mézière. Contrairement à ses frères, il ne va pas occuper de charges pour la ville ou pour le Roi: il est marchand quand il épouse Marie Jeanne MOIGNON en 1754. Le couple bat a un joli record puisqu’il va avoir pas moins de 16 enfants que j’ai identifié.

David Rémy et sa femme vont vivre à Châlons-sur-Marne, à une cinquantaine de kilomètres au Sud de Charleville. Ils vont marier trois de leurs enfants, et c’est là que le jeu de piste commence: aucun ne va se marier à Châlons !

Châlons-sur-Marne au XVIIIe siècle (source: CMBV)

Si on étudie les choses chronologiquement, le premier mariage est celui du fils aîné de la famille, Charles Artus (1755-1788), à Orvault près de Nantes, en 1783, avec Françoise BESSON DE BEAULIEU. Viennent ensuite la même année en 1793, les mariages de Victor Memmie (1758-1828), troisième enfant et fils du couple, avec Marguerite WILLESME, à Épernay, puis d’Euphrasie (1763-1854) qui épouse François RENARD à Paris. Enfin, un dernier mariage a lieu mais nous ne nous attarderons pas dessus: il a s’agit de celui de Ferdinand Léopold (1767-1845) en 1817, qui a fait souche à Milan et que l’on a déjà vu au début de ce Challenge.

Concernant Victor Memmie et Charles Artus, ce sont très probablement leurs fonctions qui les ont emmenés à vivre loin du domicile familiale et à se marier dans d’autres contrées (bien qu’Epernay ne soit pas si éloigné de Châlons-sur-Marne). En effet, Victor Memmie est au moment de son mariage employé des aides au bureau des aides, tandis que Charles Artus est contrôleur général du domaine du bois du Roi dans la province de Bretagne.

Gravure d’Epernay du XVIIe siècle (source: Médiathèque d’Epernay)

Rue de Caumartin par Charles Marville vers 1866

Si la plupart des membres de la famille PIERDHOUY se retrouve éparpillée, ils semblent cependant se retrouver sur la capitale. En effet, après le mariage d’Euphrasie, on va retrouver plusieurs enfants et petits enfants PIERD’HOUY à Paris. Tout d’abord, et avant même le mariage, on retrouve Euphrasie en 1789, habitant au 17 rue de Caumartin, où elle tient un magasin. Elle est marchande lingère et sa boutique s’appelle « A la Providence »: elle y vend des toiles, des mousselines, de la dentelle, des étoffes etc. Après son mariage du 29 novembre 1793 (mariage qui a lieu en présence de ses frères Ferdinand Léopold et Alexandre Cerbonnet, ainsi que son père, tous vivants en dehors de Paris mais ayant fait le déplacement pour l’occasion, seule sa sœur Eléonore Sophie également présente vit déjà dans la capitale), on la retrouve vivant au début des années 1810 rue de Caumartin, au numéro 12. Son mari, François RENARD, est libraire. Il décède à cette adresse le 22 août 1818 à l’âge de 63 ans. Le couple n’a pas eu d’enfants. Cependant, ils ne vivaient pas seuls: en effet, on retrouve David Rémy, père d’Euphrasie, vivant au domicile des époux RENARD en 1813, ainsi que Marie Rosalie PIERDHOUY (1796-1883), fille de Victor Memmie. Cette dernière est née à Metz en 1796, et a rejoins sa tante à Paris rue Caumartin à une date que j’ignore. Elle épouse en 1813 Charles Marie RIDAN, un papetier qu’elle a très probablement rencontré par l’intermédiaire de son oncle François RENARD, notre libraire. Son père Victor Memmie vivra également un temps sur Paris.

Auguste Léopold PIERD’HOUY (1776-1804), frère cadet d’Euphrasie, militaire – sans que je n’ai plus de renseignements sur sa carrière – décède en 1804 à Châlons-sur-Marne. Sur son acte de naissance, il est indiqué qu’il vivait à Paris. Je ne l’ai pas retrouvé dans les tables de successions et absences parisienne et n’ai donc pas identifié son domicile, mais peut-être vivait-il lui aussi chez sa soeur?

Enfin, on retrouve également à cette même adresse Jérôme Maurice PIERD’HOUY (1787-1872), fils de Charles Artus – notre PIERDHOUY parti vivre à Nantes – et neveu d’Euphrasie. Jérôme Maurice va lui aussi vivre quelques temps chez sa tante avant de se marier en 1828. Débitant de tabac, il ira s’installer au 8 Quai de l’Ecole, quai aujourd’hui disparu qui se trouvait dans le prolongement ouest du Quai de la Mégisserie.

Quai de l’Ecole et de la Mégisserie par Charles Marville, milieu du XIXe siècle

Résumons donc où en sont nos PIERD’HOUY dans cette première partie du XIXe siècle:

Enfants et petits enfants de David Rémy PIERD’HOUY. Les individus surlignés en jaune sont ceux étant partis un temps – ou toute leur vie – sur Paris

Au total, sur l’ensemble du XIXe siècle, nous avons huit membres de la famille PIERD’HOUY, appartenant à deux générations différentes, vivants sur la capitale:

Descendants de David Rémy ayant vécu à Paris

Signature d’Euphrasie PIERD’HOUY en 1793

Euphrasie, probablement la première arrivée sur la capitale, est marchande lingère à Paris dès 1789 où elle vit rue de Caumartin. Sa sœur cadette Eléonore Sophie vit à cette même adresse en 1793 – l’a t-elle rejoint entre 1789 et 1793 ou sont-elles venues ensemble? Elle épouse de François Silvain RENARD, libraire et parisien, en 1793: tous deux s’unissent selon les règles de la coutume de Paris. On la retrouve veuve à l’âge de 55 ans en 1818. Elle va par la suite poursuivre l’activité de son mari, libraire, et éditer plusieurs ouvrages.

Les enfans du vieux château, ouvrage destiné à l’instruction et à l’amusement de la jeunesse, 1826, édité chez Mme Veuve Renard, libraire, rue Caumartin n°12 (source: eBay)

Elle décède à Châlons sur Marne le 13 mai 1854, cette ville dans laquelle elle est née et où elle vit au moment de son décès rue Saint-Antoine chez sa nièce Emilie (1793-1858), à l’âge de 90 ans.

Victor Memmie PIERD’HOUY va vivre quant à lui un temps sur la capitale au 16 rue de l’Université. Receveur des contributions indirectes, il va se déplacer dans de nombreuses villes et finir la fin de sa vie dans la Marne.

Signature de Victor Memmie PIERD’HOUY en 1793

Signature d’Eleonore Sophie PIERD’HOUY en 1793

Eléonore Sophie PIERD’HOUY, sœur cadette d’Euphrasie. Je n’ai aucun élément sur sa vie, je sais seulement qu’elle est décédée célibataire rue Bertin Poirée – à deux pas du Quai des Ecoles – en 1836 à l’âge de 64 ans et qu’elle est enterrée au cimetière de Montmartre. Elle vivait dès 1793 à Paris et était présente au mariage de sa sœur Euphrasie avec laquelle elle semble vivre à cette période.

– De la même façon que son frère Victor Memmie, Ferdinand Léopold, notre PIERD’HOUY parti faire souche en Italie, va dans un premier temps faire un passage par Paris où il va vivre en 1817 rue Neuve des Mathurins.

Signature de Ferdinand Léopold PIERD’HOUY en 1793

Auguste PIERD’HOUY est le dernier de la fratrie que j’ai identifié grâce à son acte de décès à Châlons en 1804. Celui-ci mentionne qu’Auguste, ancien militaire, est domicilié à Paris – sans plus d’informations. Je suis toujours à la recherche d’éléments sur son parcours.

Acte de décès d’Auguste PIERD’HOUY du 7 novembre 1804 à Châlons-sur-Marne (source: AD51)

Jérome Maurice est le neveu d’Euphrasie, fils de Charles Artus. Né à Nantes le 13 novembre 1787, on le retrouve à Paris où il se marie en 1828 – il vit à ce moment là chez sa tante -, paroisse Saint-Roch, avec Marie Claudine LEFEBVRE DE SAINT-MARTIN. Comme nous l’avons vu un peu plus haut, Jérôme va vivre un temps au n°8 Quai de l’Ecole au dessus de son débit de tabac et de boissons où il vend des liqueurs. Après le décès de sa femme dans les années 1860, il va partir pour le 13ème arrondissement avec sa fille et s’installer Avenue de Choisy, au 161, où il décède en 1872. La photo de Charles Marville du Quai de l’Ecole met en évidence un débit de tabac situé au n°8. La photo a été prise au milieu du XIXe siècle, et il est possible que ce soit au moment où Jérôme Maurice y travaillait encore.

Zoom sur le débit de tabac du 8 Quai de l’Ecole photographié par Marville au milieu du XIXe siècle

Marie Rosalie est la deuxième fille de Victor Memmie. Née en 1796 à Metz, elle épouse Charles Marie RIDAN, papetier, à Paris en 1813 alors qu’elle vit chez sa tante Euphrasie rue de Caumartin. Le couple aura un fils, Silvain Joseph RIDAN, libraire, sans postérité. Marie Rosalie décède en 1883 au 42 rue de Bruxelles dans le 9ème arrondissement.

Signature de Marie Rosalie PIERD’HOUY en 1836

Euphrasie PIERDHOUY, fille unique de Jérôme Maurice, est née en 1829 à Paris. Mariée deux fois, elle décède dans le 13e arrondissement de la capitale en 1898, sans postérité. C’est probablement la dernière des PIERDHOUY connue à vivre sur Paris.

Les PIERD’HOUY partis vivre à Paris sont très certainement les derniers porteurs du nom. Celui-ci va s’éteindre à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, il semble que ce nom ait complètement disparu et que plus personne ne le porte en France.

2 réflexions sur “#ChallengeAZ : H comme l’Histoire à une fin

  1. Christelle 9 novembre 2023 / 19 h 08 min

    C’est incroyable ça, ils en ont pourtant eu des enfants ! Comme quoi quand ça veut pas ça veut pas… C’est triste de voir un patronyme s’éteindre ainsi

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