#ChallengeAZ: G comme Georges

En plus de son mari Louis, Isabelle voit son petit frère Georges partir lui aussi à la guerre…

1914.
Georges Paux a 28 ans. Il vit avec sa mère, sa soeur, son beau-frère et leurs enfants dans la maison familiale rue des Duriez à Mouvaux.
Depuis 1908, il travaille au sein de la fabrique de la Doulle.

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Georges Paux et sa mère Zulma. Photo non datée – Archives Personnelles

Il est dispensé de service militaire comme le conçoit l’article 21 : fils unique d’une femme qui est veuve. Cependant, l’armée le rattrape lors de la mobilisation générale du 1eraoût 1914.

Il est alors affecté au 145e Régiment d’Infanterie, où il va mener avec les autres soldats le siège de Maubeuge. Tout le mois d’août est consacré au génie : les soldats exécutent du matin au soir les travaux d’artillerie.

Mais le calme est de courte durée : les combats et les bombardements retentissent dès la 26 août, et les premiers prisonniers sont embarqués par l’ennemi. Les troupes du 145et du 345e R.I multiplient les déplacements afin de limiter les pertes. Le 1erseptembre, les tirs ennemis s’intensifient et le régiment perd plus de 400 hommes en quelques heures. Les bombardements ont lieu nuits et jours, ne laissant aucun répit aux soldats du 145eR.I qui se trouvent en première ligne. Les attaques allemandes vont être de plus en plus violentes et les pertes de plus en plus lourdes jusqu’au 7 septembre, fin du siège de Maubeuge. Ce jour-là, les Allemands, dont les tirs sont incessants, débordent le régiment, qui n’a plus le choix que de se rendre. La ville de Maubeuge est alors aux mains de l’ennemi. Le régiment tout entier part en captivité : plus de 30 000 soldats sont envoyés dans les camps. Georges est envoyé dans un premier temps au camp de Münster, situé en Allemagne, dans la région de Westphalie, à quelques kilomètres des pays bas. Nous sommes au début de la guerre et les captifs se retrouvent dans un camp où la construction des baraquements n’est pas achevée. Aussi ils dorment à même le sol, creusant dans la terre pour se mettre le plus possible à l’abri. La mortalité des prisonniers est à ce moment-là très élevée dans le camp.

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Camp de Munster, Vue sur le Block 4 – Carte postale (source: Histoire de Poilus)

La vie dans les camps est rude, le travail est acharné, la propagande féroce. Aussi les soldats français captifs en Allemagne sont régulièrement évacués vers d’autres camps. C’est pourquoi Georges est évacué vers le camp de Dülmen, situé lui aussi en Westphalie, au courant de l’année 1916.

A Mouvaux, c’est seulement fin décembre 1914 qu’Isabelle saura où se trouve son frère, qui apparait sur la liste des prisonniers vendue 5 centimes aux habitants. A partir de là, elle va tout faire pour lui envoyer des colis contenant argent, vivre et vêtements:

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Georges Paux au camp de Münster. Carte envoyée le 6 mars 1915 – Archives personnelles

« Aujourd’hui dimanche 31 janvier 1915 rien de neuf à signaler. Nous avons adressé un mandat de 32 marcks à Georges soit 40 frs par la poste allemande de Mouvaux. Ils ont accordé la permission à l’allemande des Marsoix Izart qui est allée à Roubaix le demander tout exprès. J’ai eu un talon du mandat carte, et j’ai vu que tout a été fait en règle, ils certifient que Georges l’aura dans huit jours. Demain nous enverrons un chandail, des chaussettes, un caleçon, son cache-nez etc par la même voie. On ne peut dépasser 5kos ou il faut faire 2 paquets. C’est sans frais, mais l’aura-t-il ? »

La famille reçoit des nouvelles de Georges de temps en temps, qui leur envoie des cartes. Il semble cependant que, suite à son évacuation du camp de Münster sur celui de Dülmen, la famille perd sa traces. C’est pourquoi elle envoie une demande au Comité International de la Croix Rouge.

 

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Archives du CICR
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Archives du CICR

Georges Paux est libéré et rapatrié à Mouvaux le 12 décembre 1918. Il épousera douze jours plus tard Reine Monier, la nurse de ses nièces, avec laquelle il s’installera à Roubaix, où il ouvrira sa propre entreprise de couleur.

Il décèdera à l’âge de 77 ans, le 15 novembre 1959, dans sa ville natale, Mouvaux.

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Reine Monier et Georges Paux, vers 1920 – Archives personnelles