#ChallengeAZ : O comme On a un médecin

Parmi les fils de Jean Baptiste LAIGNIER qui ont laissé leur trace dans l’histoire locale, il y a Marie Valentin dont nous allons dresser le portrait aujourd’hui.

Signature de Marie Valentin LAIGNIER en 1780

Marie Valentin est né un 17 décembre 1749 à Château-Porcien. Il est le dixième enfant que met au monde sa mère Catherine MITTEAU, âgée de 39 ans au moment de sa naissance. La mortalité infantile a cependant frappé durement la famille LAIGNIER, et lorsque Marie Valentin nait, ils ne sont plus que cinq enfants encore en vie au sein du foyer.

Reims au XVIIIe siècle. L’université a été surlignée en jaune (source: Gallica)

Marie Valentin, comme ses frères, montre des facilités pour les apprentissages. Il intègre la faculté de médecine de Reims à la fin des années 1760. Cette faculté, fondée au milieu du XVIIe siècle, va avoir un certain rayonnement dans le royaume de France. Au XVIIIe siècle, la faculté de médecine a un fonctionnement bien différent de celle que l’on connait aujourd’hui. On y écoute des lectures et on commente les grands maîtres tel qu’Hippocrate. Des démonstrations anatomiques ont également lieu: celles-ci auront davantage d’importance dès 1785 puisque les futurs docteurs se verront passer un examen d’anatomie. Tous les cours se font en latin et une quinzaine de docteurs sont reçus chaque année.

Sceau de la faculté de médecine de Reims (source: BIU Descartes)

Marie Valentin apprend la médecine à un moment où elle connait un véritable tournant. Alors que jusqu’à la fin du XVIIe siècle la médecine repose essentiellement sur les théories élaborées durant la Grèce Antique, elle tend à rompre avec cette tradition grâce à l’avancée des découvertes en anatomie. En effet, on s’éloigne peu à peu de la théorie humorale, qui consiste à penser que la santé repose sur l’équilibre de quatre humeurs liquides (sang, lymphe, bile noire et bile jaune). Avec ces théories, les médecins de la fin du XVIIe siècle pratiquent lavements et saignées de façon à purger le corps de mauvais liquides. Avec de meilleures connaissances de l’anatomie humaine, les docteurs parviennent peu à peu à localiser les affections dans le corps humain. La médecine progresse et s’ouvre à de nouvelles connaissances.

Notre jeune futur médecin soutient sa thèse le 17 juin 1774 à l’âge de 24 ans. Celle ci s’intitule An a concursu molecularum organicarum utriusque sexus semini innatantium, conceptio? et est présidée par Robert FILLION, alors docteur régent de la faculté. Il soutient une seconde thèse, intitulée An recens natis necnon sanitati puerpearum venustatique conferat lactatio?, au sujet de l’hygiène de l’enfant: il y affirme que l’allaitement, en plus de donner la bonne santé au nourrisson, contribue également à la bonne santé de sa mère et à sa beauté. Son diplôme de docteur en médecine lui est remis le 4 décembre 1775 et Marie Valentin est reçu au Grand Ordinaire. Ce diplôme, qui requiert quatre années d’études et qui est l’un des trois diplômes délivrés par la faculté de médecine de Reims est le plus difficile. Il lui offre le privilège d’exercer à Reims. Enfin, ce diplôme va lui donner la qualité de Docteur-Régent et de faire de lui un professeur de la faculté.

L’homme à la seringue, Rizi, milieu du XVIIe (source: Musée du Louvre)

Marie Valentin va définitivement quitter sa famille et s’installer à Reims rue de la Hure. Sa soeur cadette de trois ans mois que lui, Louise Marie Françoise, va le rejoindre et vivre à ses côtés. Marie Valentin va se consacrer à sa vie de docteur: il ne va avoir ni femme ni enfant. En effet, en plus de son exercice de la médecine, sa qualité de Docteur-Régent et les fonctions qu’il va occuper à la faculté de médecine vont lui prendre une grande partie de son temps. Il va par exemple présider plusieurs thèses entre 1778 et 1783.

Par ailleurs, en tant que docteur régent de l’Université, Marie Valentin va être exempté de la taille ainsi que du logement des gens de guerre. De plus, avec ses confrères docteurs régents, il va être sollicité par la ville de Reims et conseiller sur les questions d’hygiène de la ville.

Louis Jérôme RAUSSIN, docteur régent et ami de Marie Valentin LAIGNIER (source: BNF)

La vie de Marie Valentin LAIGNIER sera riche mais courte: il décède précocement, à l’âge de 32 ans, le 20 novembre 1782. Son confrère et ami, le docteur régent Louis Raussin, dira au sujet de sa mort: « Ce pauvre garçon, malade depuis longtemps, avait des abcès fistuleux à la marge de l’anus. Mr Museux l’a opéré. Depuis la guérison du derrière, la poitrine a été de plus en plus mal, il est mort phtisique par je crois métastase. Il est au cimetière de St Hilaire contre les maisons au pied d »une croix vis-à-vis le rempart. Ma mère est à l’opposé. »

Sans postérité, il fera de sa soeur Louise Marie Françoise sa légataire universelle par son testament déposé 14 jours avant sa mort.

Quant à la faculté de médecine, elle compte huit docteurs-régents à la veille de la Révolution. En 1789, l’université est supprimée par décret de la Convention et les privilèges de ses docteurs sont abolis. La faculté survivra à nouveau quelques temps avec l’ouverture d’une école de médecine en 1808: sa fermeture se annoncée sept ans plus tard. L’université ouvrira ses portes à nouveau près d’un demi siècle plus tard, en 1957.

Pour aller plus loin:
- La fin de la Faculté de médecine de Reims, Octave Guelliot
- Les thèses de l'ancienne Faculté de médecine de Reims, Octave Guelliot

3 réflexions sur “#ChallengeAZ : O comme On a un médecin

  1. Christelle 17 novembre 2023 / 19 h 38 min

    Les détails de sa maladie ne sont pas très ragoûtants… Pauvre garçon !

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